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JOSEPH FACAL
MISE à JOUR
JOSEPH FACAL
MISE à JOUR
Quatre Québécois sur 10 se disent souverainistes.
C’est trop faible et stagnant pour poser avec confiance qu’un appui majoritaire à cette idée se dessinera bientôt.
La foi de beaucoup de souverainistes s’est aussi ramollie. Ils se disent vaguement croyants, mais ne pratiquent plus.
Concrètement, les souverainistes ne se sentent plus obligés de voter pour des partis souverainistes.
Éparpillement
Sur la scène fédérale, le Bloc vient de récolter l’appui de moins d’un souverainiste sur deux.
Sur la scène québécoise, les souverainistes qui logent ailleurs qu’au Parti québécois ne semblent pas à la veille d’y retourner.
J’en tire trois observations.
Premièrement, cet éparpillement rend caduc le vieux scénario d’un PQ dirigeant seul le mouvement souverainiste et fixant à sa convenance la démarche référendaire.
Deuxièmement, si ce sont les marques de commerce des partis politiques qui ont mal vieilli, plutôt qu’une idée dont les jeunes n’ont jamais entendu parler sérieusement, alors c’est à une véritable refondation de leur mouvement que les souverainistes doivent s’atteler.
Dans l’histoire, beaucoup de mouvements sociaux ont fait de tels exercices, desquels sont parfois nés de nouveaux partis politiques.
Bref, il faudrait TOUT remettre sur le métier et ne rien exclure a priori.
C’est à une véritable refondation de leur mouvement que les souverainistes doivent s’atteler.
Troisièmement, ne rien exclure, c’est se reposer froidement la question de la pertinence du Bloc québécois, devenue incontournable à la lumière du pire score de son histoire.
Je conviens que ce n’est pas facile. J’ai participé à l’élection partielle dans Laurier Ste-Marie qui se solda par la victoire de Gilles Duceppe le 13 août 1990.
Le Bloc n’existait même pas encore. Nous présentions Gilles Duceppe comme «un candidat indépendant appuyé par Lucien Bouchard».
J’ai participé à l’assemblée de fondation du Bloc à Sorel-Tracy le 15 juin 1991. C’était tellement broche à foin que nos premières cartes de membre n’avaient pas de date d’échéance.
Pendant la campagne fédérale de 1993, j’avais moi aussi mon t-shirt disant: «Je participe à la première et dernière campagne du Bloc».
Il faut aujourd’hui voir les choses en face. Quelque chose s’est brisé, peut-être irrémédiablement, en 2011.
Plus largement, un contingent bloquiste à Ottawa fait-il grimper l’appui à la souveraineté? Non.
Peut-il stopper les initiatives d’un gouvernement fédéral majoritaire? Non.
Peut-il prétendre être la voix autorisée du Québec? Plus maintenant.
Et qui voudra succéder à Gilles Duceppe?
Les 10 députés élus doivent évidemment honorer leur mandat. Mais refuser de se poser la question de l’existence du Bloc commence à ressembler à de l’acharnement thérapeutique.
Ce n’est plus du raisonnement. C’est un acte de foi doublé d’un déni du réel.
Pragmatisme
À l’origine, la création du Bloc reposait sur un calcul essentiellement tactique dans la perspective d’un référendum. On oublie aussi qu’il y avait un mouvement souverainiste vigoureux avant le Bloc.
Il faut de nouveau porter sur le Bloc un regard purement pragmatique.
C’est le résultat des élections québécoises de 2018 qui déterminera s’il sera encore pertinent de tenter d’envoyer des souverainistes à Ottawa.