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Publié le 02 novembre 2016 à 19h18 | Mis à jour le 02 novembre 2016 à 19h18
Publié le 02 novembre 2016 à 19h18 | Mis à jour le 02 novembre 2016 à 19h18
Martin Coiteux, le ministre de la Sécurité publique PHOTO JACQUES BOISSINOT, PC |
(QUÉBEC) Le gouvernement Couillard a annoncé une enquête administrative sur les pratiques de la Sûreté du Québec, qui a confirmé mercredi avoir espionné plusieurs journalistes dans le cadre d'une enquête interne.
Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a annoncé que son ministère se penchera sur la manière dont la force policière a conduit une enquête déclenchée en 2013 pour faire la lumière sur des fuites d'informations aux médias. Il a ainsi répondu favorablement à une demande de la SQ, qui a confirmé quelques heures plus tôt avoir obtenu secrètement copie des registres téléphoniques de six journalistes.
L'enquête en question s'est déroulée sous le règne de Mario Laprise, qui a été nommé par le gouvernement Marois. M. Coiteux dit avoir mené des vérifications, et qu'il s'agirait du seul cas en 20 ans où des journalistes ont été épiés par la force policière.
M. Coiteux a assuré que son ministère a toute l'indépendance nécessaire pour enquêter sur le corps policier dont il est responsable.
«Il y a une totale distance entre les équipes du ministère qui ont à faire respecter les lois et les pratiques au Québec et le corps de police qu'est la Sûreté du Québec, a dit M. Coiteux. Il n'y a pas un cordon ombilical.»
L'enquête de la SQ a été déclenchée en septembre 2013, après des reportages qui révélaient que l'ancien président de la FTQ, Michel Arseneault, a été placé sous écoute électronique. M. Arsenault avait alors écrit au ministre péquiste de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, pour se plaindre de ces fuites aux médias.
La SQ a déclenché l'enquête le jour même où la lettre a été reçue, ce que M. Coiteux juge «curieux».
«Une lettre est arrivée à son cabinet (celui de M. Bergeron) le matin, et le soir une enquête était déclenchée», a observé M. Coiteux.
Bergeron assure qu'il ignorait tout
Stéphane Bergeron a nié toute responsabilité dans l'espionnage de journalistes par la SQ. Il a soutenu mercredi n'avoir jamais été informé que les policiers utiliseraient ce recours.
«Je n'ai pas demandé ça, je n'ai pas autorisé ça, je n'aurais jamais autorisé ça et on ne m'a jamais informé de ça», a-t-il assuré.
Il a cependant confirmé avoir discuté du dossier avec Mario Laprise, qui dirigeait la force policière à l'époque. Il affirme qu'il était accompagné de Martin Prud'homme, sous-ministre à ce moment et chef de la SQ aujourd'hui.
M. Bergeron soutient qu'il était surtout préoccupé par le fait que l'ex-ministre libéral Raymond Bachand avait été informé que M. Arseneault était sous écoute. Il a contacté M. Laprise pour savoir «ce qui en était». Celui-ci l'aurait alors informé qu'une enquête était en cours pour trouver l'origine de la fuite.
Selon l'ancien ministre, il n'était «pas évident» que la SQ pourrait espionner des journalistes dans le cadre de cette enquête. C'est pourquoi il n'a pas demandé à M. Laprise de prendre des précautions en ce sens.
«Je n'ai pas pensé à demander des précautions parce que ce n'est pas mon rôle de demander quoi que ce soit par rapport aux enquêtes, d'une part, et d'autre part, parce qu'il ne me serait même pas venu à l'esprit qu'on puisse se rendre là.»
«Triangle PQ-FTQ-SQ»
Le député de la Coalition avenir Québec, Simon Jolin-Barrette, soupçonne qu'une «intervention politique» a pu mener au déclenchement de l'enquête.
«On peut parler d'un triangle PQ-FTQ-SQ, a-t-il affirmé. Il y a des questions qui se posent et la proposition qu'on fait, la proposition d'une enquête publique, ça permettrait d'entendre tout le monde.»
Selon lui, les nouvelles révélations sur la SQ prouvent la nécessité de tenir une enquête publique dont les commissaires auraient le pouvoir de contraindre des témoins à parler.
Enquête publique
Québec solidaire réclame aussi une enquête publique pour faire la lumière sur les pratiques policières. Le député Amir Khadir craint que le Québec ne glisse vers un «État policier» si rien n'est fait pour prévenir l'espionnage des journalistes.
«Ce genre de pratique n'appartient pas au Québec, a dénoncé M. Khadir. Ce genre de pratique appartient à des pays que je n'ose même pas nommer.»
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