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Mise à jour le mercredi 24 février 2016 à 6 h 55 HNE
Mise à jour le mercredi 24 février 2016 à 6 h 55 HNE
Prison de Guantanamo, Cuba Photo : SRC/AFP/MICHELLE SHEPHARD |
Pour Cuba, la situation des prisonniers de Guantanamo s'inscrit dans un scénario complexe, qui est directement relié à ce qu'ils appellent ici « l'occupation illégale américaine d'un territoire cubain ».
La fermeture complète de la base militaire américaine et le retour du territoire à Cuba est l'une des exigences des Cubains pour avancer dans les négociations avec les États-Unis.
Bien que le gouvernement cubain et ses représentants se soient fait discrets sur la question après le dévoilement du plan de fermeture par le président américain Barack Obama mardi, les médias cubains et les analystes locaux ont abordé ouvertement le sujet. Ils soulignent que, pour Cuba, le plus important est la fermeture complète de la base militaire américaine.
Le pays souhaite que les soldats, et non seulement les prisonniers, quittent le pays et que les États-Unis rendent aux Cubains les terrains qu'il considère comme occupés illégalement.
Guantanamo est une enclave de 117 kilomètres carrés qui a été cédée par Cuba aux États-Unis en 1903 à la suite de la guerre de libération cubaine. Selon l'article premier de l'accord entre les États-Unis et la République de Cuba, les États-Unis paieront à Cuba la somme annuelle de 2000 $ en monnaie d'or des États-Unis aussi longtemps qu'ils occuperont Guantanamo.
Au-delà des droits de la personne
À Cuba, la situation des prisonniers est dénoncée depuis longtemps, mais la discussion a toujours dépassé largement le discours sur les droits de la personne ou le terrorisme international : les Américains doivent fermer la base de Guantanamo s'ils veulent une relation constructive avec l'Amérique latine et Cuba.
Pour le politologue et économiste Esteban Morales, directeur émérite du Centre d'études sur les États-Unis de l'Université de La Havane, l'annonce faite mardi par le président américain est une bonne nouvelle pour tout le monde, mais cela ne résout pas les problèmes avec Cuba.
« M. Obama a parlé des prisonniers, mais il n'a pas abordé la possibilité de fermer la base militaire. Peut-être que les Américains vont comprendre ce que la fermeture totale représente pour toute la région latino-américaine », explique-t-il.
« Pour Cuba, c'est un impératif historique, politique, moral et de défense. Il faut récupérer les terrains occupés illégalement par les Américains. »— Esteban Morales, directeur émérite du Centre d'études sur les États-Unis de l'Université de La Havane
La base militaire de Guantanamo a toujours été un sujet sensible pour les Cubains et la seule présence de troupes « hostiles » sur son territoire a permis au gouvernement de parler « d'une guerre de basse intensité » et de justifier plusieurs de ses décisions.
« Dormir avec l'ennemi »
Pour Cuba, et même pour ceux qui ont toujours soutenu la décision des États-Unis de maintenir la base de Guantanamo, envers et contre tous, la présence de soldats américains sur le territoire cubain place le gouvernement communiste dans une situation assez particulière, celle de « dormir avec l'ennemi ».
Une phrase qui prend tout son sens au moment de faire un bilan de plus 50 ans de tensions, mauvaises relations et tentatives d'invasion.
Néanmoins, ce que certains ignorent, c'est que plusieurs des fonctionnaires de la base militaire américaine de Guantanamo sont Cubains. Des hommes et des femmes de la région qui arrivent chaque matin à la base pour y travailler. À une certaine époque, ils étaient plusieurs dizaines, aujourd'hui, ils ne sont plus que quelques-uns.
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Un silence « diplomatique » convenable
Cuba a toujours réclamé la dévolution des terrains occupés par la base militaire américaine de Guantanamo. Cette exigence fait maintenant partie de la négociation entre Américains et Cubains pour la normalisation totale des relations bilatérales.
Le gouvernement cubain n'a pas parlé publiquement de la décision de l'administration américaine d'aller de l'avant avec son projet de fermeture de la prison de Guantanamo. Un choix qui semble s'inscrire dans la logique avec laquelle Cuba a abordé les conversations avec son ancien ennemi juré : exiger que tout accord soit le résultat des dialogues faits avec prudence et indépendance et en respectant les principes de non-intervention et non-ingérence.
Le gouvernement cubain estime qu'il n'est pas nécessaire de se prononcer sur une décision interne et unilatérale des États-Unis et qui n'a aucun effet sur les exigences présentées par l'île aux négociateurs américains.
Trois semaines d'intenses négociations
Les trois prochaines semaines seront très intenses pour les négociateurs américains et cubains. Selon la vision et les attentes du gouvernement américain, la visite du président Barack Obama à La Havane, les 21 et 22 mars prochain, devrait être accompagnée d'un ou plusieurs gestes positifs, voire des concessions, du gouvernement cubain.
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a aussi annoncé aujourd'hui qu'il se rendra à Cuba pour préparer la visite d'Obama. Les enjeux de cette visite historique sont d'une grande importance pour les États-Unis, alors que le pays est en pleine campagne électorale.
De plus, le président des États-Unis avait déjà dit qu'il rencontrerait les dissidents et ceux-ci espèrent que le dirigeant américain tiendra parole.
D'un autre côté, le gouvernement de Cuba ne peut pas se montrer, surtout devant les plus puristes du Parti communiste, comme un « allié faible » des États-Unis qui n'a pas encore obtenu des concessions américaines sur deux sujets fondamentaux : la levée ou l'adoucissement de l'embargo et la fermeture de la base militaire de Guantanamo.
Le président cubain Raul Castro doit aussi arriver au prochain congrès du parti en avril avec une proposition de réforme constitutionnelle. Pour cela, il a besoin de montrer des résultats positifs pour Cuba dans le cadre de la négociation avec les Américains.