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lundi, mars 06, 2017

Du crucifix à la langue française: avoir les priorités à la bonne place

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Mathieu Bock-Coté
  La querelle du crucifix a pris beaucoup de place ces derniers jours dans l’actualité. Dénoncé, décroché, revendiqué et raccroché, il a excité les passions, un polémiste sans style ni profondeur conjuguant l’inculture et le fanatisme osant même reconnaître dans ses défenseurs une coalition réactionnaire en croisade au nom d’un Québec mythique. On connaît le mot célèbre: seule la bêtise peut nous donner un sentiment de l’illimité. Il suffit de rappeler que le passé catholique du Québec n’est pas intégralement condamnable pour se faire accuser par des esprits simplets qui lisent peu et mal de nostalgie réactionnaire. Sauf dans les marges idéologiques, on ne trouve pourtant pas de camp «national-catholique» ou traditionaliste au Québec. Et ce qu’on appelle à tort ou à raison le nationalisme conservateur n’est pas un nationalisme confessionnel mais historique. Il faudrait plutôt comprendre comment cette défense du crucifix s’inscrit dans une mutation identitaire plus profonde qui fait remonter à la surface notre vieux fond catholique, sans pour autant faire renaître de quelque manière le sentiment religieux.
Que cherchent à défendre ceux qui se portent à la défense du crucifix? De quoi le crucifix est-il le symbole, au-delà de sa signification religieuse? Ne représente-t-il pas la part traditionnelle enfouie de l’identité québécoise, refoulée au moment de la Révolution tranquille, mais qui ne s’est pas décomposée pour autant? Un peuple a une histoire, il la porte et elle le porte. Une identité est faite de plusieurs couches sédimentées. Les différentes dimensions qui la composent sont mises de l’avant selon les époques, et naturellement, certaines de ces dimensions s’effacent au point de disparaître, alors que de nouvelles s’ajoutent. Une identité n’est ni un bloc bétonné, ni un flux insaisissable. C’est une réalité historique qu’un peuple est toujours appelé à actualiser, sans pour autant céder à la tentation de la table-rase. Un peuple a droit à la continuité historique. Il se condamne à l’insignifiance s’il renie son héritage ou s’il se croit fils de rien. On ne décrète pas plus une identité qu’on ne peut l’abolir: cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas œuvrer à sa transformation. Il y a un art politique de l’entretien de la symbolique collective.
Les Québécois ont eu raison de se sentir heurtés par le décrochage injustifié du crucifix de l’hôpital Saint-Sacrement. Pour satisfaire le désir d’un seul individu, un administrateur zélé a heurté quelque chose d’intime pour plusieurs milliers de personnes. Ils y ont vu une marque d’ingratitude à une période de leur histoire où ils cherchent peut-être à ressaisir les couches les plus profondes et traditionnelles de leur identité, comme si un catholicisme patrimonial devenait aujourd’hui une valeur identitaire refuge. Dans un monde où les identités religieuses se présentent en bonne partie comme des identités civilisationnelles, à moins que ce ne soit l’inverse, on comprend que les peuples voient dans leurs traditions religieuses des composantes fortes de leur identité, même si celles-ci semblent religieusement mortes, ou du moins, agonisantes. Faut-il rappeler que le catholicisme nous a servi de médiation vers la civilisation occidentale et le vaste monde pendant plus d’un siècle? La culture religieuse d’un peuple n’est pas étrangère à son identité culturelle.
Il faut avoir une compréhension profonde de l’histoire du peuple québécois pour bien saisir les passions identitaires qui le traversent et le secouent. Le catholicisme représente un moment important de l’histoire du peuple québécois et il l’aura à jamais marqué. Ce moment, toutefois, est derrière nous et on ne voit pas de renaissance religieuse à l’horizon. En d’autres mots, le catholicisme s’est patrimonialisé. On le sait, le peuple québécois en est rendu aujourd’hui à plutôt chercher dans la laïcité un principe identitaire fort assurant quelque chose comme le sens du commun dans une société exagérément fragmentée et qui encourage cette fragmentation en sacralisant toutes les situations minoritaires prenant la pose victimaire. On ne voit pas trop pourquoi il faudrait séparer la question de la laïcité de celle de l’identité, dans la mesure où les deux sont intimement liées aujourd’hui. Et contrairement à ce qu’on dit, la réconciliation entre notre héritage catholique et une laïcité active n’est pas intenable : derrière le vocable trop souvent moqué de catho-laïcité, il y a un désir de synthèse identitaire parfaitement honorable. Chose certaine, la laïcité est notre horizon politique pour les années à venir.
Cela ne veut pas dire, toutefois, que la querelle du crucifix n’a pas été instrumentalisée par certains de ses protagonistes. Le gouvernement libéral, qui nous a habitué à la neurasthénie identitaire, s’est transformé en défenseur empressé du crucifix, comme si le sort de la nation en dépendait. Il prend ainsi à peu de frais la pose du défenseur de la vieille identité canadienne-française alors qu’il se fait un devoir de se soumettre aux préceptes du multiculturalisme canadien et tolère l’anglicisation de Montréal, au point même peut-être de l’encourager. C’est un peu comme si le Parti libéral croit qu’il lui suffit de brandir le crucifix de manière théâtrale pour se donner une crédibilité identitaire auprès de la frange du Québec francophone qui le soutient. Comment ne pas reconnaître là un grand cynisme? Le crucifix ne doit pas devenir une forme de symbole identitaire compensatoire qui monopolise nos esprits alors que le Québec, quoi qu’on en pense, est confronté à des urgences identitaires autrement plus grandes. Il faut avoir le sens des priorités et ne pas se laisser égarer par certains discours qui nous coupent de certaines réalités contemporaines.
Car c’est bien le risque qui est devant nous. Autant les Québécois s’emportent lorsqu’il est question du crucifix ou des accommodements raisonnables, qui sont les deux faces d’un même problème, autant ils se montrent indifférents lorsqu’il est question de l’avenir du français, surtout à Montréal, où il perd à la fois son statut et du terrain. Le crucifix nous excite mais la langue française nous fait bailler, et cela sans parler de la souveraineté qu’ils sont nombreux à enfermer dans le musée des idées décaties. Tout cela est à pleurer. Faut-il vraiment rappeler que la langue et la culture françaises représentent le noyau existentiel de l’identité québécoise? L’histoire du peuple québécois, pour peu qu’on l’inscrive dans la longue durée, poursuit l’aventure de ce qu’on a appelé un jour l’Amérique française. Le Québec comme entité politique incarne le fait français en Amérique, autrement que sur le mode résiduel de minorités condamnées à la survivance et à l’extinction culturelle inévitable ailleurs au Québec. C’est essentiellement à la défense du fait français que devraient se vouer ceux qui font du combat identitaire une part essentielle de leur combat politique.
Mais j’y reviens: c’est le fait français qui incarne la permanence identitaire dans notre histoire, la donnée non-négociable que nous ne saurions sacrifier sans nous renier intimement. C’est le fait français qui est sacré. C’est lui qui nous connecte de la manière la plus féconde à nos origines. Et nous serons fidèles à nos origines tant que nous nommerons et vivrons le monde en français. C’est le fait français qu’il faut défendre de la manière la plus intransigeante, en sachant qu’il s’accouplera avec des formes culturelles variées selon les époques. La langue n’est pas qu’un instrument de communication : c’est une culture, un univers mental, une littérature et dans notre cas, c’est une manière d’appartenir de manière bien singulière à la civilisation occidentale, à la manière d’une petite nation aux marches de l’empire américain, enracinée dans son continent tout en lui étant un peu étranger. Mais de quelle manière renouer avec ce nationalisme historique et linguistique alors que les Québécois croient de plus en plus que la modernité linguistique et la conquête du monde passent par l’anglais? Il faudra trouver une réponse à cette question dans les années à venir.

