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lundi, novembre 30, 2015

COP21: Obama appelle le monde à «être à la hauteur»

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Publié le 30 novembre 2015 à 06h18 | Mis à jour à 08h08
«Nous avons le pouvoir de déterminer notre avenir... (PHOTO KEVIN LAMARQUE, REUTERS)
PHOTO KEVIN LAMARQUE, REUTERS
«Nous avons le pouvoir de déterminer notre avenir ici et aujourd'hui, mais seulement si nous nous montrons à la hauteur de l'enjeu», a lancé le président Obama devant quelque 150 dirigeants rassemblés au Bourget, près de la capitale française.

CATHERINE HOURSHERVÉ ASQUIN
Agence France-Presse
LE BOURGET
Le président américain Barack Obama a appelé lundi les dirigeants du monde à «être à la hauteur» des enjeux que pose le réchauffement inédit de la planète, lors de la conférence mondiale sur le climat de Paris.
«Nous avons le pouvoir de déterminer notre avenir ici et aujourd'hui, mais seulement si nous nous montrons à la hauteur de l'enjeu», a-t-il lancé devant quelque 150 dirigeants rassemblés au Bourget, près de la capitale française.
Le dirigeant du deuxième pays le plus émetteur de gaz à effet de serre (derrière la Chine) a également rejeté avec force l'argument selon lequel la lutte contre le changement climatique serait une mauvaise nouvelle pour l'économie.
«Nous avons prouvé qu'il n'y a plus de conflit entre croissance économique forte et protection de l'environnement», a-t-il lancé. «Nous avons brisé les vieux arguments de l'inaction (...) Cela devrait nous donner de l'espoir».
Citant Martin Luther King qui a expliqué qu'un moment vient toujours où il est «trop tard pour agir», il a souligné que, sur le climat, ce moment était désormais proche.
«Mais si nous agissons ici, si nous agissons maintenant (...) alors il ne sera pas trop tard», a-t-il aussitôt ajouté.
«Savoir que la prochaine génération bénéficiera de ce que nous faisons ici, pouvons-nous imaginer une récompense plus gratifiante», s'est-il encore interrogé.
Les États-Unis se sont engagés sur une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025, par rapport à 2005.
Le président français Francois Hollande.... (PHOTO THIBAULT CAMUS, ASSOCIATED PRESS) - image 2.0
Le président français Francois Hollande.
PHOTO THIBAULT CAMUS, ASSOCIATED PRESS

