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jeudi, décembre 10, 2015

Donald Trump et les otages républicains

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Mise à jour le mercredi 9 décembre 2015 à 17 h 53 HNE  Radio-Canada  Yanik Dumont Baron
Le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump en pleine campagne à Davenport, en Iowa, le 5 décembre 2015.
Le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump
 en pleine campagne à Davenport, en Iowa,
 le 5 décembre 2015.
 Photo :  GI/Getty Images/Scott Olson

Donald Trump a pris les républicains en otage. Leur parti, leurs valeurs, leur course à la présidence. Donald Trump veut la Maison-Blanche, et les républicains aussi. L'un peut-il aller avec l'autre?
Une analyse de Yanik Dumont Baron TwitterCourriel correspondant à Washington 
Les républicains ont dénoncé plus fortement qu'à l'habitude la dernière déclaration controversée de Donald Trump, sa suggestion d'interdire l'entrée aux États-Unis à tout musulman qui n'est pas citoyen. Le sénateur Lindsey Graham, aussi candidat à l'investiture, a été l'un des plus virulents. « Dites-lui d'aller en enfer! Je préfère perdre sans Donald Trump plutôt que d'essayer de gagner avec lui. »
Les dirigeants du Parti républicain se sont aussi fait entendre. Même le grand patron, Reince Priebus, a dit que l'idée de Trump ne représente pas les valeurs du parti. Mais, comme d'autres, le président du parti refuse de dire ce qui arrivera si Trump est choisi comme le candidat des républicains.
La candidature controversée pose des maux de tête aux stratèges républicains. Et la popularité continuelle de Donald Trump apporte aussi des craintes. Le nom de celui qui est en tête du ticket pour l'élection présidentielle a beaucoup d'influence pour les candidats moins connus.
Craintes avouées
« Ça serait dévastateur », expliquait Steve Stivers, un des républicains responsables de la prochaine campagne. Trump nous coûterait des sièges, dit-il. Des sièges au Sénat notamment, où la majorité républicaine est bien mince. On craint aussi que Donald Trump ouvre les portes de la Maison-Blanche aux démocrates.
Malgré les craintes, le Parti républicain est incapable de déloger - ou ne veut pas le faire - Trump de son trône. Des rumeurs circulent. Il y a un assaut de publicité négative financé par des donateurs outrés. On lance des idées aussi. Jeb Bush, qui n'a rien à perdre sauf des millions en banque, pourrait s'attaquer au meneur. Mais rien ne se passe.
On chuchote que les donateurs ont peur de gaspiller leur argent et de ne pas être capables de déloger celui qui a su devenir le roi incontesté de la publicité électorale gratuite. On craindrait aussi de déplaire à ceux qui aiment bien Trump. Une base, qu'on dit solide, d'électeurs dégoûtés par le système politique actuel.
Donald Trump est comme un voyou à moto, expliquait Lauren Fox, de Talking Points Memo. Plus les parents tentent d'en éloigner leur adolescente, plus elle veut sortir avec lui. Une image forte, qui expliquerait le dilemme. Trump divise, mais il attire beaucoup de gens. Des partisans qui lui demeurent fidèles.
Une note d'un stratège républicain circule ces jours-ci dans les boîtes de courriels des gens branchés de Washington. Il s'agit de conseils aux candidats de son parti. La prémisse du document? Trump est devenu le porte-étendard du parti. « Les critiques semblent le rendre plus fort. Trump a gagné des adhérents démocrates, il solidifie [ses appuis chez les républicains] qui se sentent totalement ignorés par la classe dirigeante de Washington », peut-on lire.
Les républicains n'ont peut-être pas d'autre choix. L'autre option semble pire. S'il est maltraité, Trump menace de partir et de se présenter comme indépendant. La course à trois favoriserait les démocrates. Donald Trump tient les républicains en otage. Souffrent-ils du syndrome de Stockholm?