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Publié le 11 février 2017 à 17h24 | Mis à jour le 12 février 2017 à 15h46
Publié le 11 février 2017 à 17h24 | Mis à jour le 12 février 2017 à 15h46
PHOTO AFP |
Agence France-Presse
MEXICO
MEXICO
En pleine crise diplomatique entre Mexico et Washington, des milliers de Mexicains manifestaient dimanche contre le président américain Donald Trump et son projet de construire un mur à la frontière.
Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont commencé à envahir la principale avenue de la capitale mexicaine à l'appel d'entreprises, d'organisations civiles et d'universités.
«Le Mexique, on le respecte, Mr Trump» pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête de cortège.
«Nous sommes ici pour que Trump voit et sente comment tout un pays, uni, se lève contre lui et ses idioties xénophobes, discriminatoires et fascistes. Le Mexique ne sera pas son esclave», déclare à l'AFP Julieta Rosas, une étudiante en littérature, portant un chandail représentant le président américain affublé d'une moustache à la Hitler.
«Nous sommes tous des migrants, nous sommes unis. C'est le moment de construire des ponts, pas des murs», souligne Jose Antonio Sanchez, âgé de 73 ans, défilant avec sa nièce de 9 ans.
Ce mouvement de protestation lancé sur les réseaux sociaux à travers le mot-clé VibraMexico (Vibre, Mexique) avait lieu également à Guadalajara (ouest), la deuxième plus grande ville du pays, et une vingtaine d'autres localités se préparaient à faire de même.
«Il est temps que, nous, les citoyens, nous unissions nos forces et nos voix pour manifester notre rejet et notre indignation face aux intentions du président Trump, tout en cherchant des solutions concrètes au défi que celles-ci impliquent», ont déclaré les organisateurs dans un communiqué.
Cet appel survient au moment où les États-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies.
Montée en puissance pendant la campagne du candidat républicain, qui avait traité certains Mexicains de «criminels», de «violeurs» ou de «bad hombres» («mauvais hommes») et accusé d'autres de voler les emplois des Américains, cette crise a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de M. Trump, le 20 janvier.
Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale, et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé le président mexicain Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier.
Le président républicain veut également renégocier, voire abroger, l'Accord nord-américain de libre-échange (Aléna), trop favorable selon lui aux intérêts mexicains.
Depuis, les deux hommes se sont parlé au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l'impasse.
«Nouvelle réalité»
Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington mercredi.
Il s'est félicité d'une «bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive» avec le nouveau secrétaire d'État américain Rex Tillerson, annonçant à des médias hispanophones que le ministre américain irait «au Mexique dans les prochaines semaines».
Mais dans le pays, la colère persiste et ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola et à manifester son patriotisme, par exemple en mettant le drapeau mexicain comme photo de profil sur internet, se sont multipliés.
L'administration Trump s'est engagée à accélérer l'expulsion des immigrants illégaux.
Ainsi, le renvoi jeudi au Mexique de Guadalupe Garcia de Rayos, une femme de 35 ans, mère de deux enfants nés aux États-Unis, a suscité des manifestations devant les bureaux de l'immigration, ont rapporté des médias américains.
Ce renvoi s'est produit au lendemain d'une visite de routine que Mme Garcia de Rayos avait effectuée auprès des autorités migratoires à Phoenix, dans l'Arizona.
En réaction, le gouvernement mexicain a invité ses ressortissants à «prendre des précautions et à rester en contact avec le consulat le plus proche pour recevoir l'aide nécessaire face à une situation de ce type».
«Le cas de Mme Garcia de Rayos met en lumière la nouvelle réalité que vit la communauté mexicaine sur le territoire américain avec des mesures de contrôle migratoire plus strictes», a souligné le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le président Peña Nieto s'est engagé à verser 50 millions de dollars aux consulats mexicains aux États-Unis afin d'apporter une aide juridique à ses concitoyens vivant dans ce pays.