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Réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires
À quelques heures de l’échéance, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) réitère à Ottawa de surseoir à sa décision unilatérale d’appliquer au Québec, dès le 30 avril, les changements au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Cette décision risque de nuire à l’économie québécoise, tant chez les entreprises qui embauchent des travailleurs qualifiés que chez celles qui ont recours aux travailleurs étrangers peu qualifiés. Elle doit donc être reconsidérée le temps de trouver une formule qui sera avantageuse à la fois pour l’économie du pays et la compétitivité des entreprises.
Il faut comprendre que les changements annoncés par le gouvernement fédéral au Programme pour les travailleurs étrangers temporaires ont pour objectif d’inciter à l’embauche de main-d’œuvre locale pour lutter contre le chômage, en restreignant le nombre de travailleurs étrangers au pays. Nous appuyons cet objectif, mais il faut aussi tenir compte de la réalité des entreprises.
Des conséquences potentiellement catastrophiques
Dans plusieurs secteurs, les employeurs du Québec sont aux prises avec de sévères difficultés de recrutement. Pour pallier cette situation, plusieurs entreprises investissent massivement dans la formation, mais se voient néanmoins obligées de recruter ailleurs dans le monde pour compléter leurs effectifs. Avec le temps, plusieurs travailleurs étrangers s’installent définitivement au Québec pour exercer leur profession: cela permet d’atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre.
Les conséquences de l’application du PTET pourraient être catastrophiques pour de nombreux secteurs économiques de toutes les régions du Québec, autant dans des domaines de pointe en pleine expansion que dans différents types d’emplois requérant moins de qualifications.
Des impacts dommageables
En limitant drastiquement le recours aux TET, en alourdissant considérablement le fardeau administratif des employeurs ayant recours au programme, en les obligeant à des demandes répétitives pour un même poste alors que le besoin est démontré, en haussant démesurément les frais qu’ils doivent assumer, en réduisant la durée de validité des permis de travail à un an – alors que la formation de ces travailleurs exige temps et argent –, et en menaçant d’appliquer des amendes à des montants excessifs, les nouvelles mesures, telles que constatées dans le reste du pays, auront des impacts dommageables pour un grand nombre d’entreprises qui composent avec des pénuries de main-d’œuvre.
Ces mesures ne fournissent aucun moyen aux entreprises pour pourvoir plus facilement leurs postes vacants. Elles ne font que limiter leur capacité à répondre à la demande de leurs clients. Les travailleurs étrangers temporaires sont indispensables au fonctionnement des entreprises au sein desquelles ils œuvrent. Les nouvelles mesures ne mettent pas seulement ces emplois en péril, mais menacent aussi l’emploi des Québécois qui y travaillent.
Nous enjoignons donc au gouvernement fédéral de surseoir immédiatement à la mise en œuvre de la réforme du PTET au Québec et nous invitons les deux gouvernements à intensifier les discussions afin de corriger cette situation.
Françoise Bertrand, O.C., C.Q., Présidente directrice-générale, Fédération des chambres de commerce du Québec