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mercredi, mars 01, 2017

L’empire américain

http://www.journaldemontreal.com/



 Comme tout le monde, j’aime le cinéma américain. Je connais ses acteurs, ses réalisateurs, ses classiques et même ses navets.
Bloc drapeau américain États-Unis USAMais à la différence de plusieurs, diman­che soir, j’avais autre chose à faire que me farcir la soirée des Oscars.
Non pas parce que je méprise ce rendez-vous, mais j’y vois, à bien des égards, une manifestation de l’impérialisme culturel américain.
Racisme
Et je suis renversé de voir à quel point nous nous laissons pénétrer mentalement par des débats qui nous sont étrangers et qui, bien souvent, ne nous concernent pas du tout.
Nous nous faisons américaniser mentalement. Nous apprenons à voir le monde avec des yeux qui ne sont pas les nôtres.
Un exemple. La société américaine est rongée depuis ses origines par la question du racisme.
De l’esclavage à la ségrégation, les Noirs américains ont été traités de la maniè­re la plus odieuse, d’autant qu’aujourd’hui encore cette discrimination histo­rique se fait ressentir.
Ces années-ci, cette question ressort aux Oscars.
On veut voir si le racisme progresse ou recule aux États-Unis. On mesure la place des Noirs dans la vie publique.
Le problème, c’est que certains décident d’importer chez nous la question du racisme, alors qu’elle n’a pas du tout façon­né l’histoire du Québec.
Noirs et blancs? Ce n’est pas ainsi que nous nous pensons comme société.
Le débat sur le racisme systémique qu’on nous impose médiatiquement est surtout un symptôme de notre américanisation.
Québec
Lorsqu’on fantasme sur les Américains au point de penser comme des Américains, on cesse de comprendre le Québec.
Qu’on me comprenne bien: j’admire le cinéma américain, qui touche souvent des thèmes universels. Mais il ne faut pas oublier que ce cinéma, justement, est... américain.
Une saine distance mentale ne nous ferait pas de mal pour éviter de nous faire digérer par un empire tout-puissant.
Nous ne sommes pas Américains et ne devons pas le devenir.

jeudi, mars 31, 2016

JEAN LAPIERRE 1956-2016 L’archétype du «joueurnaliste»

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

L’ex-élu a pavé la voie pour d’autres politiciens devenus commentateurs

31 mars 2016 |Stéphane Baillargeon
Jean Lapierre en janvier 2006, alors qu’il faisait campagne pour être réélu député d’Outremont.
Photo: Jacques Grenier Le Devoir
Jean Lapierre en janvier 2006, alors qu’il faisait campagne pour être réélu député d’Outremont.
Consulter notre dossier sur Jean Lapierre (1956-2016)
Commenter, chroniquer, critiquer, ça se fait beaucoup et de plus en plus. Être écouté, compter et finalement faire une différence, c’est beaucoup plus rare et d’autant plus remarquable.
 
Jean Lapierre, décédé mardi, était de ces commentateurs qui trouvent écho au sein du pouvoir. Le premier ministre lui-même a confirmé son rayonnement assez unique.
 
« La question qu’on posait le matin, vers 10-11 h, c’était : de quoi Lapierre a-t-il parlé ? a dit mercredi Philippe Couillard en rendant hommage à l’ex-politicien devenu commentateur politique. Parce qu’il donnait le ton. Le sujet dominant de la journée, le plus souvent, était celui sur lequel il s’était prononcé. »
 
Cette révélation n’étonne pas Thierry Giasson, professeur de science politique de l’Université Laval, spécialiste de la communication politique. « Le premier ministre a dit que M. Lapierre donnait souvent le ton. C’était donc un joueur extraordinairement important dans le cycle de l’information politique au Québec. Jean Lapierre agissait sur la ligne d’action politique, il fixait certaines des priorités et il attirait l’attention sur des enjeux précis par ce qu’il disait. C’est rare et c’est notable. »
 
Cette capacité d’influence tenait à plusieurs facteurs, dont un indéniable talent à saisir l’humeur des électeurs et la puissance des médias pour lesquels il travaillait. « C’est le chroniqueur politique qui avait l’auditoire le plus vaste, le plus diversifié, dit le professeur. Il avait une sorte de don d’ubiquité qui lui permettait d’être partout en même temps pour rencontrer et écouter les gens. Il avait aussi un immense réseau de contacts et un accès privilégié à un nombre impressionnant de sources. Bref, c’est quelqu’un dont la voix portait, mais je ne sais pas à quel point il s’en rendait compte. »
 
Écouté par tous
 
L’aspect souligné par le politicien semble aussi assez unique au savant : Jean Lapierre était écouté de tous bords, par tous les partis, ou presque. « Il était respecté et, visiblement, les gens ne craignaient pas de se confier à lui. Son travail, c’était de parler des coulisses du pouvoir, et pour y arriver, évidemment, il devait recevoir des confidences. »
 
Le livre Confessions post-référendaires (éditions de l’Homme) produit en 2014 avec Chantal Hébert le prouve. Jean Lapierre a servi de facilitateur pour attirer des révélations de tous les grands acteurs du référendum de 1995, de Paul Martin à Frank McKenna, de Lucienne Robillard à Lucien Bouchard.
 
« C’est facile d’être méchant et vitriolique quand on parle de politique, note Thierry Giasson.Ce n’était pas son créneau et les acteurs politiques le reconnaissaient. »
 
Son parcours renforçait ce trait de personnalité porté vers l’écoute et le respect des autres. Ancien élu, libéral devenu bloquiste, puis retourné aux libéraux, il était devenu une sorte de « joueurnaliste » de la politique capable de susciter la confiance chez les souverainistes comme chez les fédéralistes.
 
« Dans un sens, il est l’archétype de ce modèle, dit le professeur en citant les autres exemples, Mario Dumont, Liza Frulla et les collaborateurs de l’émission Le club des ex à ICI RDI. Mais lui est devenu presque journaliste. Il n’y en a pas des tonnes avec ce parcours. Il chroniquait, il faisait des analyses et il incarnait ce que les Québécois étaient au début des années 1990 dans la crise référendaire. L’hésitation québécoise, Jean Lapierre pouvait la revendiquer, parce qu’il l’avait vécue aux premières loges en participant à la fondation du Bloc, puis en retournant dans sa famille libérale. Cette posture l’a peut-être aidé à établir sa crédibilité auprès des citoyens qui se reconnaissaient en lui, et à devenir le commentateur le plus influent du Québec. »