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Mise à jour le vendredi 14 août 2015 à 4 h 14 HAE Reuters
Mise à jour le vendredi 14 août 2015 à 4 h 14 HAE Reuters
Le premier ministre grec Alexis Tsipras, à la Vouli Photo : Christian Hartmann/Reuters |
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a surmonté provisoirement vendredi les divisions de plus en plus marquées de son parti Syriza, en faisant adopter par les députés le troisième plan d'aide négocié en cinq ans avec les créanciers du pays.
Le scrutin a été retardé par la prolongation pendant la majeure partie de la nuit des débats à la Vouli, certains élus multipliant les recours de procédure à quelques heures seulement de la réunion des ministres des Finances de la zone euro censée donner un feu vert décisif à l'accord.
Grâce au soutien des partis d'opposition favorables au maintien de la Grèce dans la zone euro, Alexis Tsipras est parvenu sans difficulté à franchir le seuil des 151 voix nécessaires pour assurer l'adoption du texte, recueillant un total de 222 voix sur 300.
Mais 43 parlementaires, soit près d'un tiers du groupe Syriza, ont voté contre ou se sont abstenus, alors qu'ils n'étaient qu'une trentaine lors d'un vote important sur les mesures de réforme le mois dernier.
Alexis Tsipras sollicitera la confiance de la Vouli une fois que la Grèce aura remboursé une échéance de 3,2 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 août, a déclaré un responsable gouvernemental.
Et ce nouveau scrutin pourrait être bien plus délicat pour le premier ministre. Mikis Voridis, élu de Nouvelle Démocratie, le principal mouvement d'opposition, a déclaré que son parti ne voterait pas la confiance au gouvernement, ce qui pourrait conduire à la chute du cabinet Tsipras.
S'exprimant devant les députés juste avant le vote de vendredi, le premier ministre a plaidé en faveur du nouveau plan d'aide, dont le montant pourrait avoisiner 85 milliards d'euros et qui implique une hausse de la fiscalité, des coupes dans les dépenses publiques et des réformes économiques, en parlant d'un choix entre « rester en vie et le suicide ».
Tsipras assure avoir la « conscience tranquille »
« Je ne regrette pas ma décision d'avoir conclu un compromis, a dit Alexis Tsipras. Nous n'exultons pas, mais nous ne nous lamentons pas non plus après cet accord difficile. J'ai la conscience tranquille en sachant qu'il s'agit du meilleur que nous pouvions conclure au vu de l'équilibre actuel des pouvoirs en Europe et de la situation d'asphyxie économique et financière qui nous est imposée ».
Les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir à Bruxelles 15 h (13 h UTC). Leur feu vert est indispensable pour permettre le versement d'une première tranche d'aide à Athènes avant l'échéance du 20 août à la BCE.
La Commission européenne s'est quoi qu'il en soit préparée à l'éventualité d'un nouveau prêt-relais de 6,04 milliards d'euros à la Grèce dans le cas où le nouveau plan d'aide ne serait pas adopté aussi vite qu'espéré, montre un document de l'Union européenne que s'est procuré Reuters.
Sur cette enveloppe, environ 4,4 milliards d'euros pourraient être consacrés à des remboursements au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque centrale européenne (BCE), précise le document
Divisions au sein de Syriza
Du point de vue de la politique intérieure grecque, avant même le vote de vendredi matin, les débats ont illustré l'ampleur des divisions au sein de Syriza.
Le chef de file de sa branche la plus radicale, l'ex-ministre de l'Énergie Panagiotis Lafazanis, a ainsi appelé jeudi à la création d'un nouveau « mouvement » opposé au plan d'aide, menaçant implicitement de faire éclater le parti.
« La lutte contre le nouveau renflouement commence aujourd'hui, en mobilisant la population partout dans le pays », affirme un communiqué signé par Panagiotis Lafazanis et 11 autres membres de Syriza et publié sur le site Internet d'extrême gauche Iskra.
Le communiqué plaide pour la création d'un « un mouvement uni qui justifiera le désir du peuple pour la démocratie et la justice sociale », mais il n'appelle pas explicitement à la fondation d'un nouveau parti.
Les « frondeurs » de Syriza ajoutent que le gouvernement doit s'en tenir aux promesses grâce auxquelles il est parvenu au pouvoir fin janvier, à savoir la remise en cause des coupes dans les dépenses et des hausses d'impôts et de taxes qui ont eu un effet dévastateur sur l'économie ces dernières années.