mercredi, mars 01, 2017

L’empire américain

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 Comme tout le monde, j’aime le cinéma américain. Je connais ses acteurs, ses réalisateurs, ses classiques et même ses navets.
Bloc drapeau américain États-Unis USAMais à la différence de plusieurs, diman­che soir, j’avais autre chose à faire que me farcir la soirée des Oscars.
Non pas parce que je méprise ce rendez-vous, mais j’y vois, à bien des égards, une manifestation de l’impérialisme culturel américain.
Racisme
Et je suis renversé de voir à quel point nous nous laissons pénétrer mentalement par des débats qui nous sont étrangers et qui, bien souvent, ne nous concernent pas du tout.
Nous nous faisons américaniser mentalement. Nous apprenons à voir le monde avec des yeux qui ne sont pas les nôtres.
Un exemple. La société américaine est rongée depuis ses origines par la question du racisme.
De l’esclavage à la ségrégation, les Noirs américains ont été traités de la maniè­re la plus odieuse, d’autant qu’aujourd’hui encore cette discrimination histo­rique se fait ressentir.
Ces années-ci, cette question ressort aux Oscars.
On veut voir si le racisme progresse ou recule aux États-Unis. On mesure la place des Noirs dans la vie publique.
Le problème, c’est que certains décident d’importer chez nous la question du racisme, alors qu’elle n’a pas du tout façon­né l’histoire du Québec.
Noirs et blancs? Ce n’est pas ainsi que nous nous pensons comme société.
Le débat sur le racisme systémique qu’on nous impose médiatiquement est surtout un symptôme de notre américanisation.
Québec
Lorsqu’on fantasme sur les Américains au point de penser comme des Américains, on cesse de comprendre le Québec.
Qu’on me comprenne bien: j’admire le cinéma américain, qui touche souvent des thèmes universels. Mais il ne faut pas oublier que ce cinéma, justement, est... américain.
Une saine distance mentale ne nous ferait pas de mal pour éviter de nous faire digérer par un empire tout-puissant.
Nous ne sommes pas Américains et ne devons pas le devenir.

