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jeudi, mars 26, 2015

Yemen: une coalition menée par les Saoudiens intervient au Yémen

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Publié le 26-03-2015 à 07h18Mis à jour à 13h12
Des Yémenites retirent un corps des décombres le 26 mars 2015, après un raid aérien sur un immeuble près de l'aéroport de Sanaa
 (c) Afp
Des Yémenites retirent un corps des décombres le 26 mars 2015, après un raid aérien sur un immeuble près de l'aéroport de Sanaa (c) Afp
Aden (AFP) - Une intervention militaire conduite par l'Arabie saoudite a été lancée jeudi au Yémen pour venir en aide au président de ce pays arabe face aux avancées de rebelles chiites soutenus par l'Iran.
L'Arabie saoudite a mobilisé 150.000 militaires et 10 avions de combat tandis que les Emirats arabes unis ont engagé 30 avions de combat, Bahreïn et Koweït 15 appareils chacun et le Qatar 10, a indiqué Al-Arabiya, chaîne de télévision à capitaux saoudiens.
En plus de ces pays du Golfe, voisins du Yémen, cette opération militaire mobilise d'autres pays alliés de l'Arabie saoudite comme l'Egypte, laJordanie, le Soudan, le Pakistan et le Maroc, selon Ryad.
Quatre navires de guerre égyptiens sont ainsi entrés jeudi dans le canal deSuez, en route pour le Golfe d'Aden, ont indiqué des responsables du canal.
Les Etats-Unis, alliés du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dans la lutte contre Al-Qaïda, ont annoncé fournir un soutien en logistique et en renseignement à cette coalition. Aucune implication de pays européens n'a été annoncée.
L'Iran a été le premier pays à dénoncer cette intervention, la qualifiant de "démarche dangereuse".
L'opération baptisée "Tempête décisive" a été déclenchée dans la nuit par des frappes sur différentes positions des Houthis, les miliciens chiites qui ont pris le contrôle de plusieurs grandes villes, dont la capitale Sanaa, au cours des derniers mois.
Les Houthis combattent avec des unités de l'armée yéménite fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, poussé en 2012 au départ après 33 ans au pouvoir.
L'intervention militaire lancée tôt jeudi fait suite à plusieurs appels à l'aide émanant du camp du président Hadi, incapable de faire face à l'avancée des rebelles qui se sont approchés ces derniers jours d'Aden, la grande ville du sud où s'est réfugié le chef de l'Etat.
L'opération militaire "vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi de prendre le contrôle du pays", a expliqué l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, Adel al-Jubeir, à Washington.
Des forces loyales au président ont repris jeudi l'aéroport d'Aden, qui était passé sous le contrôle des forces anti-gouvernementales la veille, selon un officier de sécurité.
Les militaires de la 39e brigade blindée, qui s'étaient alliés aux Houthis, "ont fui ce matin l'aéroport" conquis la veille, a déclaré cet officier à l'AFP.
Ces militaires ont ensuite abandonné leur base à Aden, livrée aux pilleurs qui se sont rués sur des stocks d'armes, selon une source militaire.
- Violentes explosions à Sanaa -
La coalition "fera tout ce qu'il faudra" pour rétablir la stabilité, a prévenu l'ambassadeur saoudien à Washington.
Selon des sources militaires au Yémen et des témoins, les premières frappes ont visé plusieurs sites sensibles tenus par la rébellion à Sanaa, dont une base aérienne et le palais présidentiel, où un incendie s'est déclaré.
De violentes explosions ont secoué la capitale avec l'entrée en actions de la DCA au passage des avions de combat, dont les tirs ont illuminé le ciel de la ville, a rapporté un correspondant de l'AFP. Les habitations étaient secouées par la force des explosions et au moins 14 civils ont été tués dans un quartier de la capitale, selon une source de la défense civile.
Les raids ont cessé aux premières heures de la journée, selon des habitants.
Ils ont permis de "détruire les défenses aériennes des rebelles houthis, la base aérienne Al-Daïlami (attenante à l'aéroport de Sanaa), des batteries de missiles SAM et 4 avions de combat", selon un premier bilan cité par l'agence saoudienne SPA.
L'aviation saoudienne "a pratiquement sécurisé l'espace aérien yéménite où elle s'emploie à mettre en place une large zone d'exclusion aérienne", a déclaré un conseiller saoudien.
- Risque de guerre civile -
"Vous avez une milice qui contrôle ou pourrait contrôler des missiles balistiques, des armes lourdes et une force aérienne. Je ne me rappelle aucune autre situation dans l'histoire où une milice dispose d'une force aérienne. (...) C'est donc une situation très dangereuse", a fait valoir l'ambassadeur al-Jubeir.
Le chef de la diplomatie du Yémen, Ryad Yassine, avait averti que "la chute d'Aden aux mains des Houthis marquerait le début d'une profonde guerre civile".
Washington, le président Barack Obama "a autorisé la fourniture d'un soutien en logistique et en renseignement aux opérations militaires menées par le CCG", le Conseil de coopération du Golfe, a déclaré Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) de la présidence.
"Nous appelons fermement les Houthis à cesser immédiatement leurs actions militaires déstabilisatrices et à revenir aux négociations qui font partie du dialogue politique", a poursuivi la porte-parole.
La crise au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, s'est envenimée depuis septembre 2014 quand les Houthis ont déferlé sur Sanaa pour y contester le pouvoir de M. Hadi et dénoncer un projet de Constitution sur un Etat fédéral qui priverait son fief dans le nord d'un accès à la mer.
Pour les experts, le Yémen, écartelé entre le nord dominé par les Houthis et le sud par les pro-Hadi, est le théâtre d'une guerre par procuration entre deux poids lourds de la région, l'Iran chiite et le royaume saoudien sunnite, qui risque d'aboutir à une désintégration du pays.
A cela s'ajoute la poursuite d'actions du réseau sunnite Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), bien implanté dans le sud-est.
Pour ajouter au chaos, le groupe jihadiste Etat islamique, qui sévit dans plusieurs pays arabes, vient de revendiquer sa première attaque au Yémen, qui a fait vendredi plus de 140 morts dans des mosquées à Sanaa.