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jeudi, janvier 07, 2016

Un gramme de pot pour chaque député libéral

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Un activiste cherche à rappeler son engagement au gouvernement… qui rappelle à son tour à ses députés que le cannabis est toujours illégal

Dana Larsen, un militant bien connu en Colombie-Britannique a indiqué avoir envoyé un gramme de marijuana aux 184 députés libéraux du pays.
Photo: Jonathan Hayward La Presse canadienne
Dana Larsen, un militant bien connu en Colombie-Britannique a indiqué avoir envoyé un gramme de marijuana aux 184 députés libéraux du pays.

Yann Martel envoyait des livres à Stephen Harper par la poste ? Dana Larsen, un militant pro-marijuana, a pour sa part choisi de poster… du pot à tous les députés libéraux. Un coup fumant qui a forcé le gouvernement à prévenir ses députés que la substance n’est pas encore légale.

Dana Larsen, un militant bien connu en Colombie-Britannique — et ex-candidat du NPD aux élections fédérales en 2008 — a indiqué avoir envoyé un gramme de marijuana aux 184 députés libéraux du pays. Certains, comme Nate Erskine-Smith (Beaches-East York, près de Toronto), ont confirmé l’avoir reçu à leur bureau de circonscription. « Mais je ne l’ai pas (encore) fumé », a-t-il juré mardi sur Twitter.

L’initiative de M. Larsen a incité le Parlement et le gouvernement à émettre des directives aux destinataires. « Certains députés rapportent avoir reçu des colis contenant de la marijuana, écrit dans une note le sergent d’armes adjoint, Patrick McDonell, qui est agent de la sécurité institutionnelle. Si vous vous trouvez dans un bureau de circonscription et que vous recevez un tel colis, veuillez communiquer immédiatement avec l’organisme local d’application de la loi, afin de jeter ce colis de façon convenable. »

Le courrier qui arrive à la Chambre des communes est soumis à un contrôle de sécurité, mais pas celui qui est acheminé directement aux bureaux de circonscription.

Le bureau du whip du gouvernement a lui aussi envoyé aux députés un message leur indiquant de communiquer avec le poste de police local ou avec un constable des Services de protection du Parlement, « afin de discuter des procédures à suivre »« Nous vous déconseillons de jeter ou de disposer du contenu du colis vous-mêmes, ou de le retourner à l’expéditeur », ajoute-t-on.

Ce n’est évidemment pas que la matière soit dangereuse, mais « elle demeure illégale », précisait mercredi le Bureau du premier ministre.

Légaliser

Une fois les considérations de sécurité énoncées, le message du whip (l’ancien général Andrew Leslie) rappelle toutefois que le gouvernement s’est « engagé à légaliser et régulariser l’accès à la marijuana [d’ici la fin du mandat], tout en restreignant son accès pour les enfants et en empêchant les criminels de tirer profit du marché clandestin »« Le gouvernement reconnaît que, dans le passé, l’approche à l’égard de la marijuana n’a pas fonctionné », réitère-t-on.

Dans l’immédiat, Dana Larsen ne craint pas de représailles judiciaires. « Je ne pense pas qu’un député libéral ira appeler la police, a-t-il indiqué au journal The ProvinceEt on le fait, je ne pense pas que la police voudra m’arrêter pour un gramme de pot. »

Interrogé sur ce que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ferait dans le cas où un député appellerait à l’aide, le porte-parole, Laurent Gingras, mentionne qu’une équipe se déplacera pour « disposer du contenu, c’est-à-dire procéder à sa destruction après avoir rempli un rapport ».

Mais, au-delà de ça, le SPVM dit que ce serait aux policiers britanno-colombiens d’agir s’ils le désirent, puisque les lettres sont envoyées de là-bas.

Lecture

L’envoi de Dana Larsen comprend aussi un peu de lecture, soit une copie de son dernier livre, qui porte sur l’histoire de la marijuana au Canada. L’auteur compte plusieurs publications à son actif (dont un livre parodiant Harry Potter — Hairy Pothead and the Marijuana Stone) et possède une longue feuille de route d’activité politique. Il s’est notamment présenté aux élections fédérales en 2000 pour le Parti marijuana, avant de se tourner vers le Nouveau Parti démocratique.

En 2008, il avait dû retirer sa candidature en pleine campagne électorale après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de consommer… du LSD. Il était aussi lié à une entreprise faisant le commerce des semences de coca (plante sud-américaine qui est utilisée dans le processus de fabrication de la cocaïne).

Mercredi, il a expliqué son dernier coup d’éclat en soutenant que « c’est un bon moment[pour que les libéraux] prennent conscience de la place importante que le cannabis occupe dans l’histoire canadienne », alors que le gouvernement est « sur le point de légaliser le cannabis ». L’échantillon de pot envoyé permettra aux députés de découvrir les « effets plaisants » de la plante, dit-il.

Ses envois ne lui ont coûté que le prix du cannabis : l’article 35 de la Loi sur la Société canadienne des postes permet d’envoyer gratuitement des lettres aux députés.