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Mise à jour le lundi 2 novembre 2015 à 5 h 26 HNE
Mise à jour le lundi 2 novembre 2015 à 5 h 26 HNE
C'est l'une des priorités des communautés francophones hors Québec : s'assurer qu'ellesaccueillent suffisamment d'immigrants qui parlent français afin que les francophones ne perdent pas leur poids démographique.
Or, l'Ontario, comme bien d'autres provinces, est loin d'atteindre son objectif. En 2012, elle s'était engagée à ce que 5 % de ses immigrants soient francophones. Le taux actuel oscille plutôt entre 2 % et 3 %, selon la province. Pourquoi ?
1. L'Ontario a tardé à se donner un objectif
Contrairement à d'autres provinces canadiennes, l'Ontario s'est fixé une cible en matière d'immigration francophone il y a trois ans seulement. Avant 2012, c'était surtout le Canada qui décidait pour l'Ontario.
Une grosse différence avec le Manitoba, qui s'est donné un objectif de 7 % il y a une dizaine d'années et qui a exercé plus d'influence pour attirer les francophones sur son territoire.
2. Un objectif, mais peu de gestes concrets
Même si l'Ontario a une cible de 5 % depuis 2012, les gestes concrets tardent à venir. Il y a eu la création d'un comité d'experts qui doit bientôt faire des recommandations. Peu de changement, par contre, sur le terrain, selon certains:
« Concrètement, il n'y a absolument rien. »— Sébastien Skrobos, agent de développement de l'Association canadienne-française de Hamilton
Le ministre provincial de l'Immigration, Michael Chan, rétorque que, depuis 2012, la province a entre autres créé un portail web et qu'elle a augmenté le nombre de services pour aider les immigrants à s'intégrer (et cela inclut les immigrants francophones).
3. Des services en français méconnus des immigrants
Autre gros problème : des immigrants francophones, lorsqu'ils arrivent en Ontario, ne savent pas toujours que leurs enfants peuvent fréquenter des écoles de langue française ou qu'il existe des soins de santé en français dans la province.
Sébastien Skrobos, qui est agent de développement pour l'Association canadienne-française de l'Ontario à Hamilton, nous donne l'exemple d'une famille d'immigrants dont les premiers enfants sont allés à l'école anglaise, simplement parce qu'ils étaient mal informés. Sauf qu'une fois que les enfants se sont habitués à une école, les parents n'ont pas voulu les changer de système.
« À partir du moment, où on commence à avoir des services en anglais, ce n'est pas toujours évident de revenir vers le français. »— Sébastien Skrobos, agent de développement pour l'Association canadienne-française de l'Ontario à Hamilton
Le ministre de l'Immigration de l'Ontario, Michael Chan, reconnaît que les services en français doivent être plus visibles, mais n'est pas prêt à promettre de l'argent pour le moment.
4. Fin du programme « Avantage significatif francophone »
Le programme fédéral a été aboli en 2014. Grâce à lui, les employeurs pouvaient embaucher des travailleurs étrangers francophones, sans avoir à prouver qu'ils avaient épluché toutes les autres options parmi les Canadiens ou les résidents permanents.
« Le programme commençait à porter fruit. [...] C'est au moment où il commençait à lever [...] que malheureusement il a été supprimé. »— Alain Dobi, coordonateur du Réseau de soutien à l'immigration francophone dans le centre et le sud-ouest de l'Ontario
5. Pas d'avantage comparé pour les francophones
Depuis janvier 2015, le gouvernement fédéral a adopté un nouveau système de pointage « Entrée Express » qui connecte les employés qualifiés aux employeurs à travers une banque de données en ligne.
En gros, plus un immigrant potentiel est qualifié dans un domaine en demande, plus il a des chances d'être accepté.
Sauf que le nouveau système ne donne pas de point supplémentaire à un francophone, ce que déplorent des intervenants comme Alain Dobi ou Sébastien Skrobos.
L'Ontario tente quand même de cibler, via ce programme Entrée Express, des travailleurs francophones qui parlent bien anglais et qui sont qualifiés dans des domaines où il y a des besoins.
Reste à voir si le nouveau gouvernement de Justin Trudeau voudra agir dans le dossier.
Le Canada non plus n'atteint pas ses objectifs
Depuis 2003, le gouvernement fédéral s'est aussi donné un objectif en matière d'immigration francophone : que 4,4 % des immigrants qui s'établissent à l'extérieur du Québec soient d'expression française.
Encore une fois, la cible est loin d'être atteinte. On est plutôt autour de 2 %, selon la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).
Même en incluant le Québec, le français est loin derrière les autres langues maternelles parlées par les nouveaux arrivants, selon les chiffres fournis par Citoyenneté Immigration Canada.
Suivez notre série de reportages dans le cadre de la Semaine nationale de l'immigration francophone en ligne et sur les ondes d'ICI Radio-Canada.