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Les craintes des Palestiniens de voir les juifs autorisés à prier dans ce lieu saint ont été ravivées par des rumeurs sur un plan de partage de l'esplanade.
SOURCE AFP
Publié le | Le Point.fr
Des heurts ont opposé lundi pour le deuxième jour consécutif Palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, après le début du nouvel an hébraïque qui voit les juifs affluer vers le troisième lieu saint de l'islam. Sur l'esplanade même, les violences ont éclaté lorsque les policiers ont essuyé des jets de pierres de la part de jeunes musulmans masqués, a rapporté la police. Quelques dizaines de jeunes, selon des témoins, avaient passé la nuit dans la mosquée al-Aqsa, avec l'intention apparente de protéger l'esplanade contre le risque que les juifs attendus en matinée violent l'interdiction de prier sur les lieux et commettent un sacrilège.
Les violences se sont propagées aux ruelles de la vieille ville. Les policiers ont dispersé à coups de matraque et de grenades assourdissantes des groupes de quelques dizaines de manifestants, dont beaucoup de femmes âgées se proclamant « mourabitate » (« sentinelles » en arabe) scandant « Dieu est le plus grand » et insultant les policiers. Les policiers ont une nouvelle fois frappé des journalistes, parmi lesquels deux photographes de l'AFP. Un policier a poursuivi l'un d'entre eux et l'a fait tomber en le frappant violemment de sa matraque dans le dos et les jambes. Neuf personnes ont été arrêtées dans la matinée, selon la police.
Des centaines de visiteurs
L'ultra-sensible esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs) et ses alentours avaient déjà été le théâtre de violences dimanche, avant le début dans la soirée des fêtes du nouvel an juif. L'approche de ces festivités a ravivé les tensions constantes provoquées par les revendications de certains juifs sur l'esplanade et la crainte chez les musulmans, nourrie par les mises en garde alarmistes et les rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, que le gouvernement israélienn'accède à ces revendications. Malgré les violences, 650 juifs et touristes, bien plus qu'à l'ordinaire, ont effectué la visite dimanche et 500 lundi, selon la police.
L'esplanade des Mosquées est aussi révérée par les juifs comme le mont du Temple, lieu où se dressait le Second Temple détruit par les Romains, dont l'unique vestige, le mur des Lamentations, est situé en contrebas. L'esplanade, située à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée et annexée par Israël, est régie par des règles tacites (appelées statu quo) qui autorisent les juifs à visiter les lieux à certaines heures, mais pas à y prier. Des juifs radicaux militent cependant pour pouvoir y prier et certains rêvent d'y construire le troisième Temple.
Les « sentinelles » interdites
Les inquiétudes musulmanes ont été récemment ravivées par des rumeurs persistantes sur un plan de partage de l'esplanade. Ces craintes sont renforcées par des visites comme celle effectuée dimanche, selon les médias, par le ministre israélien de l'Agriculture Uri Ariel. « Le mont du Temple nous appartient », avait-il dit lors d'une visite en 2013, selon des propos rapportés par le quotidien Jerusalem Post. Le site « doit être ouvert à la prière à toute heure et pour tous les juifs », avait-il ajouté. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, soumis à la pression de la Jordanie, gardienne de l'esplanade en vertu du statu quo, a répété dimanche n'avoir aucune intention de remettre en question les règles existantes. Plusieurs visiteurs juifs interrogés lundi ont refusé de répondre aux questions à leur sortie de l'esplanade.
« Nous sommes inquiets pour Al-Aqsa (nom donné par les musulmans à toute l'esplanade) parce qu'Israël veut la vider, comme il veut vider tout Jérusalem de ses musulmans. Nous n'allons pas prier au mur des Lamentations. Pourquoi devraient-ils prier à Al-Aqsa ? », demande Sanaa Rajabi, une « mourabitate » voilée et vêtue d'une abaya (longue robe noire traditionnelle). Israël a interdit les « sentinelles » la semaine dernière les accusant d'être « l'un des principaux facteurs de tensions sur le site ».
Les violences autour d'Al-Aqsa s'inscrivent dans un contexte de crispations continues entre Palestiniens et Israéliens, d'incidents permanents, avec aucune perspective de règlement du conflit. Un automobiliste israélien de 65 ans est mort après avoir perdu le contrôle de son véhicule, « apparemment à la suite de jets de pierres », alors qu'il circulait dans le sud de Jérusalem dans le quartier palestinien de Sur Baher dans la nuit de dimanche à lundi, a rapporté la police. Benjamin Netanyahu réunira mardi soir plusieurs ministres et responsables de la sécurité et de la justice sur les lanceurs de pierres. Il entend combattre le phénomène « par tous les moyens à sa disposition », a indiqué une source gouvernementale.