http://quebec.huffingtonpost.ca/
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Au départ, la jeune femme de 29 ans voulait utiliser sa tribune lors de la finale de Miss Canada 2016 afin de partager l’histoire des immigrants syriens qui, comme elle, se sont intégrés et participent à la société québécoise.
Mais son message a changé lorsque le Parlement canadien a adopté sa motion pour condamner le boycottage d’Israël. Les conservateurs et une majorité de libéraux – dont le premier ministre – ont voté en faveur de cette motion. Le NPD et le Bloc québécois ont voté contre.
« Le gouvernement de Justin Trudeau est hypocrite, affirme-t-elle sans détour. Beaucoup de gens avaient espoir. Mais le fait de vendre des blindés à l’Arabie saoudite, pendant qu’on sait très bien que Raïf Badawi est là-bas avec 1000 coups de fouet, pendant que la liberté des femmes est opprimée, quand on empêche la liberté d’expression en condamnant le mouvement BDS, c’est vraiment très décevant. »
« Ça va contre toutes les valeurs dont Justin Trudeau parle quand il dit qu’on est pour la liberté d’expression, qu’on est contre les crimes de guerre. Pourtant, on fait affaire avec eux. C’est aberrant. On est très déçus. »
Lors de la finale du concours Miss Québec 2015, Hala a utilisé sa plateforme pour dénoncer la violence physique, psychologique et sexuelle faite aux filles et aux femmes à travers le monde. Elle a aussi demandé une enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada, souhait qui a été exaucé par le gouvernement Trudeau quelques mois après.
Elle a voulu répéter l’expérience avec Miss Canada en 2016. Mais cette fois, c’était pour s’en prendre aux libéraux qui justifient les crimes de guerre d’Israël à son avis.
« Quand on voit des enfants-soldats, tout le monde le condamne. Quand on voit la famine ou la dictature, on va s’insurger. Mais Israël peut faire tout ça sans que personne ne s’insurge, sans que personne ne condamne ou sinon, ils condamnent à faible voix, sans donner aucune conséquence », critique-t-elle.
« Il y a des gens qui meurent de faim, qui n’ont pas accès à l’eau, qui n’ont pas de liberté d’expression, qui sont des citoyens de troisième classe. C’est le seul endroit dans le monde entier où l’on regarde quelque chose comme ça et on l’applaudit. C’est pour cela que c’est ma cause à moi. Les gens sont oubliés parce qu’ils ne veulent pas se battre. »
Hala a quitté la Syrie avec ses parents et sa soeur lorsqu’elle était enfant. Son père - qui sentait déjà la soupe chaude sous la dictature de Hafez el-Assad, le père de Bachar - voulait quitter avant qu’une guerre civile éclate et oblige des millions de citoyens à fuir leur pays.
Pourtant, c’est le sort du peuple palestinien qui la préoccupe. « Je ne me suis jamais vue comme une Syrienne qui doit se battre pour la Syrie. Je me suis toujours vue comme humaine et je dois me battre pour l’humanité », se justifie-t-elle.
L’ingénieure civile dit vouloir maintenant « redonner » tout ce que le Québec lui a apporté. « Si je pouvais, je prendrais les causes du monde entier sur moi. Mais je n’en suis pas capable », réitère-t-elle.
Hala n’a pas remporté le concours de Miss Canada. En fait, elle ne voulait pas gagner. Elle aura tout de même réussi à devenir « la voix pour ceux qui n’en avaient pas » et à écorcher le gouvernement du haut de son piédestal.
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OTTAWA - Une ancienne candidate du concours Miss Canada pense qu’il est «hypocrite» de la part du gouvernement Trudeau de se porter à la défense de la liberté d’expression tout en vendant des blindés en Arabie saoudite et en condamnant le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).
« J’ai trouvé ça tellement effronté de la part du gouvernement qui se bat pour la liberté d’expression à l’extérieur, mais qui nous empêche de parler. Non seulement ça, mais on me dit quels produits j’ai le droit de boycotter ou pas », déplore Hala Yassin, en entrevue avec Le Huffington Post Québec.
« J’ai trouvé ça tellement effronté de la part du gouvernement qui se bat pour la liberté d’expression à l’extérieur, mais qui nous empêche de parler. Non seulement ça, mais on me dit quels produits j’ai le droit de boycotter ou pas », déplore Hala Yassin, en entrevue avec Le Huffington Post Québec.
