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vendredi, octobre 23, 2015

Le député Stéphane Bédard quitte la vie politique

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Mise à jour le jeudi 22 octobre 2015 à 15 h 47 HAE

L'ancien chef intérimaire et leader parlementaire du Parti québécois, Stéphane Bédard, quitte la vie politique après 17 ans passés à l'Assemblée nationale. Le député de Chicoutimi en a fait l'annonce depuis son siège de l'Assemblée nationale au cours d'une allocution au cours de laquelle il a exprimé son désir de se rapprocher de sa famille.
M. Bédard a souligné l'exigence de la vie de parlementaire et des sacrifices qu'elle comporte pour la famille des élus. Il a remercié sa famille - plus particulièrement sa conjointe - et tous les membres de l'Assemblée nationale.
« Ce choix de vie exige souvent pour ceux qui nous entourent un engagement supérieur au nôtre », a-t-il considéré, en soulignant que ses trois enfants étaient nés pendant sa vie politique. « Ils ont eu, eux aussi, à partager leur père », a-t-il ajouté, faisant référence à son propre père, Marc-André Bédard, député du PQ de 1973 à 1985.
« Malgré l'intensité de notre réalité, il arrive trop souvent que nous ayons l'impression de ne pas être au bon endroit. »— Stéphane Bédard, député démissionnaire de Chicoutimi

« M. le président, après une longue réflexion, j'en suis venu à la conclusion que le temps est venu de leur redonner ce qu'ils m'ont si généreusement offert », a-t-il déclaré. « Le temps passe et je crois sincèrement que je ferais une erreur irréparable de me priver de ces moments de la vie qui ne reviennent jamais. »
M. Bédard a également remercié les citoyens de Chicoutimi qui lui ont fait confiance à six reprises. « Ils m'ont donné ce privilège incomparable de représenter ma région », a-t-il témoigné.
L'avocat de 47 ans prévoit, pour l'instant, de se consacrer entièrement à la vie familiale avant de penser à la prochaine étape de sa carrière. « Toutes les portes sont ouvertes. Je vais voir quelles sont les opportunités », dit-il en affirmant qu'il compte rester à Chicoutimi.
Il dément les rumeurs concernant son éventuelle candidature à la mairie de Saguenay. « Non, je ne l'ai pas envisagé », a-t-il confirmé lors d'un point de presse en après-midi.
Stéphane Bédard et sa femme Janice Tremblay
Stéphane Bédard et sa femme Janice Tremblay  Photo :  Radio-Canada

Une fin de carrière mouvementée
Tout en réitérant ses convictions souverainistes et son engagement envers le PQ, M. Bédard a confié que les dernières années avaient été « éreintantes ». « Certaines de ces années comptent pour double », a-t-il ajouté.
« Je manquerais à mon devoir auprès de mes électeurs si je continuais sans la fougue et la détermination qui ont marqué mon parcours. »— Stéphane Bédard

Au cours de son allocution, M. Bédard a fait allusion à son « indéfectible loyauté accordée envers chacun et chacune de ses chefs » avant de saluer le choix de son chef actuel, Pierre Karl Péladeau, de s'engager en politique. « Il n'a pas choisi la facilité, a-t-il souligné. Je connais la profondeur de son engagement. Il a toute mon admiration, mon respect et ma loyauté. » Il assure qu'il entretient de bonnes relations avec M. Péladeau. 
M. Péladeau a pour sa part remercié Stéphane Bédard pour le soutien qu'il lui a apporté après son accession à la tête du PQ. « Il l'a fait en toute amitié, a-t-il témoigné. Il l'a fait en toute efficacité. »
M. Péladeau a indiqué que le départ de M. Bédard « a secoué le caucus ».
Les deux hommes se sont ensuite donné une brève accolade de convenance, sans échanger une parole.
Stéphane Bédard et Pierre Karl Péladeau se sont donné une accolade de convenance à l'Assemblée nationale.
Stéphane Bédard et Pierre Karl Péladeau se sont donné
 une accolade de convenance à l'Assemblée nationale.
  Photo :  Radio-Canada

