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jeudi, mars 31, 2016

RETRAITE Promesse tenue a son prix

http://www.ledevoir.com/politique/canada/

31 mars 2016 |Jean-Robert Sansfaçon
Comme promis, le premier budget du gouvernement Trudeau présenté la semaine dernière est venu annuler la décision prise en 2012 par Stephen Harper de reporter de 65 à 67 ans l’âge pour percevoir la Sécurité de la vieillesse. Une bonne décision qui comporte un prix.

La prestation de Sécurité de la vieillesse (SV) constitue la base de la pyramide des revenus de retraite au Canada. Fixée à 6846 $ par année à l’heure actuelle, elle est indexée et versée à tous les Canadiens à partir de 65 ans.
 
Contrairement au régime des rentes (second étage de la pyramide) auquel seuls les travailleurs qui cotisent ont accès, la pension de SV est donc universelle. Mais quiconque gagne plus que 71 600 $ de revenus individuels dans une année doit en rembourser une partie l’année suivante, jusqu’à l’annuler complètement à 116 000 $.
 
Depuis 2013, il est possible de retarder le moment de recevoir la pension, auquel cas celle-ci est bonifiée de 7,2 % par année jusqu’à un maximum de 36 % atteint à 70 ans. Une option avantageuse pour qui travaille passé 65 ans.
 
À l’époque où il était ministre des Finances, le libéral Paul Martin avait voulu modifier le programme pour en réduire les coûts en modulant la pension en fonction des revenus du couple et non plus des individus. Cela aurait annulé son caractère universel, atteint à l’indépendance financière des femmes et transformé la SV en un gros programme d’aide sociale auquel seuls les plus pauvres auraient eu accès. Faute d’appui, il a fait marche arrière.
 
En 2012, Stephen Harper a voulu, à son tour, s’y attaquer en reportant de deux ans l’âge de la pension à partir de 2023. Encore là, l’objectif était de réduire les coûts dans un contexte où les gens vivent plus vieux et où on tente de les inciter à travailler plus longtemps.
 
Selon l’évaluation des conservateurs, la réforme allait faire économiser 10 milliards par année à l’horizon 2030.
 
Ce faisant, Ottawa aurait cependant fait grimper le taux de pauvreté de 6 % à 17 % chez les 65 et 66 ans, les privant non seulement de la SV, mais aussi du Supplément de revenu garanti (SRG) qui s’ajoute au montant de base chez les ménages les plus pauvres. Du coup, les provinces auraient vu leurs propres dépenses d’aide sociale exploser pour cette tranche d’âge.
 

Dans un rapport publié en 2012, le Directeur parlementaire du budget à Ottawa prévoyait que le gouvernement fédéral aurait la marge de manoeuvre nécessaire à long terme pour maintenir l’âge de la retraite à 65 ans. Cependant, son analyse tenait pour acquis qu’Ottawa maintiendrait une autre décision prise à l’époque, celle de limiter la hausse annuelle des transferts aux provinces en santé à la croissance du PIB au lieu des 6 % consentis par Paul Martin.
 
Cette nuance invite à croire que le gouvernement Trudeau ne sera pas pressé de rehausser le transfert en santé de façon importante et durable comme les provinces le demandent. Car s’il est vrai qu’il y aura de plus en plus de vieux, qu’ils vivront plus longtemps et que cela pèsera lourdement sur les coûts de la santé, ce sont ces mêmes facteurs qui imposeront un poids supplémentaire au plus gros programme fédéral qu’est la Sécurité de la vieillesse.
 
Selon les dernières données disponibles, les coûts de la SV qui sont entièrement couverts par les recettes fiscales passeront de 45,6 milliards à 60 milliards d’ici cinq ans, puis à 100 milliards en 2030, soit 3 % du PIB au lieu de 2,3 % aujourd’hui.
 
C’est beaucoup d’argent, et cela fait dire à certains que le gouvernement a agi de façon précipitée. Mais notre filet de sécurité sociale et celui des retraites sont construits en fonction d’un âge cible de 65 ans difficile à déplacer à moins de revoir la totalité du système. De toute façon, il existe aujourd’hui plusieurs moyens efficaces pour inciter les gens à repousser volontairement le moment de partir. En maintenant le statu quo, on évite que des milliers de personnes passent entre les mailles du filet.
 
