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mardi, avril 28, 2015

Népal: le Canada bonifie son aide sur fond de critiques

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Publié par La Presse Canadienne le lundi 27 avril 2015 à 19h31. Modifié par Charles Payette le mardi 28 avril 2015
Népal: le Canada bonifie son aide sur fond de critiques
Christian Paradis.
OTTAWA - Le gouvernement fédéral se défend d'avoir failli à porter assistance de façon adéquate aux Canadiens se trouvant au Népal et annonce qu'il fournira des ressources additionnelles pour aider le pays à se relever du séisme survenu samedi.
Un reportage de Philippe-Vincent Foisy.
 
 
 
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Dans la foulée de la catastrophe, Ottawa s'est engagé à verser une somme équivalente aux dons faits par les citoyens à un fonds créé spécifiquement pour aider les Népalais, a annoncé lundi le ministre du Développement international, Christian Paradis.

«Pour chaque dollar admissible donné par des Canadiens à des organismes de bienfaisance enregistrés (...), le gouvernement mettra de côté un dollar», a-t-il indiqué en point de presse, précisant que cette offre, rétroactive au 25 avril, était valable jusqu'au 25 mai.

Le Canada enverra également du matériel de secours — couvertures, bâches, trousses d'hygiène, etc. — dans la région, ce qui s'ajoute aux 5 millions $ d'aide humanitaire consentis jusqu'à présent.

L'appareil C-17 qui est actuellement en route vers la région pour livrer ces articles sera également disponible pour évacuer des Canadiens, a ajouté M. Paradis, qui était accompagné de ses collègues Rob Nicholson (Affaires étrangères) et Jason Kenney (Défense) dans le foyer des Communes.

Les trois hommes ont esquivé les multiples questions sur les critiques formulées par certains ressortissants canadiens se trouvant au Népal, se contentant de dire que l'annonce de lundi montrait que le gouvernement déployait tous les efforts requis.

Le tremblement de terre de samedi, d'une magnitude de 7,8 et dont l'épicentre se trouvait près de la capitale de Katmandou, a été le pire à frapper la nation de l'Asie du Sud-Est de 31 millions d'habitants en plus de 80 ans. Il a fait plus de 4000 morts.

Au moment où la terre a tremblé, 462 Canadiens avaient déclaré s'y trouver, selon le ministère des Affaires étrangères, qui a néanmoins prévenu qu'il s'agissait là d'une estimation puisque l'inscription n'est pas obligatoire.

Selon l'épouse de Bryan Prince, un Ontarien qui se trouvait dans la capitale au moment où la terre a tremblé, le gouvernement canadien a réagi à la catastrophe de manière lamentable.

«Je suis horrifiée (par la réaction d'Ottawa); c'est le seul terme que je peux utiliser. Il n'y a absolument aucune aide», a laissé tomber Joan Keating en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, lundi après-midi.

Son mari et le frère de ce dernier, qui avaient trouvé refuge sur le terrain du consulat canadien à Katmandou, en ont été poliment chassés après deux nuits, s'est-elle désolée à l'autre bout du fil.

«On leur a essentiellement demandé de quitter le consulat en leur disant de trouver un endroit à aire ouverte, loin des immeubles, et de dormir là», a relaté Mme Keating, dont l'époux devrait finalement prendre le chemin du retour jeudi matin.

D'autres citoyens canadiens ont également critiqué la lenteur — et la timidité — de la réaction du gouvernement Harper dans la foulée de cette catastrophe naturelle.

Mais pour le ministre fédéral de la Défense, «on n'a jamais vu une réaction aussi rapide» dans une situation de la sorte.

«Il y a eu un important tremblement de terre qui a fermé l'aéroport pendant une certaine période. Je crois que les personnes raisonnables comprennent», a plaidé Jason Kenney.

Le ministre a souligné au passage que le Canada n'a pas d'ambassade au Népal, et que le consulat canadien dans ce pays attend donc du renfort en provenance de New Delhi, en Inde.

Le personnel en poste dans la capitale indienne a bien tenté de se rendre sur place pour leur prêter main forte, mais en vain, a pour sa part expliqué le ministre Nicholson.

«Ils ont tenté à deux reprises d'atterrir à l'aéroport de Katmandou, et on leur a refusé les deux fois. Mais nous sommes déterminés à faire en sorte qu'ils y arrivent», a-t-il déclaré lundi.

Il n'est pas exclu que le C-17 en route vers le Népal soit confronté au même problème, a prévenu M. Kenney.

Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, estime que les lacunes décriées par certains ressortissants canadiens sont les conséquences tangibles des compressions budgétaires imposées par le gouvernement Harper.

«Depuis des années, le gouvernement conservateur est en train de réduire nos effectifs à l'international, de couper les ambassades, de couper le nombre de diplomates qu'on a partout dans le monde», a-t-il regretté en point de presse en marge d'un discours à Ottawa.

Le gouvernement a donc rendu, au fil des ans, «un petit peu plus difficile» l'accès à des ressources canadiennes à l'international, a déploré M. Trudeau.

La porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'affaires étrangères, Hélène Laverdière, est du même avis et rappelle que le gouvernement a fermé, en 2013, son Bureau canadien de coopération (BCC) à Katmandou.

«C'est certain que s'ils avaient été là, ça aurait certainement pu aider à faire face au défi actuel», a-t-elle suggéré.

Et le résultat, aujourd'hui, c'est que les Canadiens sur place «se sentent laissés à l'abandon par le gouvernement canadien», a affirmé Mme Laverdière, signalant que des collègues députés lui avaient fait suivre des messages de concitoyens «désespérés face à la situation».

L'offre de rapatriement faite lundi par trois ministres est cependant un pas dans la bonne direction, a-t-elle reconnu.

Le gouvernement fédéral a par ailleurs eu le bon réflexe an annonçant aux Canadiens qu'il égalerait les dons faits par les citoyens, s'est réjoui Michel Léveillé, directeur général de la Croix-Rouge canadienne pour la division du Québec.

«C'est très intéressant parce que ça donne un véritable effet de levier. De toutes les initiatives faites dans le passé, le don jumelé, qu'on avait vu pour le tsunami en 2004 et lors du tremblement de terre en Haïti en 2010, le don jumelé est celle qui a eu le plus d'effet levier», a-t-il expliqué.

Pour ce qui est de l'intervention sur le terrain, la Croix-Rouge est «en train de mobiliser (son) personnel médical (...) formé pour participer au déploiement de son hôpital de campagne dans les prochaines heures, sinon dans les prochains jours», a-t-il poursuivi.