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Publié le 10 janvier 2017 à 06h47 | Mis à jour à 06h47
Le port de la burqa reste un phénomène extrêmement marginal au Maroc, pays tiraillé entre modernité et conservatisme, dont le roi Mohammed VI se veut le chantre d'un islam modéré, et où une majorité de femmes portent le simple hijab (qui ne couvre que les cheveux).
Publié le 10 janvier 2017 à 06h47 | Mis à jour à 06h47
PHOTO FAYAZ AZIZ, ARCHIVES REUTERS |
Agence France-Presse
RABAT
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Mettant en avant des raisons sécuritaires, les autorités marocaines ont interdit la fabrication et la vente de la burqa, ce voile intégral musulman à l'afghane rarement porté par des femmes au Maroc.
Selon la presse locale, le ministère de l'Intérieur a diffusé une circulaire à ses agents responsables des commerces dans les villes leur enjoignant de ne plus autoriser la confection et la commercialisation des burqas à compter de cette semaine.
Aucune annonce officielle ou communication publique sur le sujet n'a cependant été faite par ce ministère.
Le port de la burqa reste un phénomène extrêmement marginal au Maroc, pays tiraillé entre modernité et conservatisme, dont le roi Mohammed VI se veut le chantre d'un islam modéré, et où une majorité de femmes portent le simple hijab (qui ne couvre que les cheveux).
La burqa est à l'origine le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en Afghanistan, où il avait été rendu obligatoire par les talibans. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et le corps, un grillage dissimulant les yeux.
Au Maroc, c'est le niqab, voile intégral qui ne laisse voir que les yeux, qui est porté par certaines femmes, en particulier dans les milieux salafistes. Cette tenue est davantage répandue dans les régions plus conservatrices du nord du pays, d'où sont originaires des milliers de jihadistes partis combattre en Syrie et en Irak, et les petites villes.
Dès lundi, des agents de l'Intérieur ont mené des «campagnes de sensibilisation auprès des commerçants» de Casablanca, la capitale économique du pays, «pour les informer» de l'interdiction de la burqa, indique le site Médias 24.
À Taroudant (sud), le pacha (haut fonctionnaire administratif) a ordonné à des commerçants qui fabriquent et confectionnent des burqas de liquider leur stock dans les 48 heures, et de stopper toute fabrication et commercialisation de ce vêtement à l'avenir, selon un document qui circule sur les réseaux sociaux, largement repris par les médias.
Le même ordre a été donné par le pacha de la petite ville de Ouislane (centre-nord) qui a qualifié la burqa de «niqab afghan».
«Nous avons pris la mesure d'interdire totalement l'importation, la fabrication et la commercialisation de ce vêtement dans toutes les villes et localités du royaume», a indiqué au site Le360 un «responsable de haut rang au ministère de l'Intérieur».
Cette décision serait motivée par des raisons sécuritaires, «des malfrats ayant à maintes reprises utilisé ce vêtement pour perpétrer leurs crimes», toujours selon la presse.
Et le niqab?
L'annonce de l'interdiction de la burqa a jusqu'à présent suscité des réactions limitées. Devant le mutisme des autorités, certains commentateurs s'interrogeaient sur la portée de cette décision, tandis que des salafistes s'inquiétaient de son extension au niqab.
«Est-ce que le Maroc se dirige vers l'interdiction du niqab que les musulmanes portent depuis cinq siècles?», s'est offusqué sur son compte Facebook Hassan Kettani, un cheikh salafiste. «Si c'est vrai, ce serait une catastrophe», a-t-il estimé.
Pour un militant de la nébuleuse salafiste, interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat, «des milliers de Marocaines portent le niqab. Cette décision est un premier pas vers son interdiction et elle va provoquer une scission au sein dans la société», a-t-il affirmé.
Hammad Kabbadj, un prédicateur dont la candidature aux législatives d'octobre avait été invalidée, a jugé qu'il était «inacceptable de défendre aux citoyennes de porter le niqab oriental, comme d'interférer dans sa commercialisation». Il a ironisé sur Facebook sur le «Maroc des libertés et des droits de l'Homme» qui «considère le port du maillot occidental sur les plages comme un droit intouchable».
Pour la députée et ancienne ministre de la Femme Nouzha Skalli, l'interdiction de la vente de la burqa est au contraire «un pas important dans le combat contre l'extrémisme religieux».
Contrairement à la France, la Belgique ou encore les Pays-Bas, aucune loi n'interdit, dans le royaume chérifien, le port du voile islamique intégral dans des lieux publics.
Le Conseil supérieur des Oulémas, une instance officielle chargée d'appuyer la politique religieuse musulmane du pays, ne s'est à ce jour jamais prononcé sur la question de l'interdiction du voile intégral
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