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Le 04 mai 2015 | Mise à jour le 04 mai 2015
ANTHONY VERDOT-BELAVAL AVEC AFP
© Afolabi Sotunde / Reuters |
Le 04 mai 2015 | Mise à jour le 04 mai 2015
ANTHONY VERDOT-BELAVAL AVEC AFP
L’armée nigériane a annoncé dimanche avoir libéré près de 700 femmes et enfants en moins d’une semaine dans la forêt de Sambisa, repaire de Boko Haram dans le nord-est du pays. Certains ex-otages racontent aujourd’hui leur calvaire.
Ils ont été prisonniers du groupe islamiste Boko Haram pendant de longs mois dans le nord-est du Nigeria. Aujourd'hui, les femmes racontent leur calvaire, la faim, les privations et les menaces. Tous ont été sauvés la semaine dernière des insurgés qui les retenaient dans un de ses fiefs : la forêt de Sambisa. Traumatisés et souffrant de sous-nutrition, les 700 ex-otages ont été confiés à l'Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) pour un soutien post-traumatique et une réinsertion sociale. Dimanche soir, les autorités ont annoncé avoir transféré dans un camp de déplacés 275 femmes et enfants dans la capitale de l’État d'Adamawa, Yola.
Ce lundi, l’heure est à la confession. Certaines femmes souhaitent raconter leur calvaire. L’une d’entre-elles se nomme Binta Abdullahi. Âgée seulement de 18 ans, elle avait été enlevée dans son village près de Madagali, dans le nord de l’État d'Adamawa, il y a plus d'un an. Elle a retrouvé la liberté mais d'autres ont eu moins de chance lorsque l’armée est arrivée. «Quand les militaires ont donné l'assaut au camp où nous étions détenus, nos ravisseurs nous ont dit de nous réfugier sous les arbres et buissons pour échapper aux bombardements de l'armée», a déclaré la jeune femme à des journalistes à son arrivée à Yola. «Des femmes qui s'étaient cachées sous les arbres ont été écrasées par des chars qui avançaient sans savoir qu'elles étaient là. Les combattants de Boko Haram ont été maitrisés et nous avons été sauvés. Les soldats ont alors fait monter dans des véhicules ceux qui étaient trop faibles ou malades et ont demandé aux autres de marcher derrière eux pour éviter les mines posées par Boko Haram un peu partout. Trois femmes au moins et des soldats ont été tués dans l'explosion d'une mine sur laquelle une femme avait marché», a confié, émue aux larmes, la jeune femme.
DES MARIAGES FORCÉS ET DES SÉVICES SEXUELS
Binta Abdullahi a été détenue en deux endroits différents avant d'être emmenée dans la forêt de Sambisa le mois dernier. Elle est notamment passée par le «quartier général» de Boko Haram à Gwoza, une ville du nord-est du Nigeria où le groupe a fait allégeance à l'organisation État islamique. Ses deux sœurs, également kidnappées, ont réussi à s'enfuir mais elle a choisi de rester. Binta avait recueilli trois enfants âgés de trois à quatre ans dont les mères ne figuraient pas parmi les captives. Elle ne «pouvait pas les abandonner». Son témoignage raconte ensuite les «mariages forcés», les «sévices sexuels» et les «pressions psychologiques» quotidiennes. Certaines ont même été obligées d'aller combattre sur le front. «Ils nous ont demandé d'épouser des membres de Boko Haram mais nous leur avons dit qu'il n'en était pas question parce que nous étions déjà mariées», a confié Binta à l’AFP. «Ils nous ont répondu alors qu'ils nous vendraient comme esclaves le moment venu».
Une autre femme, Lami Musa, 19 ans, originaire de Chibok, était enceinte de quatre mois lorsqu’elle a été enlevée. C'est dans ce village que le groupe islamiste a enlevé plus de 200 lycéennes l'an dernier, un rapt qui a bouleversé le Nigeria et ému bien au-delà de ses frontières. Cet enlèvement est devenu le symbole des rapts auxquels se sont livrés les insurgés qui, selon Amnesty International, ont enlevé environ 2.000 femmes depuis début 2014. Lami Musa aurait du être mariée de force après son accouchement mais par chance, comme elle le raconte, elle a été sauvée «le lendemain de son accouchement».
Ces 700 otages sont à présent en sécurité. Ils sont fatigués, traumatisés… Il faudra du temps pour effacer les plaies. De la nourriture, des matelas, des couvertures, des moustiquaires, et du savon ont été distribués aux femmes et aux enfants. Une première étape pour commencer une nouvelle vie.