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Publié par La Presse Canadienne le lundi 28 septembre 2015 à 22h44. Modifié par Charles Payette le mardi 29 septembre 2015
TORONTO - À trois semaines du vote, Stephen Harper a dû défendre l'image qu'il a façonnée du Canada depuis qu'il est au pouvoir. Le premier ministre sortant a été attaqué par Thomas Mulcair et Justin Trudeau lors d'un débat de presque deux heures portant uniquement sur les enjeux internationaux.
On en parle en ondes :
Le débat, organisé par l'Institut Munk, lundi soir, se tenait à Toronto devant une salle de presque 3000 spectateurs qui ont souvent applaudi, parfois hué, chacun des trois chefs. Le public a même trouvé quelques occasions pour rire des déclarations des chefs conservateur, néo-démocrate et libéral.
Même s'ils ont concentré leurs attaques contre M. Harper, MM. Mulcair et Trudeau ont également réussi à s'écorcher à quelques reprises, particulièrement lorsqu'il a été question de la loi antiterroriste C-51 que le NPD reproche au Parti libéral d'avoir appuyée.
M. Harper «veut que nous ayons peur qu'un terroriste se cache derrière n'importe quelle feuille ou roche autour de nous», a ironisé M. Trudeau, qui a aussi dit croire que M. Mulcair voulait que les Canadiens craignent la mise en place d'un «État policier».
M. Mulcair s'est défendu en affirmant avoir eu le courage de ses convictions en votant contre le projet de loi C-51. Et il a fait le parallèle entre cette loi et celle sur les mesures de guerre de la Crise d'octobre au Québec.
«Nous avons examiné (C-51) et savions que c'était mauvais, de la même façon que le NPD a été le seul parti à se tenir debout en 1970 quand Pierre Trudeau a mis des centaines de Canadiens en prison sans procès et sans accusations», a lancé le chef néo-démocrate.
M. Trudeau semblait n'attendre que cette salve pour sortir de ses gonds et invoquer le fantôme de son père décédé précisément 15 ans plus tôt.
«Au cours de cette campagne, avec des références directes et indirectes, ces deux hommes ont à un moment ou l'autre attaqué mon père. Laissez-moi vous dire que je suis incroyablement fier d'être le fils de Pierre Eliott Trudeau et d'avoir été élevé selon ses valeurs», a-t-il rétorqué.
Il s'est réclamé de l'héritage de son père en citant la Charte des droits, le multiculturalisme et le bilinguisme, «qui veut dire d'affirmer la même chose en français que ce que vous diriez en anglais», a-t-il ajouté, accusant par ce sous-entendu M. Mulcair de tenir un double discours.
Parler d'enjeux internationaux veut dire parler de terrorisme et de commerce international, mais aussi de changements climatiques. C'est sur ce talon d'achille conservateur que M. Trudeau s'est concentré, prenant pour témoin le public.
«Pendant la décennie passée, le Canada a eu une croissance économique avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre», s'est vanté M. Harper.
«Il parle comme ça tout le temps, comme si le Canada est un leader en matière d'environnement. Je pense qu'il commence même à se croire», a lancé le chef libéral, provoquant les rires de la salle.
Les chefs néo-démocrate et libéral ont même réussi à faire bifurquer la discussion qui devait porter sur la souveraineté du Canada en Arctique, un des sujets de prédilection de M. Harper, pour attaquer leur rival conservateur sur son bilan en environnement et sur les conditions de vie des Premières Nations.
M. Trudeau a raillé les séances de photos prises en plein été là-bas, mettant en scène M. Harper, alors que selon lui, les communautés dans le Nord — aux prises avec des problèmes de sécurité alimentaire et d'infrastructure — sont peu impressionnées par son gouvernement.
«L'une des choses qu'ils répètent à votre sujet M. Harper est que vous n'avez qu'un gros traîneau, et pas de chiens», a-t-il lancé.
M. Mulcair a assuré que l'une de ses premières priorités si son parti remportait les élections le 19 octobre serait de régler une fois pour toute la crise du logement dans le Nord. M. Harper a pour sa part signalé qu'il y avait fait des investissements sans précédent et s'est dit ravi de constater l'éveil de conscience de ses adversaires politiques sur le dossier, s'y attribuant le crédit.
