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Tribune libre de Vigile
vendredi 15 avril
Le chef se sent-il menacé ?
Jean Charest serait-il le cerveau du système libéral ?
Jean Charest a dit. « J’ai été à la tête d’un gouvernement honnête et intègre ». « Renaud Lachance, un des commissaires, a bien dit « qu’il n’y avait pas de lien entre l’attribution de contrats et le financement politique ». M. Charest soutient l’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau, accusée de fraude, d’abus de confiance et de corruption. « C’est une personne que je connais depuis longtemps et en qui j’ai confiance, toujours confiance », a-t-il lancé. Même chose pour un autre ministre de son époque, Sam Hamad, en qui il a « toujours confiance ».
Jean Charest est le premier à savoir que son gouvernement n’a pas été honnête et intègre. La preuve serait longue à faire. Quand l’ex-premier ministre affirme que son gouvernement a été pendant neuf ans « honnête et intègre », comme j’ai décrit les nombreux mensonges de Jean Charest (voir « Les huit mensonges de l’homme de Paul Desmarais » en avril 2106, sur Vigile) ma réaction spontanée, c’est de citer Voltaire : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. » Et Niezsche. « Ce qui me bouleverse, ce n’est pas que tu m’aies menti, c’est que désormais, je ne pourrai plus te croire. »
Alors pourquoi Jean Charest a-t-il fait sa déclaration puisqu’il sait qu’il a dit une fausseté ? Avant de répondre à cette question, voyons comment l’ex-premier ministre est en contradiction avec lui-même. A l’époque, devant les pressions de l’opposition et de la société civile qui demandaient une commission d’enquête indépendante sur l’industrie de la construction suite à la publication du Rapport Duchesneau qui révélait que les infrastructures au Québec coûtaient 30% trop cher à cause de la collusion et de la corruption, Jean Charest refusait en disant qu’il fallait laisser travailler les enquêteurs de l’UPAC, qu’il ne fallait pas contaminer la preuve et nuire aux témoins.
Or voilà que l’UPAC a fait son travail dans le cas de Nathalie Normandeau et l’a accusée de fraude, d’abus de confiance et de corruption. Elle subira son procès. Jean Charest rejette ce travail de la police du revers de la main et exprime sa confiance envers l’ex-vice-première ministre. Il est ainsi en contradiction avec lui-même.
Il faut se placer au point de vue politique et pas seulement juridique. L’UPAC a constitué une preuve juridique qui justifie des accusations au criminel. Au niveau politique, Jean Charest est responsable. C’est lui qui a imposé un objectif de 100,000$ par année à collecter pour la caisse électorale du PLQ pour chaque ministre et de 150,000$ pour cinq ministres dont Nathalie Normandeau et Sam Hamad. Cette exigence a conduit à ce que Robert Lafrenière, patron de l’UPAC, a appelé « un système » qui lie des contrats à des dons à la caisse électorale du PLQ. Comme disait Jonathan Valois, (ancien député de Joliette pour le PQ) à Denis Lévesque : « Dans Joliette, il n’y avait personne qui donnait 3,000$ au PQ. Quant tu donnais 3,000$ au PLQ, tu t’attendais à quelque chose en retour. » (exemple ; un permis de garderie…)
Jean Charest est le responsable politique de ce système qui supposait l’usage illégal des prête-noms sur une grande échelle. Sous Jean Charest, l’application de ce système a donné des millions de dollars dans la caisse du PLQ. (De 2003 à 2010 inclusivement, les dons de 200$ et plus ont rapporté 54.5 millions au PLQ. Source : site web du DGEQ)
Parlant de responsabilité, on se souvient que quand elle a démissionné, Nathalie Normandeau a souligné que Jean Charest était son mentor. Il faut tirer les conséquences de cette affirmation. Ce qui lui est reproché, elle l’a fait avec la bénédiction de son mentor.
Mais puisque l’affirmation de Jean Charest que son gouvernement a été honnête et intègre n’a rien à voir avec la vérité, pourquoi l’a-t-il faite ? Il a ajouté qu’il avait toujours confiance en Nathalie Normandeau. Pourquoi ? Qu’un avocat qui est redevenu simple citoyen dise qu’il a confiance en son ex-première ministre n’a aucune signification. Sinon pour l’amadouer afin qu’elle ne fasse pas trop de réponses compromettantes pour lui pendant son procès. En effet, pour éviter une peine trop lourde, Nathalie Normandeau pourrait se mettre à table et faire des liens entre le système Normandeau-Lortie-Marc Yvan Côté, le 150,000$ à ramasser et le cerveau derrière ce système, c’est-à-dire Jean Charest et son bras droit Marc Bibeau. Jean Charest essaie de se protéger en faisant les déclarations que l’on sait parce qu’il se sent menacé. Il se sent menacé personnellement avec raison car si l’UPAC accuse Marc Bibeau, Jean Charest pourrait bien être dans l’eau bouillante.
