http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/
Publié le 14 février 2017 à 07h24 | Mis à jour à 07h24
Publié le 14 février 2017 à 07h24 | Mis à jour à 07h24
La métropole profitera de son 375e anniversaire pour modifier son drapeau afin de souligner la contribution des Premières Nations à son histoire. PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE |
Écartés il y a 185 ans des « peuples fondateurs » de Montréal, les autochtones pourront bientôt voir leur place reconnue. La métropole profitera de son 375e anniversaire pour modifier son drapeau afin de souligner la contribution des Premières Nations à son histoire.
« ON VA LE CHANGER »
Lors d'un discours dimanche matin devant de jeunes Montréalais, le maire Denis Coderre a abordé la complexe question de l'identité de Montréal. Soulignant que la métropole était composée de plusieurs communautés, il a glissé au passage que son administration travaillait à modifier le drapeau de la Ville pour mieux refléter ses origines. « On va le changer, on va faire des petites modifications pour respecter les communautés autochtones », a-t-il évoqué. Dans sa remarque, le maire a souligné que les armoiries de Montréal, datant de 1833, cherchaient à représenter « l'ADN des peuples fondateurs » de la ville. Or, aucun rappel des Premières Nations n'apparaît aux armoiries ou au drapeau de la métropole. Le maire s'est engagé à corriger cette erreur, soulignant que « nous sommes en territoire mohawk ». Il a également évoqué un processus de réconciliation dans le cadre des festivités du 375e anniversaire.
LE TEMPS FILE
L'Assemblée des Premières Nations du Québec confirme que la Ville est entrée en contact avec elle à propos de la modification du drapeau de Montréal. « J'en ai discuté à quelques reprises avec le maire. Je pense que c'est une belle reconnaissance. Ça confirme non seulement la présence, mais aussi la contribution des peuples autochtones dans ce que Montréal est devenue », se réjouit le chef Ghislain Picard. La date du 17 mai, jour anniversaire de la fondation de Montréal, a été évoquée pour dévoiler le nouveau drapeau de la ville, mais le temps pourrait manquer. Trouver un symbole - et l'intégrer - est une tâche complexe et délicate. Le dévoilement pourrait ainsi avoir plutôt lieu le 21 juin lors de la Journée nationale des autochtones, en août durant le festival Présence autochtone ou encore en septembre pour souligner l'adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
LE DRAPEAU ACTUEL EXPLIQUÉ
La plupart des Montréalais savent reconnaître le drapeau de leur ville, mais bien peu en connaissent la signification. Le drapeau a été confectionné en 1939, mais ses symboles remontent à la création de la « Corporation de Montréal » et l'adoption de ses armoiries en 1833. À l'époque, la métropole était une ville d'un peu plus de 27 000 habitants, majoritairement anglophones.
La fleur de lys symbolise ainsi l'origine française des premiers Montréalais ; la rose de la maison de Lancastre marque la présence anglaise ; le chardon illustre l'apport des Écossais ; le trèfle souligne la présence irlandaise et la croix héraldique vient rappeler que Ville-Marie a été fondée comme une ville catholique.
PRÉSENCE VIEILLE DE 4000 ANS
Les plus anciennes traces de présence autochtone à Montréal remontent à plus de 4000 ans, selon les fouilles archéologiques. Lors d'un voyage en 1535, l'explorateur Jacques Cartier a noté la présence dans l'île d'un village iroquoien, appelé Hochelaga. Alors, pourquoi les autochtones ont-ils été écartés des peuples fondateurs de Montréal ? L'historien Paul-André Linteau explique que le village avait disparu en 1642 quand Maisonneuve et Jeanne Mance ont fondé Ville-Marie. De plus, les autochtones n'avaient plus de présence permanente dans l'île quand la « Corporation de Montréal » a été créée en 1833. M. Linteau estime d'ailleurs qu'il est faux de dire que les armoiries représentent les quatre peuples fondateurs de Montréal. Il s'agit plutôt des quatre principales communautés qui composaient la population de la métropole quand celle-ci a été incorporée.
QUEL SYMBOLE CHOISIR ?
Ghislain Picard avoue que trouver un symbole pour illustrer la dizaine de nations autochtones du Québec est un exercice délicat. « Il faut faire un peu d'acrobatie », admet-il. Celui-ci espère que Montréal arrivera à trouver un symbole aussi représentatif que l'inukshuk pour les peuples inuits. Spécialiste de l'histoire et des cultures autochtones, Dolorès Contré Migwans estime qu'un canot de type rabaska représenterait le meilleur emblème. L'embarcation a servi de pont entre les peuples autochtones et les colons français. Utilisé pour la traite des fourrures, le rabaska a ainsi contribué au développement de ce marché qui a donné vie à Montréal. Les quatre autres peuples fondateurs étant représentés par un végétal, la chargée de cours de l'Université de Montréal évoque aussi la possibilité d'opter pour un grand pin. Celui-ci est considéré comme un arbre de vie en cosmologie iroquoienne. De plus, l'Arbre de la paix planté pour symboliser la Grande Paix de 1701 est de cette essence.