mercredi, mai 04, 2016

Le nouveau contexte politique

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MISE à JOUR 
Si les péquistes croyaient encore de temps en temps réaliser la souveraineté rapidement, c’est parce qu’ils prêtaient à Pierre Karl Péladeau le pouvoir exceptionnel de la faire malgré les tendances lourdes qui jouent contre elle.
Son départ précipité de la chefferie du PQ nous ramène à une vérité désagréable: le combat souverainiste, aujourd’hui, est désormais un combat de longue haleine.
Les indépendantistes sérieux ne s’imaginent pas qu’ils feront du Québec un pays d’ici quelques années.
Ils veulent toutefois conserver cet idéal vivant, pour que nous ne le perdions pas de vue.
Dans les circonstances, ne pas désespérer ou capituler, c’est déjà une victoire.
Évidemment, les circonstances pourraient changer. Réalisme ne veut pas dire défaitisme.
Survivre
Mais une urgence s’impose aujourd’hui aux nationalistes, qu’ils soient souverainistes, qu’ils ne le soient plus ou qu’ils soient réservés devant l’indépendance: déloger le Parti libéral.
On nous dira que ce n’est pas un projet de société exaltant. Mais le PLQ mène aujourd’hui une politique si ouvertement hostile à l’identité québécoise que le dégager du pouvoir devient une nécessité vitale.
Lorsque la course à la direction s’ouvrira au PQ, il ne faudra pas seulement tester les convictions souverainistes des candidats mais voir ce qu’ils proposent pour en finir avec la division suicidaire des francophones.
Des nationalistes, il y en a à gauche. Il y en a à droite. Il y en a au centre. Comment les rassembler?
Il faut envisager un programme commun.
De grands objectifs devraient être identifiés.
D’abord, il faut sauver notre langue et notre culture. C’est bête à dire, mais nous passons en ce moment du Québec français au Québec bilingue. Nous régressons.
On devrait s’entendre pour prendre les mesures nécessaires pour stopper l’anglicisation de Montréal. Cela implique à la fois le renforcement de la loi 101 et la réduction de l’immigration.
Redressement
On devrait aussi mener une politique économique forte pour éviter que le Québec ne devienne une économie de succursales. Nos grandes entreprises passent trop facilement sous contrôle étranger. Nous perdons la maîtrise de notre destin.
L’héritage de la Révolution tranquille s’effrite.
Disons-le franchement: à force d’être indifférent à son identité et ses intérêts, le peuple québécois risque aujourd’hui la dissolution tranquille, avec son confort nord-américain pour lui dissimuler cette réalité.
Une politique économique sérieuse devrait aussi tenir compte des besoins de la classe moyenne, qui étouffe dans une société trop bureaucratisée.
Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer aux services publics. Je pense à l’école qu’il nous faut sauver d’un désastre socioculturel. Une société qui laisse son école en ruine ne croit plus en l’avenir.
En gros, on pourrait dire que le Québec a besoin d’une nouvelle Révolution tranquille.
Mais on pourrait aussi tristement parler d’une nouvelle survivance adaptée à notre époque. Nous devons en finir avec la petite médiocrité provinciale.
Il y a une forme de paresse collective aujourd’hui qui pourrait nous être fatale. C’est celle d’un peuple qui se laisse lentement mourir.
C’est de cette torpeur dont on devra parler dans les prochains mois.

jeudi, avril 28, 2016

Le piège solidaire

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Le Parti québécois propose une alliance avec Québec solidaire. Reste à savoir si Françoise David et ses collègues se laisseront courtiser, et si oui, à quel prix.

