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vendredi, mars 31, 2017

OTAN: le secrétaire américain exige que l'Europe dépense plus

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Publié le 31 mars 2017 à 16h12 | Mis à jour à 16h12
Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a exigé de... (Photo Virginia Mayo, REUTERS)
Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a exigé de l'Europe qu'elle «augmente» ses dépenses et investissements militaires d'ici à 2024.
PHOTO VIRGINIA MAYO, REUTERS
NICOLAS REVISE
Agence France-Presse
BRUXELLES
Pour ses premiers pas à l'OTAN, le secrétaire d'État Rex Tillerson a mis la pression vendredi sur ses alliés européens pour qu'ils dépensent plus pour leur défense afin de préserver le lien transatlantique.
À Bruxelles, le nouveau chef de la diplomatie américaine a également condamné l'«agression» russe contre l'Ukraine, Moscou dénonçant en retour une «calomnie» de l'Alliance atlantique.
M. Tillerson a passé à peine cinq heures à sa première réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l'OTAN, au moment où les Européens s'inquiètent pour leur sécurité depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, perçu comme isolationniste.
Les États unis, première puissance militaire mondiale - avec un budget que leur président veut porter en 2018 à 639 milliards de dollars - assurent 68% des dépenses de défense cumulées des membres de l'OTAN.
Depuis des années, les Américains se plaignent de trop contribuer «au fardeau financier» de l'Alliance par rapport aux Européens. À la suite de son prédécesseur Barack Obama, Donald Trump réclame donc que chaque pays de l'Alliance consacre à sa défense au moins 2% de leur PIB.
Les Européens s'y étaient engagés sur dix ans lors d'un sommet de l'OTAN au Pays de Galles en 2014. Seuls cinq pays y sont parvenus.
«Accélérer les efforts»
Dès son arrivée à Bruxelles, le discret Rex Tillerson a exigé de l'Europe qu'elle «augmente» ses dépenses et investissements militaires d'ici à 2024.
«Les alliés qui n'ont pas de programmes concrets pour dépenser 2% du PIB en matière de défense d'ici à 2024 doivent les mettre en place maintenant. Ceux qui ont un programme pour atteindre 2% doivent accélérer leurs efforts et produire des résultats», a martelé l'Américain.
Les chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN doivent approuver cet objectif lors de leur sommet, avec le président Trump, le 25 mai à Bruxelles. Il faut «que d'ici à la fin de l'année tous les alliés aient rempli leurs engagements ou mis en oeuvre des programmes qui précisent clairement comment» y arriver, a insisté M. Tillerson.
Car, a-t-il prévenu, «les États-Unis ne peuvent plus maintenir une part disproportionnée des dépenses de défense de l'OTAN». Pour Washington, elles représentent 3,6% de son PIB.
Sans véritables moyens de pression sur les Européens, Rex Tillerson a averti que «la capacité de l'Alliance pour la sécurité (...) transatlantique en dépendait».
Son homologue britannique Boris Johnson, dont le pays est l'allié historique des États-Unis et qui a atteint les 2%, a réclamé que l'OTAN soit «correctement financée».
L'Allemagne fulmine
En revanche, l'Allemand Sigmar Gabriel a fulminé contre un objectif «irréaliste». Lorsque Donald Trump avait reçu mi-mars la chancelière Angela Merkel, il avait accusé Berlin de devoir d'«énormes sommes d'argent» à l'OTAN et à Washington.
L'Allemagne avait sèchement démenti.
De son côté, le Français Jean-Marc Ayrault a mis en garde contre la tentation «de faire des dépenses pour faire des dépenses».
C'est l'avis aussi du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg qui a souligné que les Européens et le Canada avaient dépensé «dix milliards de dollars» de plus en 2016. Il a demandé de «poursuivre sur cette dynamique», vantant une Alliance aussi «vitale» pour l'Amérique que pour l'Europe.
Le sommet de l'OTAN du 25 mai à Bruxelles sera le premier déplacement de Donald Trump en Europe. Il y verra des alliés troublés par ses déclarations fracassantes sur le «merveilleux» Brexit et sur l'OTAN «obsolète».
Mais Rex Tillerson a assuré que «le président et le Congrès des États-Unis soutiennent l'OTAN», comme depuis sa création en 1949.
«Occupation russe»
Après des années glaciales entre l'administration Obama et le Kremlin, Donald Trump a maintes fois plaidé pour un rapprochement avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Toutefois, à propos du conflit ukrainien, Rex Tillerson s'est montré vendredi aussi ferme vis-à-vis de Moscou que son prédécesseur John Kerry sous l'ère Obama.
Après une rencontre entre le chef de la diplomatie de Kiev, Pavlo Klimkine, et l'OTAN, il a condamné «l'agression de la Russie en Ukraine», son «hostilité» en Europe de l'Est et son «occupation» en Crimée, qui «compromettent notre vision commune d'une Europe libre et en paix».
La diplomatie russe a répondu en accusant l'OTAN d'instrumentaliser «le mythe de la «menace russe»» et «la calomnie de «l'agression russe»» pour maintenir l'unité de ses membres.

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