«Un immense espoir», dit François Hollande

Le président François Hollande a exhorté lundi les quelque 150 dirigeants de la planète réunis au Bourget pour la COP21 à ne pas «décevoir» l'«immense espoir» suscité par cette conférence, lors de son ouverture officielle.
«Il s'agit de décider ici, à Paris, de l'avenir même de la planète», a souligné le chef de l'État français, parlant d'un «jour historique» alors que «jamais une conférence n'avait accueilli autant d'autorités d'autant de pays».
«Nous sommes au pied du mur... il n'est pas infranchissable», a-t-il ajouté.
«Les bons sentiments, les déclarations d'intention ne suffiront pas, nous sommes au bord d'un point de rupture», a-t-il insisté.
Au terme de la conférence, «le 12 décembre, un accord doit être trouvé à Paris», a souligné François Hollande, qui demande un accord «différencié, universel et contraignant».
Pour le président français, un «bon accord, un grand accord» reposerait sur «trois conditions». La première, selon lui, serait de «dessiner une trajectoire crédible permettant de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 degrés Celsius ou même 1,5 degré».
La deuxième, a-t-il poursuivi, serait d'apporter «au défi climatique une réponse solidaire» alors qu'«aucun État ne doit pouvoir se soustraire à ses engagements» même si les écarts de développement doivent être «pris en compte».
«Les pays développés doivent assumer leur responsabilité historique, ce sont eux qui ont émis pendant des années le plus de gaz à effet de serre; les pays émergents doivent accélérer leur transition énergétique, les pays en développement doivent être accompagnés dans leur adaptation aux impacts climatiques», a-t-il résumé.
Quant à la troisième condition, c'est, a-t-il poursuivi «que toutes nos sociétés, dans leur grande pluralité, diversité, se mettent en mouvement».
Après une minute de silence qui a précédé son discours en hommage aux victimes des attentats djihadistes du 13 novembre à Paris, François Hollande a affirmé: «Ces événements tragiques nous affligent, mais en même temps, nous obligent».
«Ce qui est en cause avec cette conférence sur le climat, c'est la paix» alors que «le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l'orage», a-t-il développé.
«Il provoque des migrations qui jettent sur les routes plus de réfugiés que n'en génèrent les guerres» tandis que «des États risquent de ne plus pouvoir satisfaire les besoins vitaux de leurs populations avec des risques de famine, d'exode rural ou d'affrontements pour accéder à ce bien de plus en plus rare qui s'appelle l'eau», a-t-il fait valoir.
«Menaces terribles»
«Le monde fait face à deux menaces terribles, le terrorisme et le changement climatique», a déclaré Manuel Pulgar-Vidal, le ministre péruvien de l'Environnement, président de la conférence climat de Lima de 2014, en ouvrant la COP21, avant de passer le relais à Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, qui préside la réunion de Paris.
Dans le parc d'expositions du Bourget (nord de Paris), transformé en forteresse après les attentats jihadistes du 13 novembre, l'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, le Canadien Justin Trudeau et leurs homologues du monde entier ont été accueillis par le président français François Hollande et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, protégés par 2800 policiers et militaires en alerte.
Le marathon des négociations doit durer jusqu'au 11 décembre.
Dimanche, plusieurs dirigeants, dont Barack Obama, la présidente du Chili Michelle Bachelet, le premier ministre japonais Shinzo Abe, sont venus se recueillir devant le Bataclan, salle de spectacle où 90 personnes, de jeunes gens pour l'essentiel, ont été tuées.
Au Bourget, les leaders du monde vont s'exprimer à tour de rôle - pendant 3 minutes maximum - sur l'engagement de leur pays pour le climat.
La veille, de nombreuses marches dans le monde entier ont réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants qui ont réclamé «un accord climatique fort». Elles ont été ternies à Paris par des échauffourées qui ont donné lieu à plus de 300 interpellations.
«C'est la conférence de l'espoir qui peut changer beaucoup de choses», a dit lundi matin Laurent Fabius sur la radio France Inter.
Barack Obama a indiqué être «optimiste sur ce que nous pouvons accomplir», dans un court texte posté sur Facebook.
Selon le China Daily, M. Xi devait «galvaniser» la COP21 afin de favoriser «un accord historique, équilibré et juste», défendant notamment «les intérêts des économies en développement».
Impulsion politique
La COP21 accueille 10 000 délégués et autant d'observateurs et journalistes: c'est la plus grande conférence sur le climat, la plus grande concentration de chefs d'État réunis par l'ONU hors son Assemblée annuelle, la plus grande réunion diplomatique jamais organisée en France...
Objectif de ces deux semaines: élaborer le premier accord engageant l'ensemble de la communauté internationale à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement global à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Le constat est établi: le monde se réchauffe, sous l'effet des émissions issues de la combustion des énergies fossiles, mais aussi des modes de production agricole et d'une déforestation chaque année plus intense.
Du Pakistan aux îles du Pacifique, de la Californie aux vignobles du Bordelais en France, le climat déréglé bouleverse des régions entières: sécheresses, côtes grignotées par la mer, récifs coralliens rongés par l'acidification des océans...
Au-delà de +2°C, les scientifiques redoutent un emballement: cyclones à répétition, chute des rendements agricoles, submersion de territoires, de New York à Bombay...
En vue de la conférence de Paris, 183 pays (sur 195) ont publié des plans de réduction de leurs émissions, une participation inespérée qui place cependant encore le monde sur une trajectoire de +3°C.
Le sommet, à l'initiative de la France, vise à donner une «impulsion politique» à un processus de négociations qui reste difficile, tant cette question touche aux fondements des économies et du développement.
Tous les pays ont leurs «lignes rouges» qu'ils ne voudront pas franchir, les pays du Sud par exemple appelant le Nord, responsable historique du réchauffement, à honorer ses promesses financières.
Pressés d'avancer sur le projet d'accord, les négociateurs ont repris leurs travaux dimanche et doivent se retrouver lundi soir.
Cette journée devrait aussi être rythmée par de nombreuses rencontres bilatérales, au-delà du climat.
Sur fond de conflit syrien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit vouloir rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine, après que l'aviation turque a abattu mardi un bombardier russe.
M. Obama va s'entretenir avec MM. Xi et Modi, M. Hollande avec les présidents palestinien Mahmoud Abbas et égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
La capitale française vivait aussi à l'heure de la COP21, surveillée par 6300 membres des forces de l'ordre et  soumise à des restrictions de circulation.