Partenariat transpacifique et gestion de l'offre
Alors qu'il envoie son ministre du Commerce international à Atlanta, mercredi, régler les derniers détails d'une entente de libre-échange entre 12 pays — le Partenariat transpacifique (PTP) —, M. Harper a été attaqué sur cette question par M. Mulcair.
«Les fermes de production laitière (...) sont extrêmement préoccupées», a souligné le chef néo-démocrate en rappelant que la gestion de l'offre pourrait être sacrifiée sur l'autel du PTP.
«Vous n'avez pas la vision ni la détermination qu'il faut pour vous asseoir à la table, prendre les décisions difficiles et obtenir une entente», a reproché M. Harper à ses adversaires. «C'est ce que nous sommes en train de faire», a-t-il ajouté.
Terrorisme ici et ailleurs
Le débat a commencé avec une question sur la lutte contre l'État islamique (ÉI), M. Harper insistant sur la nécessité de poursuivre les bombardements aériens en Syrie et en Irak, et MM. Trudeau et Mulcair expliquant pourquoi ils voulaient mettre fin à la participation canadienne à cette mission.
«La seule façon (...) de les empêcher (...) de planifier des attaques contre nous, c'est de maintenir la pression militaire sur eux», a insisté M. Harper en parlant de l'ÉI.
«M. Harper n'a jamais vu un conflit au Moyen-Orient auquel il n'aurait pas voulu envoyer des soldats canadiens, en commençant par la guerre de George W. Bush en Irak, en 2003», a lancé M. Trudeau.
M. Mulcair a souligné que 60 pays participent à la lutte contre l'ÉI, et que seuls 12 d'entre eux le font en bombardant du haut des airs les positions de l'ÉI. «Non, nous ne pensons pas que notre place est dans cette mission de combat», a insisté M. Mulcair.
Le ton est monté quand M. Trudeau a accusé M. Harper de s'engager sur une pente glissante en révoquant la citoyenneté canadienne de ceux qui sont condamnés pour terrorisme. M. Harper s'est indigné en lui demandant pourquoi ne pas le faire, puisque le terrorisme n'est pas à la hauteur de ce qu'on s'attend des Canadiens. Les deux politiciens se sont mis à parler en même temps, pour l'un des rares échanges plutôt cacophoniques de la joute; une cacophonie à laquelle le public a ajouté en huant.
Réfugiés
Les trois hommes ont également défendu chacun leur approche face à la crise de réfugiés.
«Les gens sont quasiment unanimes à travers le pays; on se doit de faire plus», a plaidé M. Trudeau.
«L'hiver dernier, il y a des enfants qui sont morts de froid (...) Faisons plus M. Harper, il n'y a plus de prétexte possible», a repris en écho M. Mulcair.
M. Harper a répété que l'approche de son gouvernement était «responsable». «Nous n'avons pas ouvert les vannes. Certains pays européens se sont mis à laisser entrer tout le monde et maintenant, ils cherchent à renverser leurs politiques», a affirmé le chef conservateur sans dire à quels pays il faisait référence.
C'est la deuxième fois de la campagne que M. Harper fait référence à des pays européens qui regretteraient leur générosité face aux migrants. La première fois, il n'a pas voulu spécifier de quels pays il parlait ni ce qu'il y aurait à regretter.
Sur le plan de l'aide internationale, les chefs néo-démocrate et libéral ont critiqué la politique des conservateurs de ne pas inclure l'avortement dans leur programme sur la santé maternelle, qualifiant cette approche d'idéologique et de doctrinaire.
«Notre plan est de rallier le monde», a répliqué M. Harper, laissant entendre que cela n'est pas possible si on offre des services d'avortement.
Un débat à trois seulement
Comme pour le débat sur l'économie, les organisateurs ont exclu Elizabeth May. La leader du Parti vert a donc cherché à se faire entendre, durant la soirée, en utilisant les médias sociaux. Elle a affiché sur Twitter des vidéos offrant ses réponses aux sujets soulevés à Toronto.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'était pas non plus de la partie, pas plus que Jean-François Fortin, chef de la jeune formation Forces et Démocratie.
