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Mise à jour le mercredi 2 septembre 2015 à 17 h 20 HAE
Mise à jour le mercredi 2 septembre 2015 à 17 h 20 HAE
Michelle Galipeau, vérificatrice générale de la Ville de Laval Photo : Francis Labbé |
Possibles vols d'essence à même les réservoirs municipaux, manque de planification de travaux estimés pourtant à plusieurs millions de dollars, voilà ce que l'on retrouve, entre autres, dans le rapport 2014 de la vérificatrice générale de la Ville de Laval.
Laval pourrait s'être fait voler de l'essence pendant plus de trente ans. L'accès facile à ses réservoirs et le manque de contrôle de son système d'approvisionnement en carburant, pourtant dénoncé dès 1984, pourraient expliquer la consommation de carburant élevée enregistrée à certains endroits.
« On constate une consommation de 6218 litres d'essence au secteur 1A, alors qu'aucun véhicule n'est attitré au secteur. »— Michelle Galipeau, vérificatrice générale de Laval
La Ville de Laval possède 21 réservoirs de carburant. Or, seulement « quatre réservoirs étaient cadenassés », a affirmé la vérificatrice générale Michelle Galipeau lors de la présentation de son rapport annuel. « L'accès à un réservoir pétrolier non sécurisé peut entraîner un vol du contenu partiel ou entier et présente aussi un risque de vandalisme », a-t-elle affirmé.
La vérificatrice générale s'est elle-même présentée à certains réservoirs pour accéder aux pompes. « J'ai pu mettre de l'essence », a-t-elle confié. « Nous n'avons pas utilisé de véhicules aux couleurs de la Ville, nous avons envoyé des gens inconnus et nous voulions nous faire prendre. Au moins, faire l'objet d'une vérification de l'identité. Mais personne ne nous a bloqués. »
La Ville évalue à 4 millions de dollars le coût en carburant. « Il est impossible de vérifier si cet argent-là a effectivement servi à approvisionner les véhicules de la Ville », a rajouté Michelle Galipeau. Elle refuse de confirmer qu'il y a eu vol, mais affirme que c'est une éventualité.
Elle souligne par ailleurs que l'un des réservoirs ayant distribué le plus de carburant possédait un deuxième accès non verrouillé.
La direction générale de la Ville de Laval affirme avoir adopté des mesures temporaires pour contrôler l'accès à ses réservoirs et que des mesures permanentes de contrôle de la consommation de carburant seront en vigueur d'ici un an.
« Nous avons demandé au Bureau d'intégrité et d'éthique de la police de Laval de faire enquête », a ajouté le maire Marc Demers. « Je ne spéculerai pas sur l'éventualité qu'il y ait eu vol ou non. »
Arénas : à quel coût?
Autre élément soulevé par la vérificatrice générale de Laval, l'absence d'analyse sur le coût des travaux à effectuer aux arénas de la Ville. Laval compte 9 arénas qui doivent être rénovés et mis à niveau au cours des prochaines années.
La Ville de Laval a annoncé des investissements de près de 25 millions de dollars en ce sens pour rénover 5 arénas d'ici 2017, puis 14 millions supplémentaires pour rénover les 4 autres arénas. Malgré ces sommes importantes, Michelle Galipeau déplore l'absence d'inventaire des travaux à réaliser et de priorisation de ceux-ci.
« Nous n'avons pas retracé d'analyse sur les arénas afin de cibler les plus onéreux à entretenir ou qui sont les plus endommagés. Il n'existe pas de stratégie formelle d'entretien et de maintenance des arénas de la Ville », souligne-t-elle.
Marc Demers, maire de Laval (à gauche) et Serge Lamontagne, directeur général de la Ville de Laval Photo : Francis Labbé
« C'est une Ville où on ne voulait pas planifier, où on ne voulait pas de plan d'entretien préventif des infrastructures », a réagi Serge Lamontagne, le directeur général de la Ville de Laval.
Selon lui, le manque de rigueur dans la gestion de l'approvisionnement en carburant, tout comme le manque de planification des travaux d'entretien des infrastructures, témoigne de la philosophie de la précédente administration.
« C'est une Ville où on ne voulait pas planifier, on ne voulait pas de plan directeur, on ne voulait pas avoir de plan préventif. »— Serge Lamontagne, directeur général, Ville de Laval.
« Avant, le plan triennal d'immobilisation était fait à la pièce, à partir de décisions ponctuelles. Nous allons adopter, dans le prochain mois, un code de gouvernance, avec une gestion de portefeuille et une gestion sur 10 ans », a-t-il promis.
Selon Serge Lamontagne, il faudra encore quelques années avant que l'administration lavalloise ne sorte de l'influence de l'ère Vaillancourt.