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dimanche, octobre 11, 2015

Élections Canada 2015 Les visages couverts se multiplient dans les bureaux de vote

http://ici.radio-canada.ca/sujet/

Mise à jour le samedi 10 octobre 2015 à 18 h 44 HAE
Un jeune homme s'est présenté au bureau de vote par anticipation portant un masque.
Un jeune homme s'est présenté au bureau de vote par anticipation portant un masque.  Photo :  Radio-Canada

Sacs de patates, cagoules, masques de clown, etc. : des électeurs du Québec usent de nombreux moyens pour protester contre le vote à visage couvert dans les bureaux de scrutin. Une employée d'Élections Canada a même quitté son poste à l'arrivée d'un électeur voilé.
Danielle Drolet, qui agissait comme greffière dans un bureau de vote de Québec, raconte avoir perdu son sang-froid. « C'est trahir un peuple que de vivre à visage couvert. Quand quelqu'un m'arrive à visage couvert de même, c'est une agression directe contre et contre les personnes qui sont devant. [...] C'est un viol contre la laïcité contre ce que nous sommes. Ça dit carrément "ce que tu es, je ne le veux pas". »
Mais la personne qui était devant elle ne portait pas le niqab. Elle s'était seulement voilée en guise de protestation.
Ils sont de de plus en plus nombreux à se jouer du système, dit l'agente de liaison pour Élections Canada dans la région de Québec, Monique Garcia.
« J'en ai eu cinq dans la journée d'hier, mais aujourd'hui dans Louis-Saint-Laurent, il y a beaucoup de madames qui viennent avec [de faux] voiles pour voter. Il y en a eu quatre ce matin en l'espace d'une heure, puis la première a dit : ''vous en aurez d'autres cet après-midi''. »
Mme Garcia se désole que ces personnes ralentissent ainsi le processus, en devant prêter serment à défaut de vouloir montrer leur visage.
« Ce n'est pas une manière de protester en utilisant les électeurs normaux qui veulent voter. C'est retarder le vote, c'est faire attendre les personnes âgées, les madames avec les poussettes, tout le monde. Si on veut protester, je pense qu'il y a d'autres moyens », dit-elle
Dans Laurier-Sainte-Marie, à Montréal, un électeur a mis un masque au moment d'exercer son devoir de citoyen. Malgré les délais qu'entraîne la procédure du vote avec le visage couvert, les électeurs qui faisaient la file étaient plutôt favorables à cette forme de protestation.
Le débat s'est aussi étendu à la rue. Un Montréalais a revêtu une burqa pour protester contre l'islam. Son message a interpellé une jeune musulmane qui passait par là. L'échange a été musclé.

Une page Facebook qui encourage les électeurs à voter à visage couvert a maintenant plus de 9000 inscrits, qui ont signifié leur intention de suivre la consigne.
L'une des trois instigatrices de cette page, Caroline Leclerc, accuse la classe politique de ne pas être au diapason de l'opinion publique. « Ce qu'on dit à notre gouvernement, c'est qu'il y a une loi qui permet de voter à visage couvert qui, selon nous, ne représente pas nos valeurs de démocratie et nos valeurs d'égalité homme femme. On leur demande d'aller déposer un projet de loi qui va rectifier le tir. »
« Ce n'est pas les gens qui vont voter avec un sac à patates ou un autre déguisement sur la tête qui sont ridicules. Ce qui est ridicule, c'est que nos lois permettent de le faire, et là, on va le dénoncer. »— Caroline Leclerc

Réactions politiques partagées
Le chef libéral Justin Trudeau ne s'offusque pas des moyens pris par certains pour protester contre le vote à visage couvert. « Je suis juste content de voir autant de gens voter, qu'ils votent comme ils veulent », a-t-il commenté, lors d'un arrêt à Iqaluit.
En l'absence du chef conservateur samedi, le ministre sortant des Finances, Joe Oliver, qui tenait un point de presse à Toronto, été questionné sur le sujet. Affirmant ne pas être au courant du mouvement, il a toutefois jugée que, de toute façon, le niqab n'est « pas important pour la plupart des Canadiens ».
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, le seul à demander que le vote se fasse à visage découvert, n'est toutefois pas d'accord avec la tactique des protestataires, la jugeant incohérente. « Ça envoie un mauvais message, dit-il. Nous sommes contre le vote à visage voilé comme l'est unanimement l'Assemblée nationale. Donc, quand on est contre quelque chose on ne fera pas exactement la même chose qu'on dénonce.
Présente à un rassemblement à Montréal, la chef du Parti vert, Élisabeth May, s'en est prise au chef conservateur pour son instrumentalisation du voile. « C'est vraiment affreux que M. Harper ait divisé la population du Canada avec un enjeu inutile, une question marginale. »
Quand au chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, il a refusé de commenter l'affaire, préférant se réjouir du nombre élevé de votes par anticipation. 
La loi fédérale permet aux électeurs de voter à visage couvert depuis 2007. Ils peuvent aussi voter par la poste.
Un vote par anticipation très couru

Quelque 850 000 personnes ont voté par anticipation vendredi au Canada. Il s'agit d'une hausse de 26 % par rapport à 2011 (673 000 personnes) et de 90 % comparativement à 2008 (448 000 personnes).

mardi, septembre 08, 2015

Élections Canada 2015 La démocratie canadienne est-elle malade?

