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Publié le 01 octobre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 06h21
Un pasteur baptiste a battu et maltraité pendant des années plusieurs jeunes garçons qu'il gardait prisonniers dans son sous-sol, dans un quartier résidentiel de Québec.
Publié le 01 octobre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 06h21
PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL |
Un pasteur baptiste a battu et maltraité pendant des années plusieurs jeunes garçons qu'il gardait prisonniers dans son sous-sol, dans un quartier résidentiel de Québec.
Au sous-sol, des jeunes battus à coups de poing et maltraités, soumis à la tyrannie d'un pasteur baptiste qui les y emprisonnait. Au rez-de-chaussée, une garderie en milieu familial.
Le jumelé anonyme d'un quartier résidentiel de Québec au centre d'une intervention de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et d'une enquête de la police de Québec pour maltraitance extrême accueillait aussi des bambins d'âge préscolaire, a apprisLa Presse. Ils n'auraient toutefois pas été victimes de sévices.
Cette information émerge alors que le pasteur en cause nie - par la voix de son avocat - avoir commis un geste criminel. «Il nie totalement quelque mauvais traitement que ce soit», a fait valoir MeStéphane Beaudoin.
La ministre déléguée à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), choquée par les révélations d'hier, a ordonné le déclenchement de vérifications internes sur l'intervention des services sociaux. «L'ensemble du dossier» a troublé Lucie Charlebois, selon son attachée de presse Alexandra Bernier.
La Presse a révélé hier que deux mineurs ont été placés en famille d'accueil au début de l'année après avoir passé respectivement six et dix ans confinés au sous-sol du pasteur de leur communauté religieuse. Les jugements en protection de la jeunesse évoquent des coups de poing au ventre, des séances d'exercices interminables sans manger et un contrôle de tous les instants.
«Tu capotes un peu», dit un parent
Le ministère de la Famille n'a pas pu confirmer à La Pressel'existence d'une garderie dans la résidence. En début de journée, la porte-parole avait toutefois souligné qu'une garderie en milieu familial de moins de six enfants n'a pas à s'enregistrer auprès des autorités.
Selon nos informations, ce sont des femmes proches du pasteur faisant l'objet de l'enquête qui s'occupaient des enfants.
«Quand la DPJ t'appelle à 23h un soir de semaine et te réveille pour te dire qu'ils ont eu une plainte concernant le milieu de garde de ton enfant, et de ne pas l'envoyer jusqu'à nouvel ordre... Tu capotes un peu», a confié à La Presse le parent d'un enfant qui a fréquenté la garderie au cours des dernières années.
«Personne ne peut te confirmer quoi que ce soit, car l'enquête débute. Quelques semaines plus tard, j'ai finalement appris par la DPJ que cela ne touchait pas les enfants de la garderie. Mais je ne connaissais pas les faits reprochés...»
En entrevue, hier, la DPJ de la région de Québec a affirmé ne pas pouvoir agir directement sur l'accueil d'enfants dans un milieu qui fait l'objet d'une enquête.
«Nous, c'est sûr qu'on n'a pas la légitimité de fermer un service de garde», a indiqué Patrick Corriveau, porte-parole de l'organisation. «Notre rôle, c'est de sensibiliser, de faire des recommandations, de faire parfois de fortes recommandations aux parents de retirer un enfant d'un milieu.»
«Dans un dossier comme celui dont on se parle, comme DPJ, c'est certain qu'on va s'assurer qu'il n'y a plus d'enfants en contact par exemple avec un individu problématique», a-t-il ajouté. «Et c'est certain qu'on s'assurerait de sécuriser le milieu.»
«Rien à se reprocher»
Les juges de Chambre de la jeunesse qui ont dépeint le pasteur de l'Église baptiste évangélique de Québec-Est comme un tortionnaire ont tout faux, selon Stéphane Beaudoin, avocat de ce dernier.
«C'est sûr qu'il n'a rien à se reprocher. C'est sûr et certain que c'est complètement nié», a indiqué Me Beaudoin en entrevue téléphonique. «On ne sait même pas s'il va être accusé, mais s'il est accusé, c'est sûr et certain que ça va être contesté.»
«C'est sûr qu'il y en a des enfants qui lui ont été confiés. Mais il nie totalement quelque mauvais traitement que ce soit», a-t-il ajouté.
Le criminaliste a confirmé qu'une perquisition avait eu lieu chez son client. Les policiers auraient toutefois fait déposer plusieurs requêtes pour prolonger le délai dont ils disposent pour faire enquête sur les articles saisis.
Me Beaudoin s'est opposé, en vain, à l'une d'elles.
L'avocat a aussi reconnu avoir tenté - encore une fois en vain - d'assister aux audiences qui ont mené au placement en famille d'accueil de mineurs. «C'est sûr que [le pasteur] aurait aimé savoir ce qu'on lui reprochait exactement», a indiqué Me Beaudoin. Les juges ont refusé qu'il demeure dans la salle d'audience.