MISE à JOUR 
Le Parti québécois semble avoir compris une chose: que les nationalistes doivent s’unir pour déloger le Parti libéral.
Il y a quelques semaines, il tendait la main à la CAQ. Ces jours-ci, il propose une alliance à Québec solidaire.
À première vue, la chose peut sembler contradictoire.
La CAQ est autonomiste et de centre-droit.
Québec solidaire est officiellement souverainiste, mais d’abord radicalement à gauche.
Doit-on comprendre que le PQ tire dans toutes les directions?
Non.
Car il y a 15 ans à peine, ces gens cohabitaient dans la même coalition. Le Parti québécois rassemblait à la fois Jean Garon et Louise Harel.
Alliance ?
Et au référendum de 1995, il ne faut pas l’oublier, Éric Duhaime et Françoise David étaient dans le même camp.
Et pour l’instant, pour vaincre les libéraux, il faut une alliance d’un côté ou de l’autre.
Il se peut toutefois que le PQ se soit lancé dans une mauvaise direction avec QS et ne voit pas sa bonne foi récompensée.
Car même si QS se dit souverainiste, on comprend bien que l’indépendance n’est pas une priorité pour sa direction non plus que pour une grande partie de ses membres.
Pour QS, la gauche est plus importante que tout.
Ce parti embrasse la souveraineté à condition qu’elle soit socialiste, altermondialiste, écologiste et féministe. Sinon, il n’y voit aucun intérêt véritable.
QS accepte de faire du Québec un pays à condition de le soumettre à ses caprices idéologiques.
On se demande bien comment les nationalistes de centre-droit qui votent pour la CAQ seraient tentés par cela.
Le PQ en ce moment fait de grosses concessions à QS.
Il va plus à gauche qu’il ne le devrait.
Il s’engage dans un chemin piégé.
Parce que QS exigera toujours des concessions supplémentaires au PQ.
Chaque fois, le PQ se croira au bord d’une entente, et, chaque fois, elle se dérobera.
L’identité
Le PQ pourrait y perdre sa personnalité.
Et viendra tôt ou tard la question vitale de l’identité. Ici, les deux partis sont en claire opposition.
Le PQ, depuis 2007, s’est réconcilié avec la question identitaire. Il critique le multiculturalisme et les accommodements raisonnables. Il a relativisé son enthousiasme en matière d’immigration. Il s’est engagé pour la laïcité avec son projet de Charte des valeurs.
C’est la chose à faire. Si les Québécois sont aujourd’hui indifférents à la souveraineté, ils sont sensibles à la défense de leur identité.
QS voit les choses autrement.
C’est un parti qui chante les vertus du multiculturalisme et qui n’hésite pas à faire le procès de ceux qui ne voient pas les choses à sa manière.
En fait, QS est plus proche du Parti libéral que du Parti québécois sur cette question sensible.
Et si le PQ, pour plaire à QS, sacrifie son discours identitaire, on peut être certain que la CAQ le récupérera.
Le PQ sera alors condamné à l’impuissance stratégique.
L’idéal souverainiste pourrait en périr.

dimanche, novembre 01, 2015

Le troisième référendum

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MATHIEU BOCK-CÔTÉ
MISE à JOUR 
québec canada drapeau  Commémoration du référendum de 1995 oblige, on a beaucoup parlé de la souveraineté depuis une semaine. Il faut dire qu’on en a surtout parlé au passé. On s’est rappelé le deuxième référendum et on l’a examiné sous toutes ses coutures. Les circonstances historiques qui l’entouraient. La qualité des hommes qui dirigeaient le camp du Oui. La coalition qu’il était parvenu à former. On en a même appris davantage sur les coulisses du référendum.
Pour les plus jeunes, la chose avait peut-être quelque chose d’exotique. Ils n’ont pas connu les grandes heures de la question nationale. Ce n’est pas à travers elle qu’ils ont été socialisés politiquement. Les souvenirs qui font vibrer les générations précédentes leur sont souvent étrangers. Il faut dire qu’ils ont fréquenté, du primaire jusqu’à l’université, un système scolaire qui vise moins à en faire des Québécois enracinés que des petits citoyens du monde.
Division
Une question a néanmoins traversé la semaine: y aura-t-il un troisième référendum? La question peut-elle renaître, et le mouvement souverainiste, rebondir? On peut légitimement pleurer ses défaites, on ne saurait pour autant se fermer à l’avenir. Et la question qui devrait occuper l’esprit des souverainistes est finalement simple: à quelles conditions peuvent-ils espérer le tenir, ce troisième référendum que le Québec n’a pas les moyens de perdre? De quelle manière l’amener à renouer avec la question nationale.
Une idée devrait guider les souverainistes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souverainiste.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’éclatement du camp du Oui. État des lieux: la gauche et la droite ne se parlent plus vraiment, les nationalistes civiques et les nationalistes identitaires se regardent en chiens de faïence, les partisans du bon gouvernement suspectent les «pressés» de témérité référendaire qui accusent les premiers d’instrumentaliser l’indépendance. Tous ces gens ne savent plus trop ce qui les rassemble. Ils offrent au grand public, qui s’en lasse avec raison, les sempiternelles querelles souverainistes.
On ne peut pas oublier non plus la division des partis. Le PQ demeure le navire amiral irremplaçable de la cause souverainiste. Mais il ne parvient plus à convaincre tous les souverainistes de l’appuyer automatiquement. Option nationale est un parti groupusculaire mais il rassemble des militants passionnés. Québec solidaire se place en marge du mouvement, mais on ne saurait oublier qu’il canalise une partie du vote souverainiste. On trouve même un bon contingent d’électeurs du Oui à la CAQ. Sans être fermés au pays, ils n’en font plus une priorité.
Une maison ouverte
Une idée devrait guider les souverainistes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souverainiste. Chacun ne voudra pas le pays pour les mêmes raisons. Tous ne se comprendront pas. Mais l’heure est peut-être venue de dépasser ces clivages. Chacun devra faire des concessions. La première d’entre elles consiste à reconnaître qu’aucune tendance ne devrait être exclue du mouvement souverainiste. Pour reprendre les mots de Jacques Parizeau, que le dernier entré laisse la porte ouverte s’il vous plaît.
Une idée fondamentale est susceptible de les rassembler: le Québec devrait faire ses propres choix, sans demander quelque permission que ce soit à personne. S’ils y croient plus que tout, et s’ils parviennent à se donner un bel élan, peut-être parviendront-ils à faire renaître le pays dans le cœur et la tête des Québécois.