Au départ, la jeune femme de 29 ans voulait utiliser sa tribune lors de la finale de Miss Canada 2016 afin de partager l’histoire des immigrants syriens qui, comme elle, se sont intégrés et participent à la société québécoise.
Mais son message a changé lorsque le Parlement canadien a adopté sa motion pour condamner le boycottage d’Israël. Les conservateurs et une majorité de libéraux – dont le premier ministre – ont voté en faveur de cette motion. Le NPD et le Bloc québécois ont voté contre.
« Le gouvernement de Justin Trudeau est hypocrite, affirme-t-elle sans détour. Beaucoup de gens avaient espoir. Mais le fait de vendre des blindés à l’Arabie saoudite, pendant qu’on sait très bien que Raïf Badawi est là-bas avec 1000 coups de fouet, pendant que la liberté des femmes est opprimée, quand on empêche la liberté d’expression en condamnant le mouvement BDS, c’est vraiment très décevant. »
« Ça va contre toutes les valeurs dont Justin Trudeau parle quand il dit qu’on est pour la liberté d’expression, qu’on est contre les crimes de guerre. Pourtant, on fait affaire avec eux. C’est aberrant. On est très déçus. »
Bien plus qu'un joli visage
L’activiste de 29 ans est membre du conseil d’administration de l’organisation palestiniens et juifs unis (PAJU). Depuis des années, elle s’implique aussi dans la lutte contre le SIDA, le cancer et s’investit auprès des centres jeunesse. Elle a aussi organiséune marche à Montréal en l’honneur de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela en 2013.
Mais Hala, une ingénieure civile, n’est pas seulement engagée – elle est aussi très jolie. Et puisqu’elle est jolie, elle serait écoutée par les médias. Une amie lui a donc suggéré de tenter sa chance dans des concours de beauté afin d’ajouter de la substance aux habituels discours de paix dans le monde.
Il fallait auparavant convaincre son cercle militant de laisser l’une de ses porte-paroles se parader en robe tout en prêchant le féminisme et en dénonçant les mesures anti-austérité du gouvernement. Pas question de la faire participer à un concours en bikini.
L’activiste de 29 ans est membre du conseil d’administration de l’organisation palestiniens et juifs unis (PAJU). Depuis des années, elle s’implique aussi dans la lutte contre le SIDA, le cancer et s’investit auprès des centres jeunesse. Elle a aussi organiséune marche à Montréal en l’honneur de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela en 2013.
Mais Hala, une ingénieure civile, n’est pas seulement engagée – elle est aussi très jolie. Et puisqu’elle est jolie, elle serait écoutée par les médias. Une amie lui a donc suggéré de tenter sa chance dans des concours de beauté afin d’ajouter de la substance aux habituels discours de paix dans le monde.
Il fallait auparavant convaincre son cercle militant de laisser l’une de ses porte-paroles se parader en robe tout en prêchant le féminisme et en dénonçant les mesures anti-austérité du gouvernement. Pas question de la faire participer à un concours en bikini.
"C’est le seul endroit dans le monde entier où l’on regarde quelque chose comme ça et on l’applaudit."
Lors de la finale du concours Miss Québec 2015, Hala a utilisé sa plateforme pour dénoncer la violence physique, psychologique et sexuelle faite aux filles et aux femmes à travers le monde. Elle a aussi demandé une enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées au Canada, souhait qui a été exaucé par le gouvernement Trudeau quelques mois après.
Elle a voulu répéter l’expérience avec Miss Canada en 2016. Mais cette fois, c’était pour s’en prendre aux libéraux qui justifient les crimes de guerre d’Israël à son avis.
« Quand on voit des enfants-soldats, tout le monde le condamne. Quand on voit la famine ou la dictature, on va s’insurger. Mais Israël peut faire tout ça sans que personne ne s’insurge, sans que personne ne condamne ou sinon, ils condamnent à faible voix, sans donner aucune conséquence », critique-t-elle.
