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PHOTO D'ARCHIVES |
Bientôt les Québécois sauront qui deviendra le 8e chef du Parti Québécois et chef de l’opposition officielle- même si pour plusieurs le chef semble déjà choisi. Le hasard fait que nous apprendrons son nom à quelques jours du 35e anniversaire du premier référendum, le 20 mai prochain.
Je n’étais pas encore née lors du premier référendum de 1980. Lors du deuxième, j’étais en sixième année du primaire. Dans la cour d’école, je disais que je votais « pour l’équipe avec des grosses fleurs sur les pancartes » tout en sautant à la corde et je me balançais des histoires de grands : c’était mon regard d’enfant qui se posait sur la campagne référendaire.
Ma pensée politique n’était pas celle d’aujourd’hui, mais elle était teintée par un enthousiasme débordant envers la « cause », influencé grandement par des parents indépendantistes qui y voyaient l’aboutissement de leur rêve. Malheureusement, il a fallu de peu pour que leur rêve devienne réalité.
Au fil des années, ce rêve devenait le mien et ma pensée s’affranchissait de celle de mes parents. Jusqu’au moment, jeune adulte, d’un contrat de travail dans l’Ouest canadien. Mes parents m’avaient certes transmis cette soif de pays, mais cette expérience professionnelle ne me faisait que confirmer qu’il était impératif que le Québec assume sa destinée et devienne ce pays.
Il m’arrive de faire de mauvais rêves lorsque je m’endors en pensant que je ne pourrai peut-être jamais cocher « oui » et participer activement à la naissance d’un nouveau pays. Je suis attristée de constater que le Québec s’efface de plus en plus dans la Confédération canadienne et qu’à force de vivre comme un pays qui ne l’est pas, perd toute sa particularité à grands coups de multiculturalisme et de jugements de cour qui ne font que l’affaiblir.
Je suis d’une génération décomplexée et affirmée. Je suis d’une génération qui aspire au mieux pour sa collectivité et pour elle-même. Cette génération est conscientisée et n’a jamais été aussi informée. Je suis d’une génération qui prend sa place et qui sait se faire entendre.
Depuis quelques années, une certaine élite bien-pensante fédéraliste aime bien dépeindre les indépendantistes comme des blancs de souches aux idées arriérées et au projet de pays de plus archaïques. Que ce projet de pays est le projet d’UNE génération, d’une époque révolue et qu’il s’était ringardisé. Comme si la naissance d’un nouveau pays n’était pas, justement, un projet innovateur.
Croire à l’indépendance, ce n’est pas réservé à la catégorie que semblent vouloir mousser les fédéralistes de ce monde. Je suis née en 1984, la moitié de ma famille est née en Italie et je préfère de loin les cannolis à la tarte au sucre.
À 31 ans, j’ai encore ce rêve plein la tête pour ce peuple qui n’en finit plus de ne pas naître, comme écrivait Miron. Je veux voir la naissance de ce pays et y contribuer. Je veux qu’il existe, pour vrai, et je ne suis pas seule.
Pourtant, lorsque je vois les mêmes fédéralistes s’agiter devant la naissance d’un bébé royal, figure iconoclaste d’une monarchie archaïque et poussiéreuse, je me dis que cette idée d’indépendance n’a jamais été aussi d’actualité.
Et pour ce faire, il suffit non pas de tourner à gauche ou à droite, mais bien prendre la direction de l’indépendance.