jeudi, octobre 29, 2015

Le suicide tranquille des Québécois

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MATHIEU BOCK-CÔTÉ
MISE à JOUR 
terrebonne  Longtemps, les Québécois ont redouté leur assimilation. Ils regardaient le sort des Canadiens français hors Québec, condamnés à voir leur poids démographique régresser à chaque génération. Fatalement, ils passaient du français à l’anglais.
Michel Carpentier devenait Michael Carpenter, Jonathan Boisvert devenait John Greenwood. D’autres conservaient leur nom tout en s’anglicisant. Dans les provinces anglaises, on croise souvent des Brandon Plamondon ou des Peter Doucet. Ou encore, on ne dira plus Justin, mais Justiiine!
Mais tout cela se passait loin de chez nous, à l’extérieur des frontières québécoises.
Et on se faisait une raison: le sort des Canadiens français hors Québec était scellé. Il n’y avait rien à faire. C’était bien triste, mais c’était ainsi. Les souverainistes ajoutaient toutefois une importante nuance: si le Québec ne devenait pas un pays, il risquait de connaître le même sort. L’indépendance serait le meilleur moyen de se prémunir contre l’assimilation. Elle seule garantirait notre survie culturelle et linguistique.
Assimilation
Mais ces dernières années, cette crainte s’est étrangement dissipée. Peut-être à cause de la Révolution tranquille? Elle a permis l’affranchissement socio-économique des Québécois. De temps en temps, ils ont même l’impression d’être déjà un pays.
On ajoute aussi que la loi 101 a assuré la protection définitive de la langue française au Québec. Avec elle ou ce qui en reste (n’a-t-elle pas l’air d’une mamie édentée?), le statut du français serait confirmé. On passera donc à autre chose. Et parler d’assimilation, c’est négatif, donc on ne le fait pas.
C’est justement au moment où nous ne redoutons plus l’assimilation qu’elle redevient d’actualité.
Étrange certitude. Car c’est justement au moment où nous ne redoutons plus l’assimilation qu’elle redevient d’actualité. Pire encore: on a moins à la redouter dans quelques années qu’on doit bien constater qu’elle est commencée. Ce n’est plus une possibilité aussi effrayante que lointaine.
C’est une bonne part de notre quotidien même si nous le nions nonchalamment. Elle se révèle par mille indices. Par exemple, les jeunes francophones, pour peu qu’ils se veuillent «branchés», se parlent en anglais entre eux, ou alors, ils franglisent et se croient sophistiqués.
Indifférence
On connaît l’habitude montréalaise du bonjour-hi. Elle incarne concrètement le déclassement du français. Elle envoie un message clair, surtout aux immigrants: vous avez le choix du français ou de l’anglais, c’est à votre guise. Dans un contexte où nous recevons plus de 50 000 immigrants par année, cette désinvolture identitaire est suicidaire.
Mais c’est un suicide doux, cool. Un suicide tranquille. Nos élites, jamais en manque d’euphémismes, n’y voient pas une régression, mais une évolution.
En fait, c’est la conscience nationale qui se dissipe. Les jeunes Québécois, bien souvent, alternent entre l’amnésie et la mauvaise conscience. Soit ils se fichent de leur histoire, et ne s’intéressent qu’au présent, soit ils ont appris à la détester et n’y voient qu’une suite de vexations xénophobes faites aux minorités.
Pourquoi dès lors vouloir la poursuivre? Et les Québécois, peu à peu, deviennent indifférents au Québec et à ses intérêts nationaux. Ils deviennent sans trop s’en rendre compte des Canadiens comme les autres.
Il y a 20 ans, nous avons bêtement refusé de devenir un pays. Maintenant, nous en payons le prix. Mais ne le dites pas trop fort. Mieux vaut disparaître en douce et en faisant la fête. C’est moins honteux.