L'Institut Munk avait annoncé un débat bilingue même si le modérateur posait toutes ses questions en anglais. Les trois chefs ont eu le choix de la langue pour leurs réponses et leurs échanges.
Même s'ils ont concentré leurs attaques contre M. Harper, MM. Mulcair et Trudeau ont également réussi à s'écorcher à quelques reprises, particulièrement lorsqu'il a été question de la loi antiterroriste C-51 que le NPD reproche au Parti libéral d'avoir appuyée.
M. Harper «veut que nous ayons peur qu'un terroriste se cache derrière n'importe quelle feuille ou roche autour de nous», a ironisé M. Trudeau, qui a aussi dit croire que M. Mulcair voulait que les Canadiens craignent la mise en place d'un «État policier».
M. Mulcair s'est défendu en affirmant avoir eu le courage de ses convictions en votant contre le projet de loi C-51. Et il a fait le parallèle entre cette loi et celle sur les mesures de guerre de la Crise d'octobre au Québec.
«Nous avons examiné (C-51) et savions que c'était mauvais, de la même façon que le NPD a été le seul parti à se tenir debout en 1970 quand Pierre Trudeau a mis des centaines de Canadiens en prison sans procès et sans accusations», a lancé le chef néo-démocrate.
M. Trudeau semblait n'attendre que cette salve pour sortir de ses gonds et invoquer le fantôme de son père décédé précisément 15 ans plus tôt.
«Au cours de cette campagne, avec des références directes et indirectes, ces deux hommes ont à un moment ou l'autre attaqué mon père. Laissez-moi vous dire que je suis incroyablement fier d'être le fils de Pierre Eliott Trudeau et d'avoir été élevé selon ses valeurs», a-t-il rétorqué.
Il s'est réclamé de l'héritage de son père en citant la Charte des droits, le multiculturalisme et le bilinguisme, «qui veut dire d'affirmer la même chose en français que ce que vous diriez en anglais», a-t-il ajouté, accusant par ce sous-entendu M. Mulcair de tenir un double discours.
Parler d'enjeux internationaux veut dire parler de terrorisme et de commerce international, mais aussi de changements climatiques. C'est sur ce talon d'achille conservateur que M. Trudeau s'est concentré, prenant pour témoin le public.
«Pendant la décennie passée, le Canada a eu une croissance économique avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre», s'est vanté M. Harper.
«Il parle comme ça tout le temps, comme si le Canada est un leader en matière d'environnement. Je pense qu'il commence même à se croire», a lancé le chef libéral, provoquant les rires de la salle.
Les chefs néo-démocrate et libéral ont même réussi à faire bifurquer la discussion qui devait porter sur la souveraineté du Canada en Arctique, un des sujets de prédilection de M. Harper, pour attaquer leur rival conservateur sur son bilan en environnement et sur les conditions de vie des Premières Nations.
M. Trudeau a raillé les séances de photos prises en plein été là-bas, mettant en scène M. Harper, alors que selon lui, les communautés dans le Nord — aux prises avec des problèmes de sécurité alimentaire et d'infrastructure — sont peu impressionnées par son gouvernement.
«L'une des choses qu'ils répètent à votre sujet M. Harper est que vous n'avez qu'un gros traîneau, et pas de chiens», a-t-il lancé.
M. Mulcair a assuré que l'une de ses premières priorités si son parti remportait les élections le 19 octobre serait de régler une fois pour toute la crise du logement dans le Nord. M. Harper a pour sa part signalé qu'il y avait fait des investissements sans précédent et s'est dit ravi de constater l'éveil de conscience de ses adversaires politiques sur le dossier, s'y attribuant le crédit.
Partenariat transpacifique et gestion de l'offre
Alors qu'il envoie son ministre du Commerce international à Atlanta, mercredi, régler les derniers détails d'une entente de libre-échange entre 12 pays — le Partenariat transpacifique (PTP) —, M. Harper a été attaqué sur cette question par M. Mulcair.