Cela dit, le statu quo ne suffit pas. À partir d’aujourd’hui, il faut s’assurer que tous, les plus démunis mais aussi cette fameuse classe moyenne à laquelle M. Trudeau nous renvoie continuellement, disposeront de revenus de remplacement suffisants pour leurs vieux jours. Car si la SV est la base de la pyramide, le régime des rentes et les régimes d’entreprises en constituent les étages les plus importants. Or, c’est à ce niveau que le bât blesse et qu’il faut intervenir.

mardi, avril 14, 2015

Infirmières: un exode pire qu’en 1997?

http://www.ledevoir.com/societe/

À cause des intentions de Québec, 7500 infirmières songeraient à prendre leur retraite d’ici trois ans

13 avril 2015 |Daphnée Hacker-B. | Santé
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent
Photo: Jacques Nadeau
Le Devoir
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent
La moitié des infirmières de 50 ans et plus songent à raccrocher leur stéthoscope d’ici trois ans si Québec persiste avec son intention de modifier leur régime de retraite. Ce scénario d’« exode » fait craindre le pire aux organisations syndicales et aux gestionnaires du milieu de la santé, qui se remémorent les quelque 4000 infirmières ayant quitté le réseau en 1997, et qui ont laissé derrière elles une pénurie qui se fait encore sentir.
 
Selon un coup de sonde mené pour le compte de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), 7500 infirmières « menacent » de partir à la retraite d’ici trois ans, soit la période où les changements au fonds de pension entreraient en vigueur. La FIQ a dévoilé ces résultats dimanche, alors que les négociations sont en cours avec le Conseil du trésor pour le renouvellement de la convention collective des 65 000 membres de l’organisme, qui représente plus de 80 % du corps infirmier québécois.
 
« Ce que nous présentons ce n’est pas de la frime. […] Il y a une réelle volonté des infirmières de quitter. Et si le gouvernement s’obstine, il va rendre le réseau de la santé encore plus malade et mettre en péril la qualité et la sécurité des soins aux patients », a déclaré Régine Laurent, présidente de la FIQ. Chiffres à l’appui, elle fait valoir que la moitié des 600 infirmières sondées veulent partir en retraite d’ici trois ans à cause des concessions exigées par Québec. Trois critères font particulièrement grincer des dents les professionnelles : repousser l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, augmenter la pénalité applicable pour une retraite anticipée et réviser le calcul de prestation en se basant sur la moyenne des huit meilleures années, et non des cinq.
 
Selon les calculs de la FIQ, les changements souhaités par le gouvernement Couillard se traduiraient par de lourdes pertes de revenus de retraite. Par exemple, dans le cas d’une infirmière de 58 ans détenant 31 années de service, la perte s’élèverait à 9500 $ par année. Les infirmières sondées sont déjà bien conscientes des « risques d’appauvrissement », affirme Mme Laurent, puisque les deux tiers de celles ayant exprimé le désir de partir ont affirmé avoir entrepris des démarches auprès de la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances pour devancer leur départ et éviter les pénalités.
 
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, n’a pas voulu commenter les résultats du sondage.
 
Une répétition de 1997
 
Le vice-président de la FIQ, Daniel Gilbert, craint de voir se concrétiser le départ de quelque 7500 infirmières au cours des trois prochaines années. À son avis, la situation serait « pire »qu’en 1997, quand le gouvernement de Lucien Bouchard avait mis sur pied un programme de départs volontaires à la retraite au sein de la fonction publique. « Le réseau sent encore les impacts de cette pénurie [...]», soupire-t-il, ajoutant que depuis ce temps, le recours aux heures supplémentaires est devenu systématique.
 
Du côté des gestionnaires des réseaux de la santé, les craintes sont grandes. « Ça va devenir un casse-tête infernal pour offrir les soins, la qualité du réseau est plus que mise à mal, elle est menacée », lance Diane Lavallée, directrice de l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), association patronale qui a dû se saborder, faute de financement. L’organisme mettra la clé sous la porte le 31 mai prochain. Mme Lavallée n’est pas seulement inquiète de l’avenir des gestionnaires, mais aussi des infirmières qui resteront en poste. « Déjà, on observe de nombreux congés de maladie pour cause de surmenage et d’excès de stress… Qu’est-ce que ce sera dans trois ans ? »
 
Il faut prendre les chiffres de la FIQ avec « un grain de sel », croit pour sa part Pierre Blain, directeur général du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU). « Ils sont en négociation, c’est de bonne guerre de brandir des chiffres qui font peur », ajoute-t-il, évaluant que la situation est bien différente de celle de 1997, où on offrait des indemnités de départ. M. Blain estime que les deux parties doivent trouver le moyen de s’entendre. Il propose l’inclusion d’une clause de droits acquis, qui permettrait aux infirmières en fin de carrière d’éviter les nouvelles pénalités. « Il faut être prudent, car ce genre de décision pourrait aussi décourager la relève », dit-il.

Les départs à la retraite influencés par les mesures proposées
61% des infirmières se sont dites influencées par la mesure faisant passer l’âge de la retraite de 60 à 62 ans à compter de 2017.

71% craignent de voir Québec augmenter la pénalité pour une retraite anticipée de 4 à 7,2% par année.

64% expliquent leur décision par la volonté gouvernementale de changer le calcul de la prestation, qui se baserait sur la moyenne salariale des huit dernières années plutôt que des cinq.

Le sondage possède une marge d’erreur maximale de plus ou moins quatre points de pourcentage.