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mardi, mars 31, 2015

Le pétrole fait partie du problème, pas de la solution

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Haldimand 4
PHOTO COURTOISIE
BERNARD DRAINVILLE, DÉPUTÉ DE MARIE-VICTORIN
SYLVAIN GAUDREAULT, DÉPUTÉ DE JONQUIÈRE
MISE à JOUR 
Plusieurs croient que pour s’enrichir, le Québec devrait se lancer dans la production de pétrole, ce qui suffirait à convaincre les Québécois de réaliser l’indépendance.
Nous sommes au contraire convaincus que pour bâtir un Québec plus prospère et réaliser l’indépendance, le pétrole fait partie du problème, pas de la solution.
D’abord, parce qu’il n’existe aucune certitude que nous puissions un jour en produire à grande échelle. Et même si cela s’avérait possible, ce serait beaucoup moins payant et attrayant que de construire une économie sans pétrole.
Ce que nous savons, c’est qu’en contribuant fortement à notre énorme déficit commercial, le pétrole nous appauvrit. Le remplacer par de l’énergie propre produite chez nous va nous enrichir. À titre d’exemple, remplacer une voiture à essence par une voiture électrique permet d’économiser 1 500 dollars par année et de soutenir deux fois plus d’emplois au Québec.
Nous savons que le pétrole est responsable de plus de la moitié de nos émissions de gaz à effet de serre. Et nous savons que le Québec a un immense potentiel d’énergie verte et d’efficacité énergétique. Nous formons déjà une des sociétés qui utilisent le moins d’hydrocarbures dans son économie. Voilà des atouts déterminants, qui nous donnent un avantage considérable.
Les pays les plus avancés – Royaume-Uni, Danemark, Allemagne – se sont donné l’objectif de réduire de 80 % ou plus leurs émissions de GES d’ici 2050. Ils le font pour lutter contre les changements climatiques, mais aussi parce que ceux qui vont réussir les premiers la transition énergétique vont aussi devenir les pays les plus prospères de la planète.
Dans quelques jours, nous dévoilerons notre stratégie pour faire du Québec la première économie verte des Amériques. Comme nous l’avons annoncé la semaine dernière, nous voulons que le Québec réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici 2050. Déjà, Pierre-Karl Péladeau nous a emboîté le pas et nous espérons que les autres candidats à la chefferie et les autres partis en feront autant.
Anticosti : le droit de savoir
Dernièrement, le débat s’est transporté sur l’enjeu d’Anticosti. L’année dernière, notre gouvernement a récupéré les droits qui avaient été cédés à des intérêts privés par le gouvernement libéral et un programme d’exploration a été mis en place. 70 millions d’argent public ont été engagés pour en avoir le cœur net. Aujourd’hui, certains voudraient stopper l’exploration, privant la population du droit de savoir, ce qui nous semble déraisonnable, irréaliste et manquer de sens de l’État.
Explorer aujourd’hui ne signifie pas exploiter demain. Les chances que l’exploration nous révèle qu’il n’y a pas de production commerciale possible à Anticosti demeurent élevées, auquel cas, le débat prendra définitivement fin. En cas contraire, nous sommes tous d’accord pour qu’un BAPE soit tenu afin que les Québécois puissent prendre une décision sur des faits établis.
La priorité absolue : une économie sans pétrole
La question spécifique d’Anticosti, actuellement fondée sur des hypothèses non étayées, ne doit pas masquer le débat beaucoup plus large sur la vision d’avenir que nous voulons pour le Québec. La priorité absolue doit être de nous libérer du pétrole, un projet qui marie l’environnement et l’économie et dont le potentiel économique en fait la Baie-James de notre temps.
Le principal obstacle qui se dresse devant nous, c’est le Canada, qui nous entraîne dans la direction opposée. Pour s’enrichir, le Québec ne doit pas prendre la route du Canada, mais plutôt le chemin inverse, en devenant la première économie verte des Amériques. Voilà qui constituera une puissante motivation en faveur de l’indépendance.
Bernard Drainville, député de Marie-Victorin
Sylvain Gaudreault, député de Jonquière