http://ici.radio-canada.ca/sujet/

Le jour se lève sur la colline du Parlement, à Ottawa. (26-06-15)
Le jour se lève sur la colline du Parlement, à Ottawa. (26-06-15) 
Photo :  Radio-Canada

La démocratie canadienne est-elle malade? Près de 25 millions de Canadiens seront appelés aux urnes le 19 octobre. Mais que vaut leur vote?
Un texte de Sophie Langlois au TéléjournalTwitterCourriel
La légitimité du Parlement est affaiblie, selon Jean-Pierre Kingsley, qui a dirigé Élections Canada pendant 17 ans, par un système parlementaire qui accorde trop de pouvoirs au premier ministre. La discipline de parti, imposée par le Bureau du premier ministre, étoufferait les débats.
« On s'approche du moment où on pourra dire que la légitimité du Parlement est entachée. »— Jean-Pierre Kingsley, ancien directeur d'Élections Canada

Tous les mardis, du 8 septembre au 6 octobre, le Téléjournal se penche sur les enjeux fondamentaux auxquels fait face le Canada, alors que la campagne électorale bat son plein. Cet article est le premier d'une série de cinq. Le reportage de Sophie Langlois sera diffusé mardi soir, à 22 h, à ICIRadio-Canada Télé.
« Le rôle du député a été réduit et ça coûte cher à notre démocratie. Quand, de nos jours, voit-on un député se tenir debout et prononcer un discours qui va à l'encontre de la ligne dictée par le parti? »
La taille du Conseil privé, le ministère au service du premier ministre, a plus que doublé en 40 ans. Jean Chrétien est celui qui a le plus engraissé le Conseil privé, qui est passé de 576 à 886 fonctionnaires de 1995 à 2005. Stephen Harper est le seul à avoir réduit ses effectifs, de 886 à 778.
Pour voir l'évolution du Conseil privé sur votre appareil mobile, cliquez ici.
Quels sont les rôles respectifs du Bureau du premier ministre et du Conseil privé?

Le Bureau du premier ministre (ou Cabinet, CPM) : considéré comme l'une des institutions les plus puissantes du pays, le CPM comprend le premier ministre, ainsi que ses plus proches collaborateurs et conseillers. En plus d'assurer la liaison avec la presse, le CPM suggère des candidatures aux nombreuses nominations par décret, comme la direction des Sociétés d'État, les juges de la Cour suprême et le gouverneur général. Le CPM est dirigé par le Chef du cabinet, actuellement Ray Novak.

Le Bureau du Conseil privé (ou BCP) : il s'agit de l'organisme central de la fonction publique qui appuie le premier ministre ainsi que le Cabinet et ses structures décisionnelles. Contrairement au CPM, le BCP donne des conseils impartiaux et objectifs basés sur l'expertise de la fonction publique et en concertation avec les ministères du gouvernement fédéral ou des gouvernements provinciaux. Le BCP est dirigé par le greffier du Conseil privé.
La discipline de parti, de plus en plus rigide
Le sénateur conservateur à la retraite Hugh Segal, qui a aussi été directeur de cabinet de Brian Mulroney, a osé voter quelques fois contre des projets de loi du gouvernement Harper.
Mais il juge que la discipline de parti est effectivement devenue trop rigide au Canada. « Notre système y gagnerait s'il y avait plus de liberté en place », estime-t-il.
« Cela dépend de la personnalité des chefs. En ce moment, aucun ne tolère la dissidence. Ni les néo-démocrates, ni les libéraux, ni le Parti conservateur. »— Hugh Segal

Pour celui qui dirige maintenant le Collège Massey de l'Université de Toronto, il faut absolument modifier le mode de scrutin. « Il faut avoir un système où le vote de chacun compte. À mon avis, c'est la faiblesse la plus sérieuse de notre démocratie. »
Les projets de loi mammouth critiqués
Les projets de loi omnibus, qui permettent au gouvernement de modifier d'un coup des dizaines de lois sans étude sérieuse ni débat mine aussi la légitimité du Parlement, selon Jean-Pierre Kingsley.
« Dans ces fameux projets de loi budgétaires omnibus, qui peuvent avoir 450 pages, il y a toutes sortes de modifications importantes qui ne sont pas reliées au budget, déplore l'observateur. On touche aux lois sur l'immigration, sur les Autochtones, la loi électorale, ça échappe au rôle des parlementaires, qui votent sans connaissance de cause. »
« Si les députés ne savent pas sur quoi ils votent, ça veut dire que moi, l'électeur, je ne compte plus dans le système. »— Jean-Pierre Kingsley

Limiter le poids de l'argent dans les campagnes
Nos deux experts jugent aussi que le prochain gouvernement devra modifier la loi sur les élections à date fixe, afin de contrôler les dépenses qui sont faites sans limites, en période préélectorale. « Si on accepte une influence trop sérieuse de l'argent, dit M. Segal, on est en train de dire que la politique c'est seulement pour ceux qui sont riches. Si on fait ça, on crée des divisions entre les classes économiques et sociales, ça peut être très, très négatif pour l'avenir du Canada. »
Quelles sont les promesses des partis?
Radio-Canada a demandé à chaque parti ses engagements sur différentes questions : accès à l'information, réforme du Sénat, droit de parole des fonctionnaires, etc. Voici leurs réponses.
Pour voir les promesses des partis sur votre appareil mobile, cliquez ici.