Quittant la vie politique pour des raisons familiales, Stéphane Bédard était tout de même déçu d'être relégué au poste de porte-parole du parti en matière de Justice. L'avocat de formation aurait eu du mal à encaisser la perte de son poste de leader parlementaire, en septembre dernier. Il s'était d'ailleurs absenté pendant trois jours - refusant de commenter la décision du nouveau chef du PQ - avant de reprendre du service.
Pierre Karl Péladeau avait décidé, au début du mois de septembre, de retirer à Stéphane Bédard ses fonctions de leader parlementaire du Parti québécois pour le remplacer par Bernard Drainville, un candidat à l'investiture du parti qui s'était rallié à lui.
En conférence de presse, M. Bédard n'a toutefois pas fait allusion à ces moments difficiles dans sa carrière politique, ajoutant que « si j'avais eu à partir sur une déception, je serais parti à l'élection de 2014. »
M. Péladeau a affirmé que le départ de M. Bédard n'avait aucun lien avec son remaniement. « Je suis personnellement convaincu que ce sont des raisons familiales qui l'ont amené à prendre cette décision », a-t-il dit.
Assumant le poste de chef intérimaire depuis la démission de Pauline Marois en avril 2014, M. Bédard avait réussi à maintenir l'unité du parti au cours de la course à l'investiture. Il a remis les rênes du parti au nouveau chef, Pierre Karl Péladeau, en mai dernier.
Malgré son devoir de réserve à titre de chef intérimaire, M. Bédard aurait appuyé, en coulisse, la candidature de M. Péladeau. Stéphane Bédard est également le frère d'Éric Bédard, un proche conseiller de M. Péladeau.
Élu pour la première fois en 1998, M. Bédard avait été nommé ministre en 2002. Membre de la garde rapprochée de Pauline Marois, il avait occupé le poste de président du Conseil du Trésor.
Une surprise pour le premier ministre
Philippe Couillard s'est aussi fait un devoir de saluer la contribution de Stéphane Bédard aux travaux parlementaires. Malgré leur désaccord sur la question de l'avenir du Québec, le premier ministre a reconnu qu'ils étaient d'accord sur certains points - « même si on ne le dira pas publiquement », a-t-il précisé, provoquant l'hilarité généralisée dans l'assemblée.
M. Couillard a ajouté qu'il s'est déjà surpris à penser : « Quel dommage que cette personne ne soit pas avec nous! »
« On est tous surpris. On ne s'y attendait pas du tout », a-t-il confié, à sa sortie de l'Assemblée nationale.
Une crise du mouvement souverainiste?
Ancien ministre de l'Éducation (1998) dans le gouvernement de Lucien Bouchard, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, estime que « c'est un gros morceau » qui quitte le parti. Il considère que la crise au sein du PQ est plus importante qu'on le laisse croire, en ajoutant que M. Bédard serait resté s'il avait senti que la souveraineté était réalisable à court terme.
« Je ne pense pas qu'il aurait quitté juste parce qu'il n'a pas eu le poste qu'il voulait avoir, a-t-il estimé. Je pense que c'est plus profond que ça. La crise est plus grave que ça. »
« Je pense que c'est une crise par rapport à la souveraineté du Québec. »— François Legault, chef de la CAQ

M. Legault croit que les départs de M. Bédard et du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, témoignent du recul de l'option souverainiste. « Les gens au PQ - j'ai été là pendant de nombreuses années - sont là d'abord pour la souveraineté, poursuit-il. À partir du moment où ils ne voient pas, dans un horizon prévisible, l'arrivée de la souveraineté, ils préfèrent aller faire autre chose. » 
« Il aurait voulu participer à ce grand projet (de souveraineté) », ajoute le chef caquiste.
Stéphane Bédard a déclaré qu'il « croit toujours profondément à l'indépendance du Québec » et qu'il compte demeurer un fervent militant au sein du Parti québécois.