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jeudi, avril 30, 2015

La bulle souverainiste

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Christian Dufour
Quelle dureté des commentateurs la semaine dernière à l’égard de la déchirante décision de Bernard Drainville de quitter la course à la chefferie péquiste, en se ralliant au vainqueur désormais incontournable, Pierre Karl Péladeau!
Nos héroïques d’estrade auraient, semble-t-il, préféré que le député de Marie-Victorin aille au suicide politique, après avoir affaibli son parti.
Principe de réalité
Non seulement le PQ veut-il vivre son «moment Péladeau», selon la formule de Jean-François Lisée, mais la deuxième place accordée au jeune et télégénique Alexandre Cloutier confirme que la superficialité y est à l’ordre du jour.
Candidat avec le plus de crédibilité et d’expérience, Bernard Dranville était le seul qui voulait vraiment l’emporter sur M. Péladeau dans cette course, pas seulement bien se positionner pour l’avenir. Par ailleurs, les questions qu’il posait représentaient le principe de réalité dans une bulle souverainiste dangereusement déconnectée.
Sur la souveraineté et Pierre Karl Péladeau, c’était les questions que se pose la majorité des Québécois, même si la plupart des militants péquistes ne veulent pas en entendre parler: «Dans quoi M. Péladeau veut-il embarquer le PQ et les Québécois au juste? Ne serait-il en définitive pas qu’un mirage? L’enthousiasme à la Alexandre Cloutier suffit-il pour en faire l’incarnation d’un plan B crédible?»
Si l’on en juge par l’exceptionnel moment d’émotion que constitua le retrait de la course d’un Bernard Drainville ébranlé, on lui a fait savoir sans ménagement que ses questionnements étaient hors d’ordre dans une bulle souverainiste où la foi peut soulever des montagnes, mais également obscurcir le jugement des plus intelligents et des plus expérimentés.
PQ en baisse
Est-ce un hasard si le triomphe de M. Péladeau au sein du PQ correspond à une chute substantielle de popularité du parti auprès de Québécois n’adhérant pas, eux, à la foi souverainiste? Serait-ce le prix à payer pour des débats trop déconnectés des préoccupations des citoyens?
Le PQ et M. Péladeau peuvent être reconnaissants à ces péquistes pas totalement prisonniers du mythe du sauveur, ces Bernard Drainville, Sylvain Gaudreault et d’autres qui acceptent de rester dans le navire, en se ralliant pour l’heure au vainqueur plébiscité par les troupes.
Car ce sera tout un défi que de diriger ce parti décrédibilisé par sa tendance à faire passer ses obsessions avant la réalité. L’aile gauche est réfractaire aux idées présumées de droite du nouveau chef, pendant que les identitaires y côtoient les non identitaires, les indépendantistes pressés les indépendantistes moins pressés.
Une bulle souverainiste trop décollée peut se transformer en balloune facile à péter, comme l’a montré l’effondrement du Bloc québécois en 2011!
Le PQ a besoin de ceux qui ont été capables de faire savoir, avant leur ralliement au nouveau chef, que leur foi souverainiste et leur loyauté au parti ne les empêchaient pas de garder les deux pieds sur terre, contrairement à la majorité de leurs collègues.