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J.-JACQUES SAMSON
MISE à JOUR
J.-JACQUES SAMSON
MISE à JOUR
Les libéraux de Justin Trudeau ont eu les yeux plus grands que la panse: où ils ne livreront pas toutes leurs coûteuses promesses, où les déficits à venir seront plus élevés que prévu et le retour au déficit zéro oublié.
C’est un grand classique en politique. Comme c’est toujours le cas le lendemain d’une élection, nous avons appris il y a quelques jours que le taux de croissance de l’économie sur lequel reposaient les promesses libérales ne sera pas au rendez-vous.
Les libéraux avaient prévu accuser des déficits d’un peu moins de 10 milliards $ pour chacune des deux prochaines années, puis de 6 milliards $ et de revenir au déficit 0 en 2019-2020, année électorale.
Météorologue budgétaire
Le Directeur parlementaire du budget anticipe plutôt des déficits de 13,5 G$, 16,4 G$, 14,1 G$ et 11,2 G$ au cours des quatre prochaines années. Tout un écart avec ses dernières prévisions. Il ferait long feu comme météorologue!
Les attentats de Paris et l’accueil des réfugiés syriens au Canada ont balayé cette importante nouvelle du décor.
Dans un premier temps, le nouveau ministre des Finances, Bill Morneau, effectuera une mise à jour budgétaire avant Noël.
La concrétisation de certains engagements sera aussi savamment étalée dans le temps, lors de son premier véritable budget en février ou mars, pour en atténuer les impacts, et d’autres finiront aux oubliettes tout simplement.
Les partis d’opposition sont toujours ainsi: la lune nous appartient, ceux qui exercent le pouvoir à leur place ne comprennent seulement pas qu’il suffit de tendre les bras pour la décrocher. Jusqu’à ce que la réalité les rattrape, une fois rendus au pouvoir.
L’argent ne pousse pas
En campagne électorale, Justin Trudeau semblait plutôt penser que l’argent pousserait dans les arbres des jardins de Rideau Hall, où il ira habiter. Il a fait des promesses de dépenses directes et de dépenses fiscales qui totalisent des dizaines de milliards.
Le point central de son programme était un investissement supplémentaire de 17 G$ dans les infrastructures.
Il s’est engagé à baisser le taux d’imposition de sa fameuse «classe moyenne» de 22 % à 20,5 %.
Il a promis de créer une nouvelle Allocation canadienne aux enfants, non imposable. Il doit abolir le fractionnement du revenu pour les couples avec enfants.
Il a dit qu’il ramènerait l’âge de l’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse à 65 ans plutôt qu’à 67, tel que décidé par le gouvernement Harper.
Il a aussi promis aux provinces de relever substantiellement les transferts pour les services de santé.
Le crédit d’impôt fédéral pour les souscriptions au Fonds de solidarité de la FTQ et au Fondaction de la CSN doit être rétabli.
L’accueil de dizaines de milliers de réfugiés supplémentaires entraînera des dépenses énormes pour leur transport, leur hébergement, les soins de santé pour lesquels la demande sera très élevée, leur intégration, l’éducation, etc.
Toutes ces dépenses ne sont pas dans la planification budgétaire du ministère fédéral des Finances auquel les provinces adresseront leurs factures. Il y a des coûts à jouer à Mère Teresa.
Peut-être que le fédéral devra aussi venir au secours de Bombardier? Et répondre à combien d’autres urgences?