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samedi, janvier 21, 2017

Manifestations mondiales contre Trump

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Publié le 21 janvier 2017 à 07h10 | Mis à jour à 17h39
Washington, États-Unis.
PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, AFP
SÉBASTIEN BLANCANNE RENAUTIVAN COURONNEPAOLA LORIGGIO (LA PRESSE CANADIENNE)
Agence France-Presse
WASHINGTON et LONDRES
Des centaines de milliers de personnes participaient samedi aux États-Unis aux Marches des femmes organisées pour la défense des droits civiques et contre le président Donald Trump investi la veille, selon plusieurs sources.
La manifestation, née d'un simple appel sur Facebook émanant d'une grand-mère, Teresa Shook, et organisée le lendemain de l'investiture du républicain, témoigne à elle seule de la fracture de la société américaine.
Dans la capitale, où avait lieu le plus grand rassemblement, 275 000 voyageurs avaient pris le métro en fin de matinée, soit 50% de plus que pour l'investiture de M. Trump la veille à la même heure, selon l'autorité de transport WMATA.
Les organisateurs ont en outre relevé leur estimation de participation de 200 000 à 500 000 personnes, selon le maire adjoint de Washington, Kevin Donahue.
La foule était compacte sur une dizaine de pâtés de maisons ou environ 1,5 kilomètre sur Independence Avenue à Washington où la marche était prévue, et il était impossible de traverser ce boulevard, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Des milliers de personnes qui n'avaient pas pu accéder à cette avenue marchaient sur le National Mall voisin, l'esplanade du centre de la capitale, où vendredi une foule de partisans de Donald Trump ont assisté à son investiture.
D'autres manifestations avaient lieu à Boston, New York, Denver.
À Chicago, la marche s'est transformée en rassemblement compte tenu de l'affluence, selon la police. Elle réunissait quelque 150 000 personnes, selon le Chicago Tribune.
«Je veux protéger nos droits et attirer l'attention sur le fait que quand les gens manifestent ensemble, ils sont forts», témoigne Trisha Norman, 72 ans, venue de Caroline du Nord, en route vers la manifestation.
Le métro de la capitale était plein samedi matin de femmes portant des bonnets roses à oreilles de chat («pussy hats»), devenus le symbole de l'opposition à Donald Trump.
Une initiative baptisée «Pussyhat Project» fédère des adeptes du tricot qui ont confectionné ces couvre-chefs pour les manifestantes.
Le terme «pussy» désigne en anglais l'animal domestique, ou le sexe féminin. C'est ce mot que Donald Trump avait utilisé dans une vidéo qui avait fait scandale en octobre, où il se vantait de pouvoir se payer les femmes qu'il voulait et de les «attraper par la chatte».
Foule monstre à Los Angeles
Plus d'un demi-million de personnes selon la police et 750 000 selon les organisateurs ont manifesté samedi pour les droits civiques et contre le président américain Donald Trump investi la veille.
La «Marche des femmes» à Los Angeles dépasse en affluence celle de 2006 sur l'immigration, qui avait attiré 500 000 personnes, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police Andrew Neiman, pour qui c'est le plus grand rassemblement dont il a été témoin dans la ville depuis 30 ans. À New York, les organisateurs avançaient le chiffre de plus de 500 000 personnes et 250 000 personnes à Chicago.
Bowling à la Maison-Blanche
Le nouvel homme le plus puissant du monde n'a pas réagi à cet événement, mais a tweeté qu'il était «honoré de vous servir, le grand peuple d'Amérique, en tant que 45e président des États-Unis».
Donald Trump a assisté samedi matin à la cathédrale nationale de Washington à un office oecuménique.
Puis la famille présidentielle a joué au bowling à la Maison-Blanche, a indiqué sur Twitter le fils du nouveau président, Donald Jr.
Le président s'est rendu l'après-midi au siège de la CIA, en banlieue de Washington, «impatient de remercier les hommes et les femmes de la communauté du renseignement», selon son porte-parole Sean Spicer. Une visite lourde de symboles après ses critiques contre les agences américaines de renseignement.
Jamais depuis 40 ans un président des États-Unis n'a suscité une telle défiance à sa prise de fonctions.
Avant même d'avoir achevé ses premières 24 heures à la Maison-Blanche, le nouveau président républicain se retrouve interpellé par de multiples catégories d'Américains d'origines très diverses, mais fédérés par une même inquiétude.
«Je ne peux pas soutenir un programme de haine et d'intolérance», a déclaré à Washington Michele Phillips, 45 ans, venue de Troy, dans l'Etat de New York.