mardi, septembre 22, 2015

Travailler pour s’appauvrir

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MISE à JOUR 
Théoriquement, le capitalisme repose sur la promesse suivante: travaillez fort et vous améliorerez votre sort. Vos efforts seront payés de retour. Souvent, ça fonctionne. Mais pas tout le temps.
Et pour dire vrai, de moins en moins souvent. On trouve dans nos pages, ces jours-ci, un dossier sur des hommes et des femmes qui voient leur vie soudainement fauchée ou brisée par de grandes restructurations économiques. Leur histoire est poignante et insensée.
Le même scénario se répète
Le scénario est souvent le suivant. Dans une petite ou moyenne ville industrielle, l’usine qui employait depuis des décennies les gens du coin ferme. Restructuration, dit-on. Il est bien possible que l’usine migre au Mexique, en Europe de l’Est ou en Asie.
Résultat: la communauté est plombée. Hier, des pères et des mères gagnaient bien leur vie et pouvaient ainsi assurer leurs responsabilités familia­les. Aujourd’hui, ils sont condamnés à la précarité et à vivoter.
Certains s’en tireront. Ils s’attraperont, après un certain temps, un emploi à peu près équivalent. Mais la grande majorité assistera à une chute brutale et définitive de sa situation économi­que. Pire que tout, on trouvera toujours, ici et là, de faux réalistes qui sont de vrais sans-cœur pour dire à ces hommes de reprendre leur vie en main et de la recommencer à zéro, car la société ne fait pas de cadeaux.
Le commun des mortels, quoi qu’on en dise, n’est pas ravagé par le rêve américain d’une fortune exceptionnelle. Il rêve plus modestement d’une vie décente.
Mais on ne dit pas la même chose à un jeune homme de 25 ans qu’à un homme dans la cinquantaine qui se croyait enfin installé dans l’existence. D’une certaine manière, la société les a trahis.
Le commun des mortels, quoi qu’on en dise, n’est pas ravagé par le rêve américain d’une fortune exceptionnelle, assurant gloire et richesse dans l’ordre social. Il rêve plus modestement d’une vie décente.
Mais cette aspiration élémentaire est de plus en plus écrasée.
Simplement vivre une vie décente
Qu’est-ce qu’une vie décente? Une vie où l’essentiel est assuré, où de grands repères, comme la famille et le travail sont fixés. Une vie où l’individu pourra, grâce à cette sécurité fondamentale, se projeter dans l’avenir, faire des projets sans être toujours ramené aux exigences élémentaires de la survie. Une vie où il ne risque pas, 15 ans avant sa retraite, de voir son salaire réduit de moitié pour un travail deux fois plus pénible.
À leur manière, les jeunes ont intériorisé cette nouvelle réalité. On les a même convaincus qu’il s’agissait d’une chance inouïe. Ils n’auront pas d’emploi durable? Chic, ils pourront changer souvent de métier dans leur vie et ils ne s’ennuieront jamais!
Ils n’auront pas de sécurité financière ou économique? Heureusement, car la sécurité, n’est-ce pas une cage dorée qui nous endort et nous fait mourir? Réjouissez-vous d’errer, vous serez des nomades heureux!
Notre époque se vante d’être exceptionnelle. Elle n’est certainement pas sans vertu.
Mais la mondialisation débridée fait plus de mal que de bien. C’est un terrain de jeu formidable pour les spéculateurs du capitalisme finan­cier. C’est le monde rêvé de l’individu sans attaches ni racines, sans maison ni famille, à qui on promet un succès possible dans le monde entier.
C’est un monde froid et souvent cruel. Et pour parodier le slogan, fait pour le 1 % davantage que pour le 99 %.

dimanche, septembre 06, 2015

Unir les francophones?

