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Après l’affaire du foulard de 1989 et l’affaire de la crèche Baby Loup de 2008, une nouvelle polémique concernant la laïcité secoue la France: l’affaire de la jupe.
Rappelons les faits: une collégienne musulmane de 15 ans qui réside dans les Ardennes a été sommée de quitter l’école et de rentrer chez elle, car l’établissement scolaire jugeait que la jupe qu’elle portait était trop longue et qu’elle pouvait être considérée comme un signe religieux ostentatoire.
Trop de laïcité, c’est comme pas assez...
Un excès de zèle?
Effectivement, la loi française sur la laïcité interdit aux élèves de porter «des signes et des tenues dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse». Le hic, c’est qu’elle «n’interdit pas les accessoires et les tenues qui sont portés communément par des élèves en dehors de toute signification religieuse».
Or, une jupe (trop) longue entre dans cette dernière catégorie. Ce vêtement n’est pas considéré comme un signe ostentatoire au même titre qu’un voile ou une kippa.
L’école est fautive, donc? Sa direction a fait preuve de zèle? Pas tout à fait.
La jeune fille a tenté à plusieurs reprises de se présenter à l’école avec un voile islamique. Quand on l’a sommée de l’enlever, elle est revenue à l’école en portant une jupe longue, qu’elle revendiquait elle-même comme un signe à connotation religieuse.
En s’habillant de cette façon, l’adolescente voulait sciemment provoquer les professeurs et l’administration de l’école, dit-on.
Comme la ministre de l’Éducation a souligné, ce n’est pas tant le vêtement qui pose problème que «le comportement général de l’élève».
Le New York Times scandalisé
Reste que la question demeure: jusqu’où peut-on aller pour faire respecter la loi sur la laïcité?
Pour le New York Times, qui a commenté l’histoire, l’affaire de la jupe est honteuse. La France s’est tout simplement ridiculisée.
«Dans la majorité des démocraties occidentales, la séparation de l’Église et de l’État signifie que les citoyens sont libres de pratiquer leur religion comme ils l’entendent tant qu’ils ne portent atteinte à aucun autre groupe», a écrit le comité éditorial du journal.
«En France, toutefois, la conception de la laïcité est si sévère qu’il ne s’agit plus de protéger les croyances de chacun, mais d’imposer un style de vie. Les autorités françaises doivent cesser de se cacher derrière la laïcité quand leur seul et unique but est d’imposer leur identité et leurs codes à des personnes aux racines différentes des leurs...»
Ouch! Comme dirait l’autre, ça fesse...
Les fous ont gagné
Natasha Polony, la célèbre chroniqueuse du Figaro, est d’accord avec le quotidien américain.
Pour elle, la France est en train de tomber dans un piège tendu par les islamistes, visant à faire passer la laïcité comme une «forme d’hystérie tatillonne».
«Quand on en est rendu à mesurer la longueur des jupes des élèves, de dire la chroniqueuse, c’est que les fous ont gagné!»
Bref, sur le papier, le principe de laïcité est clair, net et facile à comprendre.
Mais quand on essaie de l’appliquer, on se rend compte que le dossier est extrêmement complexe.
Qui sait? Trop de laïcité, c’est peut-être comme pas assez...