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samedi, octobre 08, 2016

PARTI QUÉBÉCOIS Premier défi: refaire l’unité du parti

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8 octobre 2016 |Marco Fortier | Québec
Alexandre Cloutier a récolté 31,7 % des votes et terminé deuxième aux deux tours de scrutin. C’est entouré de sa famille qu’il a assisté à la soirée, à Lévis. Dans son discours, Jean-François Lisée a répété à M. Cloutier que son offre de le choisir comme ministre de l’Éducation tient toujours.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Alexandre Cloutier a récolté 31,7 % des votes et terminé deuxième aux deux tours de scrutin. C’est entouré de sa famille qu’il a assisté à la soirée, à Lévis. Dans son discours, Jean-François Lisée a répété à M. Cloutier que son offre de le choisir comme ministre de l’Éducation tient toujours.
Le nouveau chef du Parti québécois (PQ) hérite d’une formation divisée, en décroissance, qui se cherche une mission devant un électorat peu empressé de reprendre la marche vers l’indépendance.
 
Le parti doit d’abord refaire son unité après une course à la chefferie où les attaques entre aspirants chefs ont parfois été très dures, estiment des analystes. Plus important encore, la formation doit démontrer sa pertinence au moment où l’éventualité d’un référendum semble s’éloigner, souligne Jean-Herman Guay, professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.
 
« Le gros défi, c’est celui-là : comment maintenir la souveraineté dans les coeurs tout en acceptant qu’elle ne soit pas au premier plan dans le discours ? » dit-il.
 
« La probable mise de côté de la question référendaire pour un certain temps provoque un questionnement : par quoi remplacer ça ? Comment gérer le vide ? Le Parti québécois doit démontrer qu’il a la capacité d’emprunter d’autres voies », ajoute Jean-Herman Guay.
 
Le politologue fait valoir que le PQ a perdu le « ciment » qui unissait les militants indépendantistes de gauche comme de droite dans les années 1960 et 1970. Ce ciment, c’est l’espèce de sentiment d’injustice collective qui justifiait la quête du pays.
 
Depuis 10 ans, les nationalistes se sont éparpillés à Québec solidaire, à la Coalition avenir Québec et à Option nationale, rappelle Jean-Herman Guay. L’insistance de Martine Ouellet et de ses partisans à continuer de militer d’abord et avant tout pour l’indépendance crée une« force centrifuge » supplémentaire sur le PQ, estime-t-il.
 
Élargir la base
 
La députée de Vachon est « déconnectée » et fait une « mauvaise lecture de la situation », renchérit André Lamoureux, chargé de cours au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). C’est le poing levé de Pierre Karl Péladeau qui a fait dérailler la campagne du PQ en 2014, et non la charte de la laïcité, selon lui. On connaît la suite : le parti a remporté 25,4 % des voix, son pire résultat en plus de quatre décennies.
 
Le politologue est convaincu que l’insistance sur un référendum rapide pour l’indépendance éloignerait les électeurs. « Or, pour faire la souveraineté, le Parti québécois doit redevenir un parti de masse. Sinon, il n’y parviendra pas », insiste André Lamoureux, qui milite dans le Rassemblement pour la laïcité.
 
Le parti doit absolument reconquérir les jeunes, le mouvement syndical, les enseignants et élargir ses appuis chez les nouveaux arrivants, à défaut de quoi il joue sa survie, selon M. Lamoureux. Il rappelle que le PQ avait 300 000 membres au début des années 1980. Cette semaine, ce sont 73 236 membres qui avaient droit de vote pour élire le chef péquiste.
 
Durant les deux décennies qui ont suivi sa prise du pouvoir en 1976, le parti a toujours remporté plus de 40 % des voix, sauf une exception (38,7 % en 1985). Avec le quart des voix au dernier scrutin, le parti est en position de faiblesse et doit à tout prix élargir sa base électorale, estime André Lamoureux.
 
Il est vrai qu’un parti politique est d’abord une « machine à gagner des élections », rappelle le politologue Jean-Herman Guay. Contrairement aux mouvements politiques et aux groupes de réflexion, qui peuvent se lancer dans de grands débats philosophiques sans prendre le pouls des électeurs, les partis doivent aspirer au pouvoir pour changer les choses.
 
Le Parti libéral du Québec l’a compris et forme le gouvernement depuis 2003, à l’exception d’une pause d’un an et demi entre septembre 2012 et avril 2014. Le PLQ a pourtant traversé une série de tempêtes éthiques sous Philippe Couillard et Jean Charest, rappelle Jean-Herman Guay.
 
« Le PQ peut certainement se positionner comme un contrepoids aux politiques budgétaires des libéraux », croit le politologue. Le parti doit aussi faire des propositions sur la défense du français, sur l’économie, sur l’identité et sur les questions sociales, notamment, ajoute André Lamoureux.

Une idée pour le nouveau chef
Cinq observateurs donnent un premier conseil à Jean-François Lisée

« Sa priorité ? Établir sa crédibilité comme chef de l’opposition. Son travail est de s’imposer comme un chef efficace de l’opposition officielle. »
Louis Bernard, premier chef de cabinet de René Lévesque

« Il fait un excellent discours de victoire, parce qu’il est rassembleur. Il veut que la dominante du Parti québécois soit la convergence, et c’est bien parti pour ça. […]Malgré une campagne assez vigoureuse, tout le monde a l’air en forme et dans le respect. Les mots clés sont : convergence et travail commun. »
Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec

« À la prochaine élection, quand le Parti libéral va vous accuser de faire des référendums, au lieu de reculer et de dire que ce n’est pas vrai, assumez-le et montrez que vous êtes confiants de faire un pays. »
Sol Zanetti, chef d’Option nationale

« Mettre l’indépendance à l’avant-plan, pour vraiment rassembler tous les indépendantistes et travailler à la convergence des forces indépendantistes. »
Mario Beaulieu, ex-chef du Bloc québécois

« Gardez l’unité de ce parti-là. C’est un choix qu’on sentait, parce que ce qui est de plus en plus évident en politique aujourd’hui, c’est qu’il y a des vagues, des élans. Et on a vu un élan vers Jean-François Lisée. »
Pierre Curzi, ex-député du Parti québécois

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