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Publié le 13 mars 2017 à 16h38 | Mis à jour à 16h38
Publié le 13 mars 2017 à 16h38 | Mis à jour à 16h38
«Je demande aux personnes responsables de m'aider à avoir mon fils», a plaidé Azam Jabbari, cet après-midi lors d'un point de presse en compagnie du député Amir Khadir. PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE |
GABRIELLE DUCHAINE
La Presse
La Presse
Un couple d'immigrants iraniens lance un ultime appel à l'aide pour être réuni avec leur fils adoptif de 10 ans, interdit d'entrée au Canada parce que le gouvernement du Québec ne reconnaît pas le processus d'adoption mené dans son pays natal.
L'enfant est coincé en Iran depuis bientôt trois ans. Pourtant, ses parents détiennent tous les papiers officiels pour prouver qu'il a été adopté dans les règles de l'art. La famille demande l'intervention personnelle de la ministre de l'Immigration du Québec, Kathleen Weil.
«Je demande aux personnes responsables de m'aider à avoir mon fils», a plaidé sa maman, Azam Jabbari, cet après-midi lors d'un point de presse, avant de montrer des photos de l'enfant.
À l'époque, cela faisait déjà deux ans qu'il était bloqué en Iran. Ses parents avaient multiplié les démarches pour le faire venir à Montréal. Ils en sont rendus à leur toute dernière chance.
Par la voix du député Amir Khadir, à qui elle a fait appel parce qu'il est lui-même iranien d'origine, la famille a demandé la semaine dernière à la ministre Weil qu'elle octroie à Peiman un certificat de sélection du Québec pour motifs humanitaires. Les Bahrami-Jabbari ont jusqu'au 17 mars pour envoyer un tel document au gouvernement fédéral, sans quoi il sera trop tard. Le dossier d'immigration du garçon sera clos.
«Je crois qu'il est possible, en attendant que la loi [sur l'adoption] soit changée au Québec, que la ministre use de son pouvoir discrétionnaire pour réunir cette famille», a dit le député de Québec solidaire, qui organisait la conférence de presse. «Il ne reste que quatre jours.»
Une reforme de la loi sur l'adoption, vieille de presque 100 ans, est dans les cartons depuis plusieurs années au Québec. La famille de Peiman, tout comme M. Khadir, espérait qu'elle serait modifiée avant la fermeture du dossier d'immigration du garçon à Ottawa. Cela aurait permis au gouvernement du Québec de reconnaitre le processus d'adoption tel qu'il existe en Iran. Mais non. Seule une intervention de la ministre peut maintenant aider Peiman.
Trouvé dans la rue
Reza Bahrami et Azam Jabbari ont recueilli Peiman alors qu'ils vivaient toujours en Iran, en 2012, après l'avoir trouvé mendiant dans la rue. Il avait six ans. Le couple, déjà parents d'une fille, l'a par la suite adopté légalement, avec l'accord de la famille biologique. À la même époque, ils entreprenaient des démarches pour immigrer au Canada.
En avril 2014, Azam, Reza et leur fille Sepideh ont obtenu leur résidence permanente. Pas Peiman. Sur papier, il n'était pas encore officiellement leur fils.
Mère et fille sont venues s'installer à Montréal, alors que Reza restait en Iran avec le garçon pour attendre le jugement officialisant l'adoption. Le papier est finalement arrivé en février 2015.
Quelques mois plus tard, la famille déposait devant le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion du Québec une demande de parrainage pour l'enfant pour regroupement familial. La demande a été refusée. Aux yeux du Québec, Peiman n'est pas un «enfant à charge» de la famille Jabbari-Bahrami.
Pourquoi ? Le jugement définitif du tribunal iranien officialisant le lien de filiation de l'enfant avec sa nouvelle famille est arrivé après que le couple eut obtenu le statut de résident permanent du Canada. En bref, le processus d'adoption effectué en Iran n'est pas reconnu ici.
Selon Québec, même s'il avait commencé ses démarches en Iran, le couple aurait dû reprendre le processus d'adoption au complet auprès d'un organisme québécois en arrivant au pays. Le hic: aucun organisme de chez nous n'a la permission de faire des adoptions en Iran.
Reza est resté avec son fils le plus longtemps possible, mais il a dû quitter Téhéran en 2016 parce qu'il allait perdre son statut de résident permanent, n'ayant pas séjourné au Canada. Il est resté ici un mois, puis il est retourné s'occuper de l'enfant. Il risque de perdre sa chance de devenir citoyen canadien.
Sa femme travaille dans une entreprise d'import-export dans la région de Montréal. Sa fille étudie en comptabilité à l'université Concordia. «Elles ont commencé à (se) faire des racines ici», dit Amir Khadir.
Sans un certificat de sélection du Québec pour Peiman, resteront-elles à Montréal ?
«C'est une décision très difficile, dit Mme Jabbari. C'est très difficile d'être un nouvel immigrant. Nous pourrions déménager ailleurs au Canada, mais il faudra tout recommencer.»
«Nous vivons dans un pays qui supporte les droits de l'homme. Qui supporte les immigrants, les réfugiés. Même les animaux. Alors pourquoi pas mon frère», demande Sepideh.