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jeudi, janvier 07, 2016

Critiques de Nathalie Normandeau: d'ex-libéraux montent au créneau

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Publié le 07 janvier 2016 à 07h07 | Mis à jour à 07h07
Monique Jérôme-Forget... (PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE)
Monique Jérôme-ForgetPHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Croteau
MARTIN CROTEAU
La Presse
(Québec) Les critiques de Nathalie Normandeau sur la performance économique du gouvernement Couillard ne sont pas passées inaperçues chez ses anciens collègues du cabinet Charest. Monique Jérôme-Forget estime que l'animatrice radio « rêve en couleur » si elle croit que Québec peut créer des emplois de toutes pièces dans un contexte de volatilité mondiale. Mais son prédécesseur, Michel Audet, aimerait bien que les libéraux se dotent d'une stratégie économique plus claire.

Mme Normandeau «aurait dû être plus modeste»

Nathalie Normandeau aura beau critiquer le bilan économique du gouvernement Couillard, le Québec et le Canada sont avant tout victimes d'un contexte économique mondial instable, estime son ancienne collègue Monique Jérôme-Forget.
« Même si Nathalie voudrait que le fer québécois vaille plus cher, ce n'est pas comme ça que ça se passe dans le vrai monde », ironise-t-elle en entrevue.
Présidente du Conseil du trésor et ministre des Finances sous Jean Charest, Mme Jérôme-Forget siège aujourd'hui au conseil d'administration de la Banque du Canada. Elle juge que l'animatrice de radio « aurait dû être plus modeste » dans ses commentaires, faisant remarquer au passage qu'elle ne possède aucun diplôme économique.
La chute du prix du pétrole et des matières premières a frappé le Canada de plein fouet, note Mme Jérôme-Forget. Certaines provinces, comme l'Alberta et la Saskatchewan, ont essuyé des pertes d'emplois par milliers. Pendant ce temps, les entreprises du Québec et de l'Ontario n'ont pas profité de la dépréciation du dollar canadien pour augmenter leurs exportations.
À cela s'ajoutent les tensions au Moyen-Orient et l'essoufflement de l'économie chinoise, rien pour aider l'économie québécoise.
« Vous avez une situation extrêmement volatile actuellement, et penser une seconde que le Québec est capable de contrer ce qui se passe dans le monde, sincèrement, c'est rêver en couleur. »
Le taux de chômage s'établissait à 7,5 % au Québec en novembre dernier, un seuil qui se trouve « à l'intérieur de bornes acceptables », selon l'ex-ministre. Dans ce contexte, elle voit mal pourquoi le gouvernement devrait investir massivement pour créer des emplois, lui qui vient de consacrer un an et demi à équilibrer les finances publiques au prix de douloureuses compressions.
Monique Jérôme-Forget se montre par ailleurs pessimiste quant à une éventuelle relance de l'économie canadienne. Les prix du pétrole et des métaux étaient encore en chute hier, tandis que les mauvaises nouvelles continuent d'affluer de la Chine.
« Je vois une période où ça va demander une très grande discipline », résume-t-elle.
Michel Audet... (PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE) - image 2.0
Michel Audet
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

«On n'a pas vu un document qui ramasse la stratégie économique du gouvernement»

L'ancien ministre Michel Audet se garde de commenter les critiques de son ancienne collègue Nathalie Normandeau à l'égard du gouvernement Couillard. Mais il aimerait voir Québec présenter un plan de match économique plus clair.
« On n'a pas vu un document qui ramasse la stratégie économique du gouvernement, résume-t-il. C'est peut-être ça qui manque, à mon avis, avec quelqu'un qui présenterait de façon globale la stratégie économique du développement. »
Du reste, M. Audet, qui s'est occupé des portefeuilles du Développement économique et des Finances, juge que le gouvernement Couillard a fait plusieurs gestes pour favoriser la croissance économique.
Il cite en exemple l'investissement de 1,3 milliard pour acquérir une participation dans le programme C Series de Bombardier. Il se dit aussi favorable à la décision d'équilibrer les finances publiques, un exercice qui a entraîné des compressions importantes dans les différents ministères.
« Je ne porterais pas le même jugement [que Mme Normandeau]. Cependant, c'est clair que le gouvernement doit se positionner davantage sur un certain nombre d'enjeux, par exemple le développement de l'économie numérique. »
Le Québec est frappé par les soubresauts de l'économie mondiale, constate l'ex-ministre. Il souligne que la chute des prix des métaux a entraîné l'annulation de certains investissements, par exemple l'usine de silicium de FerroAtlantica, sur la Côte-Nord.
« C'est un cycle, dit-il. Ça dure de 10 à 12 ans et, à un moment donné, ça revient. Dans le cas des ressources naturelles, on n'y peut rien, le cycle est là, et ça va se corriger. Mais il y a des choses sur lesquelles le gouvernement a plus d'influence. »
Michel Audet croit que la chute du dollar canadien a créé des occasions d'affaires pour les entreprises québécoises, qui pourront exporter leurs produits plus facilement. Il a bon espoir que le gouvernement Couillard adoptera de nouvelles mesures dans son prochain budget.
« Compte tenu de l'économie qui rebondit moins vite, dit-il, je m'attends à ce que ce soit la priorité de la prochaine année : qu'on soit davantage orientés vers l'économie. »