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JÉRÔME LANDRY
MISE à JOUR
JÉRÔME LANDRY
MISE à JOUR
Ce n’était pas un geste banal pour moi, pas un simple vote entre deux options, j’ai même milité pour le OUI.
Dans les journées qui précédaient le référendum, j’arborais avec fierté mon macaron vert portant l’inscription «Oui et ça devient possible» avec un beau symbole «peace and love».
À l’époque, je fréquentais le cégep Limoilou. Les étudiants qui s’affichaient pour le NON se comptaient sur les doigts d’une main parmi les milliers d’autres qui s’étaient rangés dans le clan souverainiste.
Il faut dire que le camp du OUI avait un accès direct aux salles de cours. Tour à tour, les élus péquistes, les syndicalistes de la CSN étaient venus dans nos classes de sciences politiques nous chanter les louanges du pays indépendant.
L’effet Dumont
Je me souviens aussi de notre rencontre à l’école avec un jeune politicien du nom de Mario Dumont alors âgé de 25 ans. Il était à peine plus vieux que nous et il venait de tourner le dos au «vieux» Robert Bourassa.
Il avait aussi l’air de savoir où il s’en allait avec cette histoire de nouveau pays, il inspirait la confiance et le calme. Il y avait aussi Lucien Bouchard, un des rares politiciens qui réussissait à capter l’attention des adolescents que nous étions comme celle des plus vieux.
Mais avec du recul, je sais que la raison principale de mon appui à la souveraineté était tout simplement que je n’avais rien à perdre. Facile de plonger dans l’inconnu quand tes parents paient ton logement et ton épicerie!
Et à bien y penser, j’ai aussi voté OUI, un peu parce que mon père votait NON...
Devenir fédéraliste
Vous savez pourquoi notre génération est devenue pratiquement indifférente à la question nationale ou carrément fédéraliste?
Parce qu’on a arrêté de détester les «maudits Anglais».
En 1995, internet était à peine entré dans nos vies. En 1995, on voyageait moins qu’aujourd’hui, on était moins ouverts à ce qui venait de l’étranger.
En 1995, on pensait que les autres Canadiens nous détestaient.
On sait aujourd’hui que le Canada n’est peut-être pas un pays parfait, mais on sait aussi que les Québécois ne correspondent pas tout à fait à la définition de «peuple opprimé».
Nouvelle génération
Dans mon temps, en 1995, le Parti libéral était loin d’être le plus populaire chez les jeunes comme c’est le cas maintenant.
Et le plus grand drame pour ceux qui rêvent encore à l’indépendance en 2015, c’est de constater l’indifférence de ceux qui ont aujourd’hui 18, 19, 20 ans.
Pour eux, le nationalisme ne veut rien dire. Quand je les écoute, ils veulent sauver la planète, ils parlent de justice sociale, d’environnement.
Contrairement à nous il y a 20 ans, ils ne sont ni pour ni contre l’indépendance, ils s’en fichent tout simplement.