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- Par Jean-Marie Guénois
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Dans une interview accordée à la radio catholique portugaise, Radio Renascença et diffusée lundi, le pape François précise sa pensée sur plusieurs sujets dont la question des réfugiés. Interrogé par la journaliste Aura Miguel sur «la crise des réfugiés», il estime que ce que l'on voit actuellement n'est que «la partie émergée de l'iceberg», c'est-à-dire des «gens pauvres qui fuient la guerre et la faim» mais que la partie immergée c'est un «système socio-économique mauvais et injuste, en toute chose, dans le monde». Un système qui au lieu de mettre «la personne au centre» place «le dieu argent».
Il compare donc l'afflux de réfugiés en Europe avec ce qui se passe dans les banlieues pauvres des grandes villes des pays du sud où arrivent des pauvres à la recherche d'un travail. «En Europe, dit le pape, c'est une surprise car l'on peine à croire que ce genre de situations puisse se produire, n'est-ce pas? Et bien cela se produit!».
«Je suis fils de migrants»
Pour résoudre ce problème, poursuit-il, il faut aller «aux causes» en «créant du travail, de l'investissement». Quand la cause est une guerre «il faut travailler à la paix». Sans compter ajoute-t-il que «le monde est en guerre contre lui-même» en «détruisant notre maison commune, l'environnement».
En attendant, lance-t-il, il faut dire «accueillir, accueillir ces gens, les accueillir tels qu'ils sont» affirmant «je sais ce qu'est la migration» car «je suis fils de migrants» mais reconnaissant toutefois qu'il y avait à l'époque - «avant la crise de 1929» - du «travail» pour ceux qui arrivaient. Mais remarquant au passage que «les gens essayent toujours de remplir le vide» en particulier «les pays où il n'y pas d'enfants». C'est ainsi que le «grand challenge de l'Europe est d'être une mère» au sens démographique du terme et non «une grand-mère» qui n'a plus d'enfants.
Une nouvelle fois interrogé sur l'arrivée massive de réfugiés en Europe, le pape François observe: «je dois reconnaître que les conditions de sécurité des frontières ne sont plus ce qu'elles ont été. La vérité est qu'à 400 kilomètres de la Sicile, il y a un groupe terroriste d'une incroyable cruauté. Et qu'il y a un danger d'infiltration. C'est vrai».
Aura Miguel lui demande alors si ce danger pourrait atteindre Rome. Réponse du pape: «Oui, personne n'a dit que Rome serait immunisé contre cette menace. Vous pouvez prendre des précautions en mettant ces gens au travail. Mais nous rencontrons là un autre problème, c'est que l'Europe traverse une très grosse crise de l'emploi. (…) Et les jeunes ne peuvent pas trouver de travail.» Conclusion de François: «Il y a donc un mélange de tout cela et vous ne pouvez pas être simpliste. Mais évidemment si un réfugié de guerre arrive, malgré toutes les précautions de sécurité, nous devons l'accueillir, parce que c'est un commandement de la Bible.»
Le Vatican s'engage à loger «deux familles»
La journaliste lui demande alors si «l'idéal» ne serait toutefois pas que les réfugiés «n'aient pas besoin de fuir et de pouvoir rester dans leur pays»? Et le pape de répondre: «c'est cela, oui.»
Questionné ensuite sur la durée de cet accueil, François rétorque: «aussi longtemps que le Seigneur le voudra. Nous ne savons pas dans combien de temps cela se terminera» et «je veux demander que l'Europe ouvre les yeux et je la remercie pour cela».
Interrogé, enfin, sur la demande que François a faite aux paroisses et institutions religieuses, d'accueillir une famille, François précise: «Une famille et pas seulement une personne. Une famille donne davantage de garanties de sécurité et de maîtrise pour éviter des infiltrations d'un autre genre». En raison des «nombreuses réactions» qu'il reconnaît avoir reçues François précise qu'il n'a pas demandé que les réfugiés soient logés «dans la maison du prêtre» mais dans un «petit appartement» qu'il faut trouver pour «intégrer» cette famille dans «la communauté». D'autant, note-t-il, que «beaucoup de couvents sont quasiment vides». Et que seulement «quatre» institutions religieuses avaient répondu à l'appel qu'il avait lancé en 2013 aux ordres religieux de mettre à disposition des bâtiments pour loger les sans-abri. Pour ce qui est du Vatican lui-même, le pape François s'engage à loger «deux familles».