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Selon les résultats de ce sondage mené sur un échantillon de 1917 membres du PQ par le biais d’appels téléphoniques robotisés, Pierre Karl Péladeau recevrait 40,7% des appuis et Alexandre Cloutier en recevrait 33,8% alors que Martine Ouellet et Pierre Céré se partagent les restes avec, respectivement, 7,8% et 2,7% des votes. Il y aurait 14,9% d’indécis. Ces résultats en ont étonné plusieurs, qui croyaient plus solide l’avance du meneur, mais il faut les prendre avec une généreuse dose de sel.
À son crédit, la firme de sondage a tenu compte de l’avantage potentiel créé par la mention du nom de Cloutier en introduction et a calculé quelques résultats qui atténuent les résultats de ce dernier. En « pénalisant » de 10% ou de 20% le résultat de Cloutier et après répartition proportionnelle des indécis, les résultats sont les suivants :
PHOTO COURTOISIE |
La campagne d’Alexandre Cloutier a secoué la course à la direction du Parti québécois dimanche en évoquant les résultats d’un sondage qui donne à peine une majorité des appuis à Pierre Karl Péladeau et indique une nette remontée du député de Lac-St-Jean. Ces chiffres sont encourageants pour les adversaires et détracteurs de PKP, mais il faut les prendre avec un sérieux grain de sel.
Selon les résultats de ce sondage mené sur un échantillon de 1917 membres du PQ par le biais d’appels téléphoniques robotisés, Pierre Karl Péladeau recevrait 40,7% des appuis et Alexandre Cloutier en recevrait 33,8% alors que Martine Ouellet et Pierre Céré se partagent les restes avec, respectivement, 7,8% et 2,7% des votes. Il y aurait 14,9% d’indécis. Ces résultats en ont étonné plusieurs, qui croyaient plus solide l’avance du meneur, mais il faut les prendre avec une généreuse dose de sel.
Le premier problème méthodologique de ce sondage sans prétention scientifique est le fait que, comme le lui obligent les règles du Directeur général des élections, le message enregistré du sondeur devait mentionner l’identité de celui qui a commandé le sondage, dans ce cas la campagne d’Alexandre Cloutier. Dans un tel cas, les spécialistes s’entendent pour dire que les répondants potentiels qui n’appuient pas la campagne identifiée pourraient avoir plus tendance à raccrocher et/ou qu’un petit nombre de répondants aient tendance à favoriser le nom qu’ils ont entendu dès le début de l’appel.
Le sondage a été mené par la firme Solutions Logi-K, qui n’a pas mauvaise réputation dans le domaine. Le taux de réponse est relativement faible : 10200 appels ont été logés (dont on suppose que les numéros ont été tirés de façon aléatoire parmi les dizaines de milliers de membres du PQ); 5521 appels ont été décrochés, mais seulement 1917 résultats ont été enregistrés. Comme il s’agit d’appels automatisés, il n’est pas garanti que la personne qui a répondu au sondage était bien le membre visé (même s’il n’y a pas de raison de ne pas présumer la bonne foi). On peut en revanche supposer que dans le cas de couples composés de deux membres partageant un même numéro de téléphone (comme la plupart des couples plus âgés, dont on pourrait spéculer qu’ils sont plus portés à appuyer PKP), chaque membre avait moins de chance d’être rejoint qu’un membre qui est l’unique usager de son téléphone, ce qui est une source de biais.
Les résultats répartis par régions sont intéressants et la présence de concentrations de votes favorables à PKP dans les Laurentides et à Alexandre Cloutier au Saguenay-Lac-St-Jean laisse croire que la mesure n’est pas si mauvaise que ça, comme en fait foi ce tableau tiré du rapport de Logi-K :
À son crédit, la firme de sondage a tenu compte de l’avantage potentiel créé par la mention du nom de Cloutier en introduction et a calculé quelques résultats qui atténuent les résultats de ce dernier. En « pénalisant » de 10% ou de 20% le résultat de Cloutier et après répartition proportionnelle des indécis, les résultats sont les suivants :
Le sondeur conclut prudemment que l’avance de PKP frôle les 50% et que l’hypothèse d’un deuxième tour n’est pas exclue. C’est un scénario très optimiste pour le clan d’Alexandre Cloutier, qui s’en servira vraisemblablement pour alimenter l’ardeur de ses troupes. Il faut aussi supposer par contre que ces résultats auront le même effet sur l’organisation de Pierre Karl Péladeau, qui dispose de plus de moyens pour mobiliser ses propres partisans d’ici au jour du vote.
Pour ma part, la seule conclusion que je me permettrais de tirer de ces chiffres est qu’ils représentent non pas le centre d’une distribution de résultats probables mais bien la limite du possible pour les opposants de PKP. En d’autres termes, la vraie distribution des appuis est fort probablement plus favorable au meneur que ne l’indique ce sondage. C'est une conclusion que je partage avec ma collègue la sociologue Claire Durand, spécialiste des sondages, qui m'a donné accès à ces résultats avec la permission de la campagne de Cloutier mais qui les interprète avec encore plus de scepticisme que moi.
Quoi qu’il en soit, il reste encore peu de temps à attendre pour les observateurs, et assez de temps pour les membres disposés à changer d’idée pour brouiller les cartes. Le scénario de loin le plus vraisemblable reste une victoire assez nette de PKP au premier tour. Alexandre Cloutier pourra probablement se réjouir de faire beaucoup mieux qu’on avait prédit, mais il devrait aussi s’affairer à écrire son discours de concession, car son rôle dans le ralliement des troupes sera aussi important (sinon plus) que ses performances en campagne pour démontrer qu'il a l'étoffe d'un futur chef.