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Mathieu Bock-Coté
La question nationale a connu de meilleurs jours au Québec. Pendant près de quarante ans, elle structurait notre vie politique. Aujourd’hui, bien des Québécois cherchent à s’en détourner. Ils veulent parler d’autre chose.
Cela joue beaucoup dans le grand élan qui semble porter le NPD au Québec. Et pourtant, la réalité est têtue, on veut la fuir et elle trouve toujours le moyen de se rappeler à nous. Cela a été le cas cette semaine.
Le gouvernement Couillard est certainement le plus fédéraliste de notre histoire. Son chef est d’un antinationalisme enragé et délirant.
On apprenait il y a quelques jours, à la suite d’une suggestion du rapport Robillard, que le gouvernement Couillard envisageait de confier à Ottawa la collecte des impôts au Québec. Traditionnellement, quand les services étaient dédoublés entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral, on souhaitait que le second se retire.
Aujourd’hui, le gouvernement Couillard propose l’inverse et veut renoncer aux outils de notre autonomie fiscale.
Fédéralisme extrême
Le gouvernement Couillard est certainement le plus fédéraliste de notre histoire. Son chef est d’un antinationalisme enragé et délirant. Comme s’il était allé à l’école politique de Pierre Elliott Trudeau. Il y a quelques semaines à peine, il n’était pas loin de prophétiser une invasion de sauterelles en cas de souveraineté. Pour lui, l’indépendance serait une catastrophe. Manifestement, il veut tuer le mouvement souverainiste.
Est-ce par hasard que la CAQ a décidé, à peu près au même moment, de faire connaître sa nouvelle position constitutionnelle? En gros, elle en revient à un nationalisme à la Robert Bourassa. Mais avec une nuance importante. Elle identifie certains pouvoirs essentiels pour la survie de l’identité québécoise, comme la langue, la culture et l’immigration, puis voudrait ensuite tenir un référendum pour obliger le Canada à négocier un nouvel accord avec le Québec.
La CAQ, longtemps, a voulu fuir la question nationale. Elle se contentait de faire le service minimal, en se disant pour le Québec d’abord, tout en se contentant pratiquement du statu quo.
En se donnant une obligation de résultat, elle vient de proposer une petite révolution politique. Elle nous dit que le Québec a besoin de ces pouvoirs pour survivre, pour assurer son avenir identitaire comme peuple.
Les francophones désunis
Spéculons. Imaginons qu’elle prenne le pouvoir, tienne son référendum et le gagne. Si Ottawa cède, le Québec aura davantage de pouvoirs. Ce n’est pas la souveraineté, mais ce n’est pas rien. Mais si Ottawa dit non, que répondra la CAQ? Que le fédéralisme est irréformable et qu’il faut alors en sortir? Elle avouerait alors qu’elle a atteint un seuil de rupture avec le Canada. Où déciderait-elle de se coucher? Son nationalisme n’aurait alors été qu’un bluff électoral.
Un problème ressort néanmoins: la division politique suicidaire des francophones. Si la tendance se maintient, la CAQ ne pourra pas faire son référendum sur l’autonomie, tout comme le PQ ne pourra pas faire celui qu’il souhaite sur la souveraineté. Car les nationalistes francophones sont divisés. Pendant ce temps, un Parti libéral de plus en plus étranger au peuple québécois le gouverne impunément et l’abîme intimement.
Le Québec a des intérêts nationaux. Il doit les retrouver. Il faudra peut-être trouver un programme commun aux nationalistes. On ne sait ni comment ni lequel.
Mais il est bien possible qu’ils doivent chercher dans cette direction.

dimanche, août 02, 2015

Le mirage capitaliste

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Nouveau salon, nouvelle cuisine, nouveaux vêtements, nouvelle piscine. Tout cela pour affirmer son statut social, pour avoir l’air aussi riche que le voisin.


Mathieu Bock-Coté
Officiellement, Le Mirage, le dernier film de Ricardo Trogi, écrit par Louis Morissette et François Avar, est une comédie. Et de fait, il est très drôle. Ou plus exactement, grinçant.
Car on rit jaune tellement il s’agit d’une critique brutale du capitalisme dans ce qu’il a de maniaque. Plus largement, c’est la société au complet qui y passe. Quiconque verra le film y recon­naîtra le délire contemporain.
Le portrait est simple. Patrick est un homme d’affaires de la Rive-Sud de Montréal moins prospère qu’il ne le souhaiterait. Non pas qu’il soit pauvre. Mais il n’a pas les moyens de vivre aussi richement qu’il le désirerait. Ou plutôt, que sa femme en burnout le voudrait et qui pense combler le grand vide de son existence par l’achat compulsif de biens de consommation. Rien ne sera jamais satisfaisant.
Surconsommation
Nouveau salon, nouvelle cuisine, nouveaux vêtements, nouvelle piscine. Il n’y a jamais de pause. Tout cela pour affirmer son statut social, pour avoir l’air aussi riche que le voisin. C’est ainsi que l’on confirme sa valeur dans l’existence. Comme on dit, on croit posséder des choses, mais ce sont les choses qui nous possèdent. Alors on s’endette, on étouffe, on ne parvient plus à garder la tête hors de l’eau. Tout cela finira par éclater.
Il faut dire que leur vie conjugale est misérable. Mais comment pourrait-il en être autrement? La vie les écrase. Les enfants ne respirent pas: il faut toujours les conduire à un cours, à une activité, à une fête, à une partie de soccer. On les croirait à l’armée. La famille n’est plus un havre, mais une prison. Ils ne jouissent pas de l’existence, ils s’essoufflent. Elle, on l’a dit, compense dans la consommation. Lui se réfugie dans le porno, alimentant des fantasmes primaires.
Leur famille n’est pas un havre. Mais une prison. La seule liberté de Patrick, en dernière instance, c’est de se réfugier dans son garage et de courir sur un tapis roulant, dans le vide. Pendant quelques minutes, il s’échappe. Il a aussi la nostalgie d’un chalet tout simple, une roulotte en fait, où il trouvait son bonheur. Il rêve d’une existence qui serait officiellement moins parfaite, mais dans les faits moins compliquée, où on lui ficherait un peu la paix.
Un constat
Le Mirage ne milite pas. Il n’arrive pas avec une réponse ou un program­me pour nous sauver. Il nous montre simplement à quel point nous vivons dans une société qui ne tient pas la route. Qui a perdu la tête. Nous nous croyons, aujourd’hui, dans la société la plus libre de l’histoire humaine. La plus évoluée. La plus heureuse. Elle en est tellement convaincue qu’elle est imperméable à la critique.
Dans les faits, notre société ne s’endure pas à froid. La surconsommation, le porno, les sports extrêmes, la dro­gue, les antidépresseurs sont autant de manières de s’en déprendre un peu, de se délivrer d’une tyrannie qui ne dit pas son nom. Il ne s’agit pas de chanter la simplicité volontaire et la beauté des petites choses ni de se replier vers un idéal ascétique.
Mais chacun devra trouver une manière de se libérer de ce carcan.

