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Publié le 16 janvier 2017 à 06h53 | Mis à jour à 16h45
James Mattis, ancien général des Marines choisi par Donald Trump pour diriger le Pentagone, a mis en garde contre la volonté de Vladimir Poutine de «casser» l'OTAN. Une affirmation qui semble aller à l'encontre des propos du président désigné.
Publié le 16 janvier 2017 à 06h53 | Mis à jour à 16h45
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MATTHIEU DEMEESTERE
Agence France-Presse
Bruxelles
Agence France-Presse
Bruxelles
Les dirigeants européens et l'administration américaine sortante ont fermement répliqué à Donald Trump qui table sur une poursuite de la fragmentation de l'Union européenne après le Brexit.
À cinq jours de sa prise de fonctions vendredi, le président élu des États-Unis a multiplié les déclarations corrosives, en particulier sur l'Europe et l'OTAN, qualifiée d'«obsolète», dans un entretien dimanche avec les quotidiens britannique Times et allemand Bild.
Le milliardaire républicain, qui a estimé que le Royaume-Uni avait eu «bien raison» de quitter une Union européenne selon lui dominée par l'Allemagne, a prédit que le Brexit serait un «succès» et que d'autres pays quitteraient l'UE.
Il a aussi jugé que la chancelière allemande Angela Merkel avait commis «une erreur catastrophique» en ouvrant son pays aux migrants en 2015 et a établi un lien entre cette politique controversée et l'attentat du 19 décembre à Berlin (12 morts).
«Je pense que nous, les Européens, avons notre destin dans nos propres mains. Je vais continuer de m'engager pour que les 27 États membres travaillent ensemble vers l'avenir (...) face aux défis du XXIe siècle», a rétorqué Mme Merkel au cours d'une conférence de presse à Berlin.
La chancelière, qui n'a pas souhaité répondre dans le détail, a également réitéré sa position sur le lien transatlantique.
Le président François Hollande a quant à lui martelé que l'UE n'avait «pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle a à faire».
«Je vous l'affirme ici, l'Europe sera toujours prête à poursuivre la coopération transatlantique, mais elle se déterminera en fonction de ses intérêts et de ses valeurs», a-t-il encore dit en décorant l'ambassadrice américaine à Paris, Jane Hartley.
Le secrétaire d'État américain sortant, John Kerry, a pour sa part dénoncé les «propos déplacés» du président élu sur l'Union européenne et la «courageuse» chancelière allemande Angela Merkel, dans un entretien avec CNN International à Londres.
«Je pense que l'Union européenne va rester unie, je suis à 100% convaincue de cela», a, de Bruxelles, réagi Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'UE.
Elle s'exprimait à l'issue d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères largement accaparée par les propos de M. Trump, entre appels au front uni de l'UE et volonté de dédramatiser.
«La meilleure réponse à l'interview du président américain, c'est l'unité des Européens», a plaidé le Français Jean-Marc Ayrault.
«Inquiétude» à l'OTAN
De son côté, l'OTAN a redit sa «confiance absolue» dans le maintien d'un «engagement fort» des États-Unis, au moment où certains pays européens - en particulier ceux situés sur le flanc est de l'Alliance - s'inquiètent de l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, synonyme de possible détente avec Moscou.
Aux quotidiens Times et Bild, M. Trump a affirmé que l'OTAN était «obsolète, parce qu'elle a été conçue il y a des années et des années» et «parce qu'elle ne s'est pas occupée du terrorisme». En outre, a-t-il assuré, les pays membres «ne payent pas ce qu'ils devraient».
Seuls cinq des 28 pays de l'OTAN (États-Unis, Royaume-Uni, Estonie, Grèce, Pologne) respectent un niveau de dépenses militaires au moins équivalent à 2% de leur produit intérieur brut, le seuil souhaité par l'Alliance. Les États-Unis garantissent environ 70% de ses dépenses militaires.
En sortant d'un rendez-vous avec le chef de l'OTAN Jens Stoltenberg, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier n'a pas caché l'«inquiétude» de l'Alliance atlantique.
Parler d'une OTAN «obsolète», a-t-il toutefois relevé, c'est «en contradiction avec ce que le (futur) ministre de la Défense américain a dit lors de son audition à Washington il y a seulement quelques jours».
James Mattis, ancien général des Marines choisi par M. Trump pour diriger le Pentagone, a mis en garde contre la volonté du président russe Vladimir Poutine de «casser» l'OTAN.
Une UE «en mode attente»
Des déclarations de nature à rassurer la plupart des Européens attachés au maintien d'une position intransigeante vis-à-vis de Moscou, en plein conflit ukrainien.
Un diplomate européen a décrit à l'AFP une UE «en mode attente» face à des positions parfois contradictoires dans le futur gouvernement des Etats-Unis. «Un président n'est pas seul» pour décider, a relevé un autre diplomate.
Le chef de la diplomatie espagnole Alfonso Dastis a souhaité donner du temps à Donald Trump, pour qu'il «apprenne à connaître l'UE et l'OTAN de l'intérieur». «J'espère qu'il changera d'avis», a-t-il ajouté.
Donald Trump a évoqué dimanche la possibilité d'un accord avec la Russie sur la réduction des arsenaux nucléaires en échange de la levée des sanctions qui la frappent, alors que l'UE vient de reconduire ses sanctions économiques.
Concernant l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, lui aussi fragilisé par la transition Obama/Trump, Mme Mogherini a souligné que l'Union le jugeait «extrêmement important» et continuerait à oeuvrer à son «respect».
Pour le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, il existe désormais une «possibilité de montrer à M. Trump que l'Europe n'est pas seulement une communauté solidaire» mais qu'elle «prend les Affaires étrangères au sérieux et sait bien que si l'on détruit la politique étrangère, les conséquences en seront d'une très grande portée».
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