http://www.lepoint.fr/societe/
PAR VICTORIA GAIRIN
Modifié le | Le Point.fr
L'Allemagne avait classé l'affaire en 1989. Mais le 11 septembre dernier, Petra Pazsitka est retrouvée vivante et en pleine forme à Düsseldorf...
PAR VICTORIA GAIRIN
Modifié le | Le Point.fr
Tout le pays est sous le choc. En Allemagne, "l'affaire Petra Pazsitka" est un fait-divers tristement célèbre. L'histoire de cette jeune étudiante de 24 ans disparue en 1984 et dont le corps n'avait jamais été retrouvé. Plus de 30 ans plus tard, Petra Pazsitka, aujourd'hui âgée de 55 ans, vient de réapparaître, vivante et en parfaite santé, à près de 300 kilomètres du lieu de sa disparition. Sa famille, ses amis, la justice ont pourtant cru pendant tout ce temps que la jeune femme avait été assassinée en juillet 1984 à Brunswick, dans le Nord du pays. Ce jour-là, Petra sortait d'un rendez-vous chez le dentiste et devait se rendre à la fête d'anniversaire de son frère. Mais elle n'arrivera jamais. La police fait rapidement le rapprochement avec une affaire similaire, le viol et le meurtre d'une adolescente de 14 ans survenus un an auparavant. Quelque temps après la disparition de Petra Pazsitka, un apprenti charpentier avoue les deux meurtres. Affaire classée.
Un simple cambriolage
Jusqu'à ce que, le 11 septembre dernier, une femme de 55 ans se présente au poste de police de son quartier, à Düsseldorf, pour dénoncer un cambriolage. Problème : "Madame Schneider", comme elle se présente elle-même, refuse de montrer ses papiers. Devant l'insistance des agents, elle finit par craquer et par donner sa véritable identité. Elle s'appelle "Petra Pazsitka" et vit depuis plus de 30 ans sans documents d'identité, dans différentes villes allemandes.
"Elle n'avait même pas de compte en banque... Elle payait tout en liquide, travaillait au noir", confie à NBC News un porte-parole de la police de Brunswick. Les circonstances de cette vie passée à éviter les radars de l'administration a beau rester un mystère, la quinquagénaire, comme le souligne la justice allemande, n'est cependant pas en infraction. La voici donc de nouveau déclarée "vivante" et dans les circuits de l'administration. Les motifs de la disparition restent cependant pour le moins énigmatiques. D'autant plus qu'après avoir indiqué que sa famille n'y était pour rien dans sa décision, elle a précisé qu'elle ne souhaitait pas renouer avec son frère et sa mère.
Fugue dissociative
Le psychologue allemand Gerd Zimmek, interrogé dans le Bild , évoque une "fugue dissociative". Il s'agit d'un trouble psychiatrique rare qui fait oublier aux personnes atteintes jusqu'à leur identité. Cette amnésie peut être courte – quelques heures, quelques jours –, mais peut également durer des mois, voire des années. "Je ne peux pas fournir un diagnostic fiable sans avoir rencontré cette femme, poursuit le psychologue. Mais certains éléments sont parfois déclencheurs de ce type de fugue. Il peut s'agir d'une grande exigence envers soi-même, de la peur d'un échec, d'un stress intense..." Au moment de sa disparition, Petra Pazsitka terminait en effet sa thèse en informatique. Sur un sujet que ses collègues de l'époque considéraient comme "extrêmement complexe"