« Il y a des gens qui meurent de faim, qui n’ont pas accès à l’eau, qui n’ont pas de liberté d’expression, qui sont des citoyens de troisième classe. C’est le seul endroit dans le monde entier où l’on regarde quelque chose comme ça et on l’applaudit. C’est pour cela que c’est ma cause à moi. Les gens sont oubliés parce qu’ils ne veulent pas se battre. »
Deux poids, deux mesures
C’est lors d’un cours de cégep sur l’histoire du Moyen-Orient que Hala s’est intéressée au conflit israélo-palestinien. Petit à petit, elle a commencé à marcher dans les rues pour la liberté de la Palestine – une « cause perdue » selon ses dires.
« Je ne comprenais pas pourquoi, dans les autres pays, quand on voit quelque chose d’affreux arriver, on n’hésite pas à condamner, tandis qu’en Palestine, on applaudit la répression. Ce n’est même pas comme si on n’en parle pas, on l’applaudit, on l’encourage », critique la jeune femme.
« Le seul moyen qu’on a pour se battre, c’est avec notre liberté de choix et notre liberté d’expression », poursuit Hala. Si le mouvement BDS lui tient à cœur, c’est parce qu’il s’agit d’une « façon pacifique » de manifester son désaccord avec les États voyous.
Jusqu’à maintenant, des dizaines de syndicats et d’associations étudiantes – dont la Confédération des syndicats nationaux et la Fédération des femmes du Québec – ont joint leur voix au boycottage d’Israël.
« Pour qu’Israël finisse par se rendre compte qu’ils font quelque chose de mal, comme [lors de l’apartheid] en Afrique du Sud, c’est d’essayer de les serrer, de les isoler pour leur dire d’arrêter. C’est notre moyen, ça fonctionne et parce que ça fonctionne, Israël dénonce le mouvement BDS. »
C’est lors d’un cours de cégep sur l’histoire du Moyen-Orient que Hala s’est intéressée au conflit israélo-palestinien. Petit à petit, elle a commencé à marcher dans les rues pour la liberté de la Palestine – une « cause perdue » selon ses dires.
« Je ne comprenais pas pourquoi, dans les autres pays, quand on voit quelque chose d’affreux arriver, on n’hésite pas à condamner, tandis qu’en Palestine, on applaudit la répression. Ce n’est même pas comme si on n’en parle pas, on l’applaudit, on l’encourage », critique la jeune femme.
« Le seul moyen qu’on a pour se battre, c’est avec notre liberté de choix et notre liberté d’expression », poursuit Hala. Si le mouvement BDS lui tient à cœur, c’est parce qu’il s’agit d’une « façon pacifique » de manifester son désaccord avec les États voyous.
Jusqu’à maintenant, des dizaines de syndicats et d’associations étudiantes – dont la Confédération des syndicats nationaux et la Fédération des femmes du Québec – ont joint leur voix au boycottage d’Israël.
« Pour qu’Israël finisse par se rendre compte qu’ils font quelque chose de mal, comme [lors de l’apartheid] en Afrique du Sud, c’est d’essayer de les serrer, de les isoler pour leur dire d’arrêter. C’est notre moyen, ça fonctionne et parce que ça fonctionne, Israël dénonce le mouvement BDS. »
"Le seul moyen qu’on a pour se battre, c’est avec notre liberté de choix et notre liberté d’expression."
Hala a quitté la Syrie avec ses parents et sa soeur lorsqu’elle était enfant. Son père - qui sentait déjà la soupe chaude sous la dictature de Hafez el-Assad, le père de Bachar - voulait quitter avant qu’une guerre civile éclate et oblige des millions de citoyens à fuir leur pays.
Pourtant, c’est le sort du peuple palestinien qui la préoccupe. « Je ne me suis jamais vue comme une Syrienne qui doit se battre pour la Syrie. Je me suis toujours vue comme humaine et je dois me battre pour l’humanité », se justifie-t-elle.
L’ingénieure civile dit vouloir maintenant « redonner » tout ce que le Québec lui a apporté. « Si je pouvais, je prendrais les causes du monde entier sur moi. Mais je n’en suis pas capable », réitère-t-elle.
Hala n’a pas remporté le concours de Miss Canada. En fait, elle ne voulait pas gagner. Elle aura tout de même réussi à devenir « la voix pour ceux qui n’en avaient pas » et à écorcher le gouvernement du haut de son piédestal.
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