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Sur le quai, au chalet, dans les Laurentides.
— « J’vais voter pour le NPD, le Bloc est mort ; j’voterai pas pour les Libs certain, pis Harper, jamais dans cent ans ! »
— « Et... le NPD, tu sais ce qu’ils offrent, leur programme ? »
— « Pas vraiment, mais faut voter pour quelqu’un, pis ce sont les plus hauts dans les sondages, donc, si on veut battre Harper... »
Petite discussion de fin d’été où personne n’a la tête à la politique, évidemment. Conversation qui témoigne aussi de la méconnaissance de certains Québécois dans les partis fédéraux, qui veut voter « du bon bord » sans trop savoir ce que ce « bon bord » veut pour le Canada, pour le Québec.
D’ailleurs, je n’en ai pas parlé de l’été moi-même. La réalité, c’est que je ne me suis jamais vraiment intéressée à la politique fédérale. Comme plusieurs, je ne me suis jamais véritablement sentie concernée par ce qui se passait à Ottawa. Je vote pour le Bloc, et si le Bloc n’existait pas, je ne voterais probablement pas au fédéral, c’est aussi simple que ça.
Évidemment, je préfèrerais de loin que le Bloc n’existe plus et que le Québec soit un pays, mais au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, ce n’est pas le cas, et ce ne devrait pas être le cas non plus dans quatre ans, lors des prochaines élections fédérales. Le Bloc a donc toute sa légitimité à Ottawa, du moins, pour les prochaines années.
Je crois par contre à la nécessité d’un parti représentant le Québec d’abord, le Québec tout court à Ottawa. Qui parle en notre voix, pour qui le Québec n’est pas qu’une province parmi d’autres, et surtout pour qui le Québec n’est pas un dossier secondaire.
Évidemment, il est compréhensible que certains, constatant que la question nationale n’est pas au programme, décident de voter en tentant de faire du Canada un pays « plus à leur image » en votant « à gauche », pour le NPD. Malheureusement, la monopolisation du débat politique sur l’axe gauche-droite devient le pire ennemi de l’indépendance du Québec, et ça, les fédéralistes l’ont très bien compris, peu importe leur parti de provenance.
Si les gens de « gauche » veulent vraiment du changement, je les inviterais bien humblement à lire les programmes des partis et à écouter attentivement les débats des chefs avant de voter pour la plus belle pancarte, la plus belle cravate ou le plus beau sondage. Si ces gens ne se reconnaissent pas dans la politique fédérale, leur choix légitime devrait être le Bloc, parce qu’ils le veulent ou non, ce n’est pas en votant Bloc qu’ils voteront pour Harper, quoi que les autres partis en disent, et s’ils veulent vraiment voter à gauche, et ne pas voter pour le Bloc pour des motifs douteux et contradictoires, je les invite à voter pour le Parti vert, un vrai parti de gauche assumé et sans ambiguïté, et qui, au moins, reconnaît le droit d’un peuple à son autodétermination.