2 mars 2016 | Marie Vastel - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
Photo: Darryl Dyck La Presse canadienne |
Les critiques ont fusé de plus belle dans l’Ouest canadien, à la suite de l’annonce du dépôt d’une injonction par le gouvernement québécois dans le dossier Énergie Est. L’Ouest s’indigne, mais le premier ministre Justin Trudeau refuse de croire que ce désaccord mènera à une véritable crise d’unité nationale.
Ce nouveau revirement complique toutefois les pourparlers de cette semaine entre Ottawa et les provinces, M. Trudeau espérant discuter de prix sur le carbone alors que ces mêmes dirigeants de l’Ouest ne veulent rien savoir.
À peine le ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, avait-il entamé sa conférence de presse que déjà des politiciens d’Alberta et de Saskatchewan s’indignaient sur Twitter.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, a carrément prévenu qu’il évaluait la possibilité d’imposer des mesures commerciales pour protéger les intérêts de l’Ouest et faire répliquer au Québec qu’« assez, c’est assez ». « Certains au Canada prétendent que si on accepte une taxe sur le carbone dans l’Ouest, cela permettrait d’obtenir un appui pour les oléoducs à travers le pays. Et puis, comment ça se passe ? » a-t-il ajouté sur Twitter. Un argument repris par des conservateurs fédéraux albertains.
« Si le Québec ne veut pas appuyer Énergie Est, il peut renvoyer ses paiements de péréquation et expliquer pourquoi il préfère le pétrole d’Arabie saoudite au pétrole canadien », a pour sa part renchéri Brian Jean, chef du parti albertain de droite Wildrose.
La première ministre de la province, Rachel Notley, s’est montrée prudente pour l’instant.« Je ne sortirai pas le fusil avant qu’on en soit à la bataille. […] Je ne suis pas du même avis que d’autres, qui croient qu’on doit se lancer dans un scénario plus diviseur, lancer des injures. » Mais Mme Notley a noté qu’elle comprenait le sentiment de certains voulant que l’Alberta a été une « contributrice exceptionnellement généreuse à la santé économique du pays » et qu’il était logique « qu’on soit fâchés si la même réponse ne nous revient pas en temps difficiles ». Elle a en outre argué que ce sont l’Office national de l’énergie et le gouvernement fédéral qui prendront la « décision finale ».
La chicane reprenait donc de plus belle, après que l’opposition des maires de la région de Montréal eut mené au même genre de reproches il y a un mois. Le premier ministre Trudeau refuse cependant de s’inquiéter. « Je n’ai jamais pensé que de souligner les désaccords ou les opinions divergentes dans ce pays était une menace à l’unité nationale. Nous sommes bien plus forts que ça. »
Or, cette opposition québécoise est la faute du premier ministre lui-même, selon ses rivaux conservateurs. M. Trudeau affirmait l’an dernier qu’Énergie Est n’avait pas encore obtenu la« licence sociale […] pour que ça passe ». « C’est sûr que quand on part avec ce préjugé-là dans la tête, ça permet à tout le monde de s’opposer joyeusement comme si de rien n’était », a déploré le député Gérard Deltell.
Quelques heures plus tôt, M. Trudeau revenait sur cette « acceptabilité sociale » nécessaire aux projets d’oléoducs d’intérêt national. « Même si les gouvernements accordent les permis, ultimement seules les communautés accordent la permission. »
Rencontre tendue à l’horizon
Ce nouveau débat Est-Ouest survient cependant à quelques jours d’une rencontre des premiers ministres fédéral et provinciaux pour causer de lutte contre les changements climatiques. Justin Trudeau a prévenu ses homologues qu’ils plancheraient sur un « cadre pancanadien » qui comprendra des « solutions politiques flexibles — y compris des mécanismes de prix sur le carbone ».
Les premiers ministres Wall, Greg Selinger du Manitoba et Darrell Pasloski du Yukon se sont opposés à l’imposition d’un prix sur le carbone. Les deux premiers briguent leur réélection ce printemps.
M. Trudeau a cependant semblé rappeler ses homologues à l’ordre, mardi. Invité à détailler comment il en arriverait à une entente lors de la rencontre de jeudi à Vancouver, le premier ministre a argué qu’il avait bien hâte « de parler de cet engagement conjoint que nous avons tous pris à Paris il y a quelques mois ». MM. Wall et Selinger étaient à la COP21 lorsque le Canada a signé l’entente internationale et promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement fédéral prévoit de mettre sur pied des groupes de travail qui sonderont les provinces et proposeront des solutions, en vue d’un processus national qui serait annoncé dans six mois.
Coderre salue la décision de Québec
Denis Coderre a applaudi la décision du gouvernement du Québec de demander une injonction pour forcer TransCanada à se plier aux lois québécoises.
Selon lui, l’entreprise pétrolière aurait dû d’elle-même prendre les dispositions pour respecter les lois environnementales du Québec. « TransCanada n’a rien compris. Quand le gouvernement du Québec est obligé d’aller en injonction pour faire respecter sa loi et s’assurer qu’on peut avoir l’ensemble des outils, ça va loin », a commenté le maire.
Denis Coderre assure que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) demeure toujours opposée au projet Énergie Est malgré les propos du maire de Montréal-Est, Robert Coutu, qui, en entrevue au Devoir a affirmé que les maires pourraient approuver le projet si TransCanada « faisait ses devoirs ». « Ce qu’a dit le maire de Montréal-Est — comme on a toujours dit —, c’est que ce projet-là est mauvais. On a besoin d’une étude environnementale complète sur cette question », a expliqué M. Coderre.
Selon lui, l’entreprise pétrolière aurait dû d’elle-même prendre les dispositions pour respecter les lois environnementales du Québec. « TransCanada n’a rien compris. Quand le gouvernement du Québec est obligé d’aller en injonction pour faire respecter sa loi et s’assurer qu’on peut avoir l’ensemble des outils, ça va loin », a commenté le maire.
Denis Coderre assure que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) demeure toujours opposée au projet Énergie Est malgré les propos du maire de Montréal-Est, Robert Coutu, qui, en entrevue au Devoir a affirmé que les maires pourraient approuver le projet si TransCanada « faisait ses devoirs ». « Ce qu’a dit le maire de Montréal-Est — comme on a toujours dit —, c’est que ce projet-là est mauvais. On a besoin d’une étude environnementale complète sur cette question », a expliqué M. Coderre.
Jeanne Corriveau
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