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Publié le 27 septembre 2015 à 09h00 | Mis à jour à 09h00
Paul Gérin-Lajoie a dénoncé en des termes sans équivoque le projet du ministre François Blais, qui entend abolir les élections scolaires telles qu'on les connaît.
«S'il y a eu un grand absentéisme aux élections, c'est que, dans bien des cas, le public ne sentait pas le besoin d'exprimer son vote parce qu'il est satisfait.»Paul Gérin-Lajoie
Publié le 27 septembre 2015 à 09h00 | Mis à jour à 09h00
PHOTO PASCAL RATTHE, ARCHIVES LE SOLEIL |
Paul Gérin-Lajoie a dénoncé en des termes sans équivoque le projet du ministre François Blais, qui entend abolir les élections scolaires telles qu'on les connaît.
(Québec) Le père du ministère de l'Éducation et ancien ministre Paul Gérin-Lajoie, personnage devenu légendaire dans l'histoire du Québec, est farouchement opposé à l'abolition, par le gouvernement Couillard, des élections scolaires.
Le nonagénaire a administré une gifle magistrale au gouvernement Couillard en énonçant son opinion d'une voix ferme, alors qu'il était assis juste à côté du premier ministre. M. Gérin-Lajoie avait été célébré la veille au colloque organisé par le Parti libéral du Québec sur l'éducation.
L'événement, qui avait lieu à Saint-Lambert, a attiré près de 400 personnes, notamment bon nombre de commissaires scolaires des organisations francophones comme anglophones.
En toute fin de journée, samedi, au moment où fusaient les questions de l'assistance, M. Gérin-Lajoie s'est fait apporter un micro pour dénoncer en des termes sans équivoque le projet du ministre François Blais, qui entend abolir les élections scolaires telles qu'on les connaît. Ironiquement, M. Blais avait longuement vanté les réalisations du vétéran libéral lors de l'échange mis en scène la veille.
Assis à côté de Philippe Couillard, mi-figue mi-raisin, M. Gérin-Lajoie a d'abord exorcisé l'habituelle critique voulant que le faible taux de participation aux élections scolaire prive les commissaires de toute légitimité.
Après le tonnerre d'applaudissements et l'ovation qui ont salué cette déclaration, le premier titulaire du ministère de l'Éducation en a remis : « Je n'ai pas organisé de manifestations, mais peut-être que le bruit qu'on fait derrière manifeste l'intérêt des personnes présentes dans la salle à l'égard du système scolaire. Il existe un problème dans l'absentéisme qu'on constate, mais je pense qu'on a, selon la vieille image, jeté le bébé avec l'eau de bain », a-t-il dit.
Puis il a avancé une proposition de son cru, d'ores et déjà écartée par le gouvernement. « Il y a beaucoup d'endroits où on conjugue des élections scolaires avec les élections municipales. Le public ne veut pas être toujours en élections. Personnellement, je favoriserais un système d'élections conjuguées à des élections municipales. On me répond que les municipalités sont contre. Et puis ? », a-t-il laissé tomber, soulevant les rires dans la salle.
Fini le « suffrage universel »
Joint par La Presse en soirée, le ministre de l'Éducation, François Blais, a déclaré qu'il n'était pas question pour le gouvernement de changer d'orientation. Quand il était ministre sous Jean Lesage, M. Gérin-Lajoie avait lui aussi dû prendre des décisions qui ne faisaient pas l'unanimité, a-t-il rappelé.
Les élections au suffrage universel pour choisir les commissaires d'école ont fait leur temps, selon lui. « On veut que les parents ne se contentent plus d'un rôle d'observateurs, on souhaite qu'ils aient un pouvoir de décision », a rappelé M. Blais. Une partie des commissaires dans l'avenir seront choisis par les parents. Déjà, des comités de parents désignent des commissaires parents. Toutefois, ces derniers ne peuvent voter au sein des commissions scolaires actuelles.