Après avoir tout fait pour que la commission Charest-Charbonneau ne fasse pas au PLQ ce que la Commision Gomery avait fait au PLC, Jean Charest, par intérêt personnel, essaie de sauver la marque libérale provinciale sérieusement dévalorisée par ses neuf ans de pouvoir. Il essaie aussi de rendre service à son ex-ministre de la santé devenu premier ministre.
Lors de l’arrestation de Nathalie Normandeau, l’UPAC a dénoncé un système. Le duo Jean Charest-Marc Bibeau est responsable politiquement de ce système. Cela est une évidence.
Mais Philippe Couillard n’a rien vu puisqu’il vient de déclarer : « Un gouvernement honnête et intègre, moi, pendant les années où j’étais à ce gouvernement-là, je n’ai jamais rien vu d’autre que ça. »
En annexe, pour rafraîchir la mémoire des sceptiques.
Dans le « Journal de Montréal », sous le clavier de Jean-Louis Fortin du 6 avril 2016, on peut lire :
« Politique
LE PLQ PLUS VULNÉRABLE À LA CORRUPTION
Le Parti libéral est le parti provincial le plus vulnérable à la corruption, estime un professeur de l’Université de Montréal qui a étudié les dons faits aux partis provinciaux.
« On peut dire ce qu’on voudra, mais dans les témoignages à la commission Charbonneau, c’est le PLQ qui a été le plus éclaboussé par les allégations de corruption. Ceci est un fait objectif », a affirmé hier le professeur Denis Saint-Martin, qui avait été invité par l’UPAC hier pour dresser un portrait de la lutte à la corruption.
« Les entreprises donnent toujours plus aux libéraux. Même quand le PQ est au pouvoir, comme ce fut le cas jusqu’en 2003, il ne reçoit rien de comparable à ce que les libéraux reçoivent quand ils sont augouvernement », a ajouté le professeur Saint-Martin. ».
« On peut dire ce qu’on voudra, mais dans les témoignages à la commission Charbonneau, c’est le PLQ qui a été le plus éclaboussé par les allégations de corruption. Ceci est un fait objectif », a affirmé hier le professeur Denis Saint-Martin, qui avait été invité par l’UPAC hier pour dresser un portrait de la lutte à la corruption.
« Les entreprises donnent toujours plus aux libéraux. Même quand le PQ est au pouvoir, comme ce fut le cas jusqu’en 2003, il ne reçoit rien de comparable à ce que les libéraux reçoivent quand ils sont augouvernement », a ajouté le professeur Saint-Martin. ».
Dans « Le Devoir » du 17 mars 2016, sous la plume de Marie-Michèle Sioui.
Le système libéral
« Pas moins de sept personnes, dont les ex-ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, ont été arrêtées jeudi par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) pour leur implication présumée dans des stratagèmes criminels impliquant des activités frauduleuses de financement politique.
Les arrestations ont eu lieu peu après 6 h dans la région de Québec, en Gaspésie et dans Charlevoix au terme d’une enquête « marathon ».
Les ex-libéraux Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté et Bruno Lortie, les anciens dirigeants de Roche Mario W. Martel et France Michaud, de même qu’Ernest Murray et François Roussy, liés au Parti québécois, font face à un total de 13 chefs d’accusations criminelles pour des infractions commises entre les années 2000 et 2012 et liées à des fraudes envers le gouvernement, de la corruption, des complots, de l’abus de confiance et de la fabrication et l’usage de faux documents.
« Ces infractions sont graves, car non seulement elles sont en violation de la loi, elles mettent en péril les principes mêmes de la démocratie et de la bonne gestion des biens communs », a réagi le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, lors d’un point de presse. « Il est injuste et inéquitable d’utiliser les contrats publics comme outil politique et il est également intolérable d’utiliser le pouvoir de son influence pour favoriser des élections. Il en va de la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et leurs institutions. » Un aspect systémique, selon l’UPAC
La rafle de l’UPAC est le fruit de la fusion des enquêtes Joug et Lierre. La première émane du scandale de l’usine d’eau de Boisbriand et concerne le financement politique au Parti libéral du Québec et au Parti québécois, tandis que la seconde concerne le financement au Parti libéral. « Étant donné la finalité des stratagèmes utilisés et la nature des acteurs impliqués à certaines périodes et ce, durant plusieurs années, nous avons fