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Publié le 28 janvier 2017 à 08h59 | Mis à jour à 11h35
Publié le 28 janvier 2017 à 08h59 | Mis à jour à 11h35
À Téhéran, les médias ont rapporté plusieurs cas d'Iraniens qui n'ont pas pu embarquer pour les États-Unis. PHOTO VAHID SALEMI, ARCHIVES AP |
Agence France-Presse
LE CAIRE, TÉHÉRAN et NEW YORK
LE CAIRE, TÉHÉRAN et NEW YORK
Des Iraniens et Irakiens ont été empêchés samedi de prendre des vols pour les États-Unis quelques heures après la décision du président américain Donald Trump d'interdire l'arrivée de ressortissants de sept pays musulmans, d'où s'élèvent inquiétudes et critiques.
L'Iran, dont plusieurs ressortissants n'ont pu s'envoler pour les États-Unis, a annoncé en soirée sa décision d'appliquer une mesure de réciprocité après la décision «insultante» des États-Unis.
La Maison-Blanche a annoncé vendredi avoir interdit pendant trois mois l'arrivée de ressortissants de sept pays musulmans: Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.
Cette mesure, visant à lutter contre les «terroristes islamistes radicaux», a suscité immédiatement l'inquiétude de l'ONU qui a demandé aux États-Unis de conserver sa tradition d'accueil.
À Téhéran, les médias iraniens ont rapporté plusieurs cas d'Iraniens qui n'ont pas pu embarquer pour les États-Unis.
Des responsables de deux agences de voyage ont affirmé avoir reçu des instructions de la part des compagnies Emirates, Turkish Airlines et Etihad Airways, de ne plus vendre de billet à des Iraniens ayant un visa américain car ces dernières refusent de les embarquer à bord.
Impact sur étudiants
Une Iranienne, étudiante en gestion en Californie, devait retourner le 4 février aux États-Unis. «J'avais un billet sur Turkish (Airlines) le 4 février prochain, mais il a été annulé», a-t-elle déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
L'Iran et les États-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis plus de 37 ans, mais environ un million d'Iraniens vivent aux États-Unis, selon les estimations officielles iraniennes. De nombreux Iraniens se rendent également chaque année aux États-Unis pour voir leur famille.
Au Caire, un couple irakien et leurs deux enfants qui avaient réservé des billets sur un vol de la compagnie EgyptAir ont été informés qu'ils ne pouvaient pas embarquer en raison des nouvelles règles, ont indiqué à l'AFP ces responsables.
Selon eux, cette famille disposait cependant de visas pour les États-Unis.
Plusieurs associations de défense des droits civiques américaines ont attaqué samedi en justice le décret, après l'arrestation notamment de deux Irakiens dans un aéroport de New York.
Mohamed Eljareh, un chercheur libyen à l'Atlantic Council, craint que ce texte n'affecte notamment des gens qui se rendent régulièrement aux États-Unis pour leurs études ou travail.
«Il est probable que cette mesure ait un impact sur les étudiants libyens aux États-Unis et leurs familles, ou des universitaires et chercheurs avec des liens avec les institutions américaines», a-t-il dit à l'AFP.
Trump «n'a pas le droit»
La compagnie Qatar Airways a indiqué que les citoyens des sept pays concernés par la décision américaine pourront toujours embarquer vers les États-Unis s'ils y possèdent un permis de résidence permanent.
Le décret ne concerne pas les ressortissants détenteurs de visas diplomatiques et officiels et qui travaillent pour des institutions internationales.
Selon ce texte, les réfugiés syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, et dont 18 000 ont été acceptés aux États-Unis depuis 2011, seront interdits d'entrée jusqu'à nouvel ordre.
Certains d'entre eux, réfugiés au Liban, dénonçaient une mesure injuste.
Trump «n'a pas le droit de prendre une telle décision», souligne Ibtissam Youssef al-Faraj, une mère de famille de 41 ans, dans un camp informel dans la Bekaa (est).