Des centaines de Canadiennes à Washington

Des centaines de femmes canadiennes ont déferlé dans les rues de Washington, brandissant des pancartes sur lesquelles figuraient des feuilles d'érable et l'expression «soeurs de nord».
Des résidants de la capitale américaine sortaient sur leur portique pour lancer des mots d'encouragement ou pour croquer des photos de la foule. D'autres distribuaient gratuitement du café.
Une femme a indiqué à un homme qui se trouvait sur un des portiques qu'elle et ses amies étaient venues du Canada. «Vraiment?», a-t-il répondu, incrédule.
Environ 600 Canadiens - pour la plupart des femmes - ont fait le voyage en autobus pendant la nuit à destination de Washington, partant de Toronto, Montréal, d'Ottawa et de Windsor.
Plusieurs Canadiens qui participaient à la marche de samedi ont confié à La Presse canadienne qu'ils avaient senti l'urgence d'intervenir dans la foulée des commentaires controversés lancés par Donald Trump durant la campagne électorale.
Bon nombre de femmes se sont senties marginalisées, a fait valoir Sadaf Jamal, une Canadienne de 38 ans qui a dit vouloir aider celles-ci à «se lever fièrement».
«Je suis une femme musulmane et c'est pourquoi je marche, parce que je veux donner le pouvoir aux femmes musulmanes», a-t-elle dit alors qu'elle était à bord de l'autobus parti de Toronto pour se rendre dans la capitale américaine.
«Pourquoi serions-nous marginalisées? Il n'y a rien de mal avec nous. Nous sommes des femmes talentueuses, courageuses. Nous pouvons être ce que nous voulons.»
D'autres Canadiens désireux de joindre le rassemblement de Washington ont toutefois été refoulés à la frontière, a indiqué une militante québécoise, Katina Binette, qui affirme avoir reçu un appel d'amies qui ont dû rebrousser chemin. Les trois, «jeunes dans la vingtaine» qui étaient dans un même véhicule, «n'ont aucun antécédent», a-t-elle précisé.
«On les a refoulées à la frontière (...) prenant leurs empreintes, leurs photos, leur demandant où ils allaient. Elles ont mentionné qu'elles allaient à la marche des femmes et (les agents) leur ont demandé s'elles étaient pour ou contre (le) président.»
Toutes trois sont restées coincées pendant une heure et demie à la douane, a rapporté Mme Binette, qui a aussi fait le trajet en voiture avec quatre autres personnes.
«C'est des personnes qui militent en plus: une coordonnatrice d'une organisation de défense des droits de la personne», a-t-elle dit au sujet de ses amies qui n'ont pas pu se rendre à la marche.
Une citoyenne canado-américaine, Elizabeth Wolfenden, a confié avoir pleuré pendant des heures quand Donald Trump a été élu, en novembre.
La jeune femme de 18 ans, dont plusieurs proches demeurent toujours aux États-Unis, a expliqué qu'elle entreprenait d'abord faire le trajet avec sa mère. Elle a toutefois décidé d'y aller seule alors que sa mère est blessée.
«Je veux seulement vraiment prendre part à l'histoire», a dit celle qui effectue son premier voyage en solo.
«Je pense que ce sera historique et je veux dire que j'y étais, que j'ai fait quelque chose, que j'ai tenté de faire une différence et que j'ai laissé ma voix être entendue ainsi que j'ai joint un mouvement qui, je pense, est vraiment important.»