«Les fermes de production laitière (...) sont extrêmement préoccupées», a souligné le chef néo-démocrate en rappelant que la gestion de l'offre pourrait être sacrifiée sur l'autel du PTP.
«Vous n'avez pas la vision ni la détermination qu'il faut pour vous asseoir à la table, prendre les décisions difficiles et obtenir une entente», a reproché M. Harper à ses adversaires. «C'est ce que nous sommes en train de faire», a-t-il ajouté.
Terrorisme ici et ailleurs
Le débat a commencé avec une question sur la lutte contre l'État islamique (ÉI), M. Harper insistant sur la nécessité de poursuivre les bombardements aériens en Syrie et en Irak, et MM. Trudeau et Mulcair expliquant pourquoi ils voulaient mettre fin à la participation canadienne à cette mission.
«La seule façon (...) de les empêcher (...) de planifier des attaques contre nous, c'est de maintenir la pression militaire sur eux», a insisté M. Harper en parlant de l'ÉI.
«M. Harper n'a jamais vu un conflit au Moyen-Orient auquel il n'aurait pas voulu envoyer des soldats canadiens, en commençant par la guerre de George W. Bush en Irak, en 2003», a lancé M. Trudeau.
M. Mulcair a souligné que 60 pays participent à la lutte contre l'ÉI, et que seuls 12 d'entre eux le font en bombardant du haut des airs les positions de l'ÉI. «Non, nous ne pensons pas que notre place est dans cette mission de combat», a insisté M. Mulcair.
Le ton est monté quand M. Trudeau a accusé M. Harper de s'engager sur une pente glissante en révoquant la citoyenneté canadienne de ceux qui sont condamnés pour terrorisme. M. Harper s'est indigné en lui demandant pourquoi ne pas le faire, puisque le terrorisme n'est pas à la hauteur de ce qu'on s'attend des Canadiens. Les deux politiciens se sont mis à parler en même temps, pour l'un des rares échanges plutôt cacophoniques de la joute; une cacophonie à laquelle le public a ajouté en huant.
Réfugiés
Les trois hommes ont également défendu chacun leur approche face à la crise de réfugiés.
«Les gens sont quasiment unanimes à travers le pays; on se doit de faire plus», a plaidé M. Trudeau.
«L'hiver dernier, il y a des enfants qui sont morts de froid (...) Faisons plus M. Harper, il n'y a plus de prétexte possible», a repris en écho M. Mulcair.
M. Harper a répété que l'approche de son gouvernement était «responsable». «Nous n'avons pas ouvert les vannes. Certains pays européens se sont mis à laisser entrer tout le monde et maintenant, ils cherchent à renverser leurs politiques», a affirmé le chef conservateur sans dire à quels pays il faisait référence.
C'est la deuxième fois de la campagne que M. Harper fait référence à des pays européens qui regretteraient leur générosité face aux migrants. La première fois, il n'a pas voulu spécifier de quels pays il parlait ni ce qu'il y aurait à regretter.
Sur le plan de l'aide internationale, les chefs néo-démocrate et libéral ont critiqué la politique des conservateurs de ne pas inclure l'avortement dans leur programme sur la santé maternelle, qualifiant cette approche d'idéologique et de doctrinaire.
«Notre plan est de rallier le monde», a répliqué M. Harper, laissant entendre que cela n'est pas possible si on offre des services d'avortement.
Un débat à trois seulement
Comme pour le débat sur l'économie, les organisateurs ont exclu Elizabeth May. La leader du Parti vert a donc cherché à se faire entendre, durant la soirée, en utilisant les médias sociaux. Elle a affiché sur Twitter des vidéos offrant ses réponses aux sujets soulevés à Toronto.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'était pas non plus de la partie, pas plus que Jean-François Fortin, chef de la jeune formation Forces et Démocratie.
L'Institut Munk avait annoncé un débat bilingue même si le modérateur posait toutes ses questions en anglais. Les trois chefs ont eu le choix de la langue pour leurs réponses et leurs échanges.