dimanche, juillet 26, 2015

Ottawa 2015: trois enjeux de fond

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Mathieu Bock-Coté
C’est l’été, chacun vaque à son barbecue, mais, déjà, nous sentons venir les prochaines élections fédérales. Elles sont officiellement prévues pour le 19 octobre 2015.
Certains se demandent même, à la manière d’un rituel, si elles ne seront pas avancées. Chose certaine, elles seront d’une importance capitale et pourraient représenter une petite révolution dans la vie politique canadienne. Pour trois raisons.
Trois raisons
Le Parti conservateur est au pouvoir depuis 2006. Mais il n’est majoritaire que depuis 2011. On le sait, ses stratèges souhaitaient en faire le parti natu­rel de gouvernement au Canada. Quel mandat voudra-t-il obtenir de la population, au-delà des thèmes de campagne comme la lutte contre le terrorisme ou la santé des finances publiques? On aurait tort de croire que les conservateurs ont accompli l’essentiel de leur programme.
De leur point de vue, le Canada a été dénaturé depuis plusieurs décennies par la philosophie libérale, qui dominerait encore le système médiatique et la fonction publique. Ils croient probablement devoir travailler aussi longtemps pour faire renaître leur Canada idéal. Mais quels objectifs se donneront-ils? Par exemple, s’ils obtiennent une nouvelle majorité, quel sort réserveront-ils à Radio-Canada? Quels seront leurs prochains grands coups?
Deuxième enjeu de ces élections fédérales: l’avenir de la gauche et du centre gauche à Ottawa. Au lendemain des élections de 2011, une analyse faisait consensus: les progressistes seraient condamnés à l’opposition tant qu’ils seraient divisés entre le NPD et le PLC. Ils devaient trouver une manière de s’unir à moins d’accepter de périr. Mais un autre scénario se dessine: le NPD pourrait bien gagner seul.
Qu’adviendrait-il alors du Parti libéral? Justin Trudeau sera-t-il son fossoyeur? C’est possible. C’est probablement le politicien le moins qualifié prétendant au rôle de premier ministre du Canada depuis très longtemps. Son effondrement électoral confirmerait au moins une chose: l’être ne s’efface pas toujours devant le paraître.
Ce parti attirait les ambitieux et les élites BCBG. S’il les perd, que lui restera-t-il?
Quel sera son créneau?
Et le Québec ?
Troisième enjeu: la place du Québec dans la campagne. Habituellement, on voulait le gagner en jouant une carte nationaliste. Plus maintenant. Le PCC entend seulement convaincre les Québécois que ses valeurs de droite sont les leurs. Inversement, le PLC leur dit qu’il défendra mieux leurs valeurs progressistes contre celles de Stephen Harper. Chacun vend sa camelote en se fichant des revendications du Québec. Il faut dire que le gouvernement Couillard s’en fiche aussi.
Le NPD prétend tenir compte du nationalisme québécois. Mais il propose un programme incroyablement centralisateur. Il veut qu’Ottawa s’occupe des municipalités, de garderies, d’éducation, de santé. Il empiète sur les compétences des provinces. Apparemment, les Québécois s’en fichent. Une forme d’inculture constitutionnelle les pousse à la négligence politique. Ajoutons que le NPD change de programme selon qu’il parle français ou anglais.
Quel sort attend alors le Bloc québécois? Que serait une victoire pour lui? Douze députés? Depuis son retour inattendu en politique, Gilles Duceppe l’a remis en selle.
On ne l’enterre plus à l’avance. Mais une tendance lourde joue contre lui.
Parviendra-t-il à réanimer la question nationale à Ottawa? Les Québécois sont-ils encore prêts à la prioriser, alors qu’on les invite plutôt à choisir entre la gauche et la droite?