De Sydney à Londres

«Virons Trump» : en écho à la «Marche des femmes» de Washington, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans plusieurs villes du monde, dont Sydney, Londres ou Paris.
Comme aux États-Unis, où des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Washington et plusieurs villes du pays, une grande manifestation a eu lieu à Londres sur l'emblématique Trafalgar Square. Les rues environnantes étaient noires de monde, les organisateurs revendiquant 100 000 participants.
Parmi eux et comme de nombreux autres ailleurs dans le monde, Hannah Bryant, une employée de musée, portait un «pussy hat», bonnet rose à oreilles de chats spécialement tricoté pour l'occasion et devenu le symbole de l'opposition à Donald Trump.
Car «pussy», désignant en anglais un chat ou un sexe féminin, est le mot utilisé par Donald Trump dans une vidéo qui avait fait scandale en octobre. Le milliardaire s'y vantait de pouvoir se payer les femmes qu'il voulait et de les «attraper par la chatte».
Écoeuré, Oliver Powell, un acteur de 31 ans, veut «que la majorité des Américains qui n'ont pas voté pour lui sachent qu'on les soutient dans le monde entier».
D'autres veulent croire au sursaut. «Pour moi cette manifestation porte un message d'espoir», a estimé Sarah Macdonald, une chef d'entreprise de 51 ans. «Ça va galvaniser les partis progressistes, démocrates et les partis de gauche qui dans ce pays ont connu l'échec dans les urnes.
Les «pussy hats» étaient de mise aussi à Paris, où environ 7000 personnes ont manifesté sur l'esplanade du Trocadéro, avec la Tour Eiffel en toile de fond, au milieu de drapeaux américains.
Parmi eux, de nombreuses femmes, dont Andreia Rossi, Brésilienne de 39 ans, venue protester «contre tout ce que Trump représente, contre le fascisme, l'extrême droite. C'est très dangereux, il a menti à ceux qui l'ont élu et ça peut arriver en France».
«On pense aux personnes noires, gaies, lesbiennes, trans, et aux femmes qui vont devoir vivre au moins quatre ans avec un président qui est contre leurs droits et donc leur existence», s'est insurgée à Montpellier un militant de l'association homosexuelle «Les soeurs de la perpétuelle indulgence», travesti en religieuse comme il se doit.
«Menteur en chef»
«Trump, Liar in chief» («Trump, menteur en chef»), proclamait aussi une pancarte d'une autre manifestation en France, à Marseille (sud-est).
Émanant au départ d'un simple appel sur Facebook d'une retraitée américaine, la marche a trouvé d'autres échos en Europe.
À Amsterdam, où quelque 4000 personnes ont brandi des banderoles devant le consulat américain clamant en anglais ««Pussies» contre la haine, le racisme, le sexisme et la peur», «Make America Sane Again» («Rendre à l'Amérique sa raison», en référence au slogan de Trump durant la campagne électorale «Make America Great Again», rendre à l'Amérique sa grandeur), selon la page Facebook de l'événement.
À Genève, quelque 2500 hommes et femmes de tous âges ont aussi bravé le froid pour clamer en anglais «Des ponts pas des murs», «La résistance est un devoir quand l'injustice devient la loi» ou encore «Le changement climatique est réel» sur des pancartes.
Ils étaient environ 700 personnes à Berlin devant la porte de Brandebourg, en face de l'ambassade des États-Unis, entre 400 et 500 femmes à Rome devant le Panthéon et quelque 700 à Barcelone, où certaines portaient des pancartes avec des slogans en anglais comme «He is not my president» (Il n'est pas mon président).
«Trump est une honte pour l'Amérique», «Non à la violence contre les femmes», proclamaient à Lisbonne des pancartes agitées par plusieurs centaines d'Américains et Portugais devant l'ambassade des États-Unis.
«Il ne représente que les riches et les blancs, il détruit tout ce que Obama a fait en huit ans», s'est emportée Terri Blakley, une retraitée américaine de 66 ans.
À Prague, le jeune chanteur Adam Misik, idole des adolescents tchèques, a entonné la chanson «Let It Be» des Beatles, reprise en choeur par les quelque 300 manifestants qui brandissaient des caricatures de Trump et du président russe Vladimir Poutine, qui passe pour satisfait du nouveau locataire de la Maison-Blanche.
L'appel a aussi été entendu en Afrique du Sud où une centaine de personnes s'est mobilisée à Durban, scandant notamment «dans notre Amérique, nous sommes tous égaux».
Auparavant, l'Australie et la Nouvelle-Zélande avaient ouvert le bal avec des milliers de personnes à Sydney et Melbourne, ainsi qu'à Wellington et Auckland, pour dénoncer le mépris régulièrement montré, selon elles, par Trump envers les femmes.

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