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JEAN-FRANÇOIS CARON
MISE à JOUR
JEAN-FRANÇOIS CARON
MISE à JOUR
À intervalles réguliers, certains commentateurs se risquent à avancer la mort prochaine du mouvement souverainiste.
Toutefois, il est vrai que le déclin constant des derniers résultats du Parti québécois et du Bloc québécois a de quoi laisser songeur.
Il est vrai que le déclin constant des derniers résultats du Parti québécois et du Bloc québécois a de quoi laisser songeur.
Cette situation nous force à nous interroger sur ce qui explique le rapprochement de plus en plus important des Québécois avec des partis fédéralistes, et ce, tant à Ottawa qu’à Québec. Je me permets une explication: la comparaison avec d’autres peuples sans État est plus qu’éclairante et montre à quel point l’éveil de la patrie semble être directement lié à un facteur politique conjoncturel, à savoir l’ouverture de la société fédérale à l’égard des demandes émanant de ses communautés nationales minoritaires. L’exemple de la Catalogne le montre d’ailleurs très bien.
Le cadenas espagnol
Jusqu’à tout récemment, les Catalans qui souhaitaient se séparer de l’Espagne étaient fort peu nombreux. Tout a changé lorsque les juges du Tribunal constitutionnel invalidèrent en juin 2010 les principales dispositions d’un statut qui visait à accorder plus d’autonomie à cette région espagnole et qui avait été appuyé quatre ans plus tôt par la population catalane dans une proportion de près de 74 % à l’occasion d’un référendum.
Cette incapacité de remettre en question les normes constitutionnelles de l’État espagnol provoqua une réaction qui permit aux indépendantistes de voir leurs appuis augmenter de manière significative. Ce fut également le cas des milieux nationalistes catalans traditionnels qui évoluèrent d’une position autonomiste vers un discours franchement sécessionniste.
En fait, l’image d’une Espagne fermée aux demandes catalanes a eu pour effet de faire disparaître du paysage politique l’option mitoyenne historiquement dominante d’un nationalisme autonomiste au profit d’une polarisation entre les tenants d’une approche indépendantiste pure et dure et ceux du maintien de liens avec le reste du pays.
Le fédéralisme canadien n’est pas parfait, mais...
Certes, à première vue, le fédéralisme canadien ne se distingue pas par son ouverture. Les échecs des accords du lac Meech et de Charlottetown le montrent bien et ont bien failli mener à l’éclatement du pays il y a 20 ans. Toutefois, lorsque l’on gratte un peu plus en profondeur, force est d’admettre que la situation n’est pas si dramatique qu’il y paraît.
Depuis 1995, le Québec a pu bénéficier d’un amendement constitutionnel qui lui a permis d’établir ses commissions scolaires linguistiques, a pu rapatrier les compétences dans le domaine de la formation de la main-d’œuvre, mettre en place un régime distinct d’assurance-emploi et a été en mesure de mettre fin (momentanément certes) au déséquilibre fiscal avec Ottawa. En somme, affirmer que le fédéralisme canadien constitue un carcan pour le Québec est quelque peu exagéré.
À moins que le nouveau gouvernement Trudeau n’en vienne à adopter une attitude de fermeture à l’égard des demandes du Québec, la stagnation de l’option souverainiste risque de perdurer encore longtemps. Tant et aussi longtemps que les Québécois verront leurs demandes être accommodées, ils continueront à s’identifier avec le fédéralisme canadien et favoriseront plutôt l’option mitoyenne de l’autonomisme.