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jeudi, avril 02, 2015

MISSION CONTRE L’EI La facture atteint plus de 500 millions

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2 avril 2015 | Marie Vastel - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
Le ministre de la Défense Jason Kenney a révélé que le coût différentiel de l’opération militaire en Irak et en Syrie s’élèverait à plus de 400 millions pour la prochaine année.
Photo: Sean Kilpatrick
La Presse canadienne
Le ministre de la Défense Jason Kenney a révélé que le coût différentiel de l’opération militaire en Irak et en Syrie s’élèverait à plus de 400 millions pour la prochaine année.
En allant bombarder le groupe État islamique (EI) jusqu’en Syrie et en prolongeant sa mission d’un an, le gouvernement conservateur fait bondir la facture de cette mission militaire à plus d’un demi-milliard de dollars.
 
Le ministre de la Défense Jason Kenney a révélé, à son entrée aux Communes mercredi, que le coût différentiel de l’opération militaire en Irak et en Syrie s’élèverait à« approximativement 406 millions pour la prochaine année ». Une somme qui s’ajoute aux 122 millions qu’ont coûtés les six premiers mois du déploiement d’avions de chasse, d’appareils de renseignement et d’un avion de ravitaillement en vol, de même que de 600 militaires pour opérer tout ce matériel. Soixante-neuf conseillers militaires sont aussi sur place en Irak pour entraîner les forces kurdes et irakiennes. « Il y aura évidemment des coûts supplémentaires associés au retour de l’équipement au pays et à sa restauration, a consenti le ministre. Le chiffre va évidemment changer. Si le passé est garant de l’avenir, il va probablement augmenter. Mais c’est notre meilleure estimation. »
 
Un chiffre « stupéfiant »,selon le néodémocrate Jack Harris, qui a affirmé ne pas être certain de pouvoir faire confiance au ministre. « Les vrais chiffres ne seront probablement pas connus avant l’élection », a-t-il présumé.
 
Le ministre Kenney a en effet chiffré le coût différentiel de la mission, soit les frais qui n’étaient pas prévus au budget de la Défense et qui y sont ajoutés en raison de l’intervention militaire — en plus des salaires des militaires ou des frais de maintenance d’équipement qui doivent être assumés que l’armée soit dépêchée en mission ou non.
 
Ce coût différentiel avait atteint 100 millions pour la mission de sept mois et demi en Libye, en 2011 — que plusieurs experts ont comparé à la mission contre l’EI car le Canada avait dépêché sensiblement la même flotte d’appareils. L’enveloppe totale avait atteint un peu plus de 347 millions.
 
Coûts gardés secrets
 
M. Kenney a révélé le montant de la facture anticipée de la mission au Moyen-Orient après s’être fait reprocher par l’opposition que les coûts avaient été classifiés « Secret » dans les rapports budgétaires du Conseil du Trésor publiés mardi. Or, c’est parce que les documents ont été approuvés le 9 mars, avant que le gouvernement ait pris sa décision quant à la prolongation de la mission contre l’EI, a fait valoir le ministre Kenney.
 
Cet hiver, le ministre de la Défense du moment, Rob Nicholson, avait refusé de dévoiler le coût des six premiers mois de la mission. En réponse à une question écrite du NPD déposée aux Communes, il avait rétorqué que « toute estimation donnée serait inexacte »,car « une estimation des coûts est une activité dynamique qui évolue à mesure que se précisent la planification et les besoins opérationnels ».
 
Son ministère avait aussi refusé de fournir des informations au directeur parlementaire du budget (DPB), qui tentait de trouver réponse à la même question. Le DPB a été contraint de produire une estimation de son cru, chiffrant une mission de six mois à entre 129 et 166 millions, et une mission d’un an à entre 243 et 351 millions.