«Nous sommes des réfugiés, où est son problème si on entre légalement aux États-Unis? Qu'est-ce que ça lui fait?» dit cette femme originaire de la Ghouta orientale, bastion rebelle près de Damas.
Au Soudan, autre pays concerné par le décret, le ministère des Affaires étrangères a exprimé son «regret» d'une telle décision, déplorant qu'elle intervienne notamment après la levée «historique» de sanctions économiques américaines qui avaient été prises .
Le 13 janvier, l'ancien président américain Barack Obama avait annoncé la levée de certaines sanctions contre le Soudan, relevant des avancées «positives» ces six derniers mois de la part de Khartoum, qui avait été accusé par le passé par les États-Unis de soutenir des groupes islamistes armés.
Une famille irakienne retenue au Caire
Une famille irakienne a par ailleurs été empêchée d'embarquer à bord d'un vol vers New York samedi.
Le couple irakien et leurs deux enfants qui avaient réservé des billets sur un vol de la compagnie EgyptAir vers New York à partir du Caire ont été informés qu'ils ne pouvaient pas embarquer en raison des nouvelles règles en vigueur aux États-Unis, ont indiqué à l'AFP ces responsables.
Selon eux, cette famille disposait cependant de visas pour les États-Unis.
La Maison-Blanche a annoncé vendredi avoir interdit pendant trois mois l'arrivée de ressortissants de sept pays musulmans: Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Exception sera faite pour les ressortissants détenteurs de visas diplomatiques et officiels et qui travaillent pour des institutions internationales.
Le président Donald Trump justifie cette mesure controversée en affirmant qu'elle vise à lutter contre les «terroristes islamistes radicaux».
La mesure a été très critiquée par les démocrates ainsi que par des organisations de défense des libertés civiles et des droits de l'Homme.
Selon un responsable d'EgyptAir, la compagnie n'a pas été officiellement informée des nouvelles régulations et son site ne donnait aucune précision sur les nouvelles règles en vigueur pour les voyages aux États-Unis.
Des associations de défense des droits attaquent en justice
Plusieurs associations de défense des droits civiques américaines, dont la puissante ACLU, ont attaqué samedi en justice le décret de Donald Trump interdisant l'accès aux États-Unis de ressortissants de plusieurs pays musulmans.
La plainte contre le président Trump et le ministère de la Sécurité intérieure - dont l'AFP a obtenu copie - a été déposée samedi matin devant un tribunal fédéral de New York par l'American Civil Liberties Union et d'autres associations de défense des droits et des immigrés, qui exigent notamment la libération de deux citoyens irakiens interpellés vendredi soir à l'aéroport JF Kennedy sur la base du décret qui venait à peine d'être promulgué.
Selon le texte de la plainte, les deux Irakiens interpellés à l'aéroport de JFK sont détenteurs de visas leur permettant d'entrer légalement aux États-Unis.
L'un d'eux a travaillé pour des entreprises américaines et pour le consultat des États-Unis à Erbil. L'autre devait rejoindre sa femme et son enfant arrivés légalement aux États-Unis avec le statut de réfugiés.
Les associations demandent à ce qu'ils soient relâchés et qu'ils puissent au moins exercer leur droit à déposer une demande d'asile aux États-Unis pour éviter d'être renvoyés en Irak, où ils ont de bonnes raisons de craindre pour leur sécurité.
Elles demandent plus globalement à ce que cette plainte soit considérée comme une action en nom collectif pour toutes les personnes dans le même cas qui pourraient se voir bloquées dans les aéroports.
Washington va aussi arrêter pendant quatre mois le programme fédéral d'admission et de réinstallation de réfugiés de pays en guerre, toutes nationalités confondues. Enfin, les réfugiés syriens sont interdits d'entrée jusqu'à nouvel ordre.
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