http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/chroniques/gilbert-lavoie/
Publié le 10 septembre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 08h43
Duchesne et Drainville sont non seulement d'anciens collègues de Radio-Canada, ils sont des amis.
Publié le 10 septembre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 08h43
INFOGRAPHIE LE SOLEIL |
Duchesne et Drainville sont non seulement d'anciens collègues de Radio-Canada, ils sont des amis.
(Québec) Tout le monde a été surpris quand Pierre Karl Péladeau a fait de Pierre Duchesne son directeur de cabinet. Les deux hommes s'étaient affrontés pendant le conflit de travail chez Québecor. La surprise a été tout aussi grande lorsqu'on a appris qu'il confiait le poste de leader parlementaire à Bernard Drainville, qui a déjà dit de lui qu'il n'était qu'un «mirage».
Mais, peu importe les raisons qui ont motivé ses choix, Pierre Karl Péladeau s'est entouré de véritables souverainistes. Les deux ont quitté la sécurité de leur emploi à Radio-Canada pour se joindre à Pauline Marois, alors dans l'opposition. Ils étaient tous deux frustrés de leur situation à la société d'État, mais quand même : on saute rarement sans parachute dans l'univers incertain de la politique, à moins d'avoir de vraies convictions pour la cause, de n'avoir rien à perdre ou d'avoir un ego démesuré.
L'arrivée simultanée de ces deux hommes dans l'entourage immédiat de PKP leur donne une influence considérable. Ce sont eux, dorénavant, les patrons du PQ.
Le directeur de cabinet est le détenteur de l'autorité du chef. Tout le monde doit passer par lui. Il vaut mieux être son ami...
Le leader parlementaire occupe la chaise voisine de celle du chef à l'Assemblée nationale. C'est lui qui dirige le jeu parlementaire, qui bloque les attaques des adversaires et qui autorise les questions des députés. Il vaut mieux être son ami...
Drainville et Duchesne sont non seulement d'anciens collègues de Radio-Canada, ils sont des amis. Ils se sont connus à l'émission Les affaires et la vie il y a 25 ans. Drainville est le parrain d'un enfant de Duchesne. Quand ce dernier a été cloué au lit par des maux de dos à l'automne 2012, Drainville, qui souffre aussi de maux de dos chroniques, lui a passé ses médicaments contre la douleur.
À partir de maintenant, ces deux amis se retrouvent dans la cabine de pilotage de l'avion du chef. «Deux paires de mains sur le volant... ou le manche à balai», dirait Jean Charest. Mais deux paires de mains qui gardent le même cap, celui de la souveraineté.
Duchesne et Drainville auront la lourde tâche de mener le parti vers le pouvoir, mais également vers une troisième étape référendaire. Pendant que le chef poursuivra son travail sur le terrain où il est à l'aise et bien accueilli, ses deux copilotes veilleront au contenu, à la logistique et à la stratégie.
On connaît leurs convictions, mais pas leur degré d'audace. Seront-ils des faucons... ou des caribous prêts à plonger indépendamment des risques? On les imagine mal se réfugier derrière des slogans ou des lignes de presse du genre : «conditions gagnantes» ou «au moment jugé opportun».
Pierre Karl Péladeau est prudent : il a confié l'énergie et les ressources naturelles à Pascal Bérubé. Contrairement à Martine Ouellet, Bérubé est prévisible. Il se collera à la ligne de presse de son patron sur les sujets litigieux comme Énergie Est. Ce n'est donc pas demain la veille qu'on aura une position claire et sans nuances sur les grandes controverses liées au pétrole des sables bitumineux.
*******
Stéphane Bédard ravalait ses émotions, mercredi matin, lorsqu'il a rencontré les journalistes pour la première fois depuis l'annonce de son déclassement au sein du cabinet fantôme de PKP. C'est dur, la politique, surtout quand on a été un soldat loyal. Dans le cas de Bédard, la décision a été d'autant plus difficile à accepter qu'elle touchait à la fois son ego et son portefeuille. Mais il a fait ça comme un pro : il a ravalé en se disant fier et satisfait du devoir accompli. «La fierté, c'est ce qui reste en bout de ligne», a-t-il lancé à la fin de son point de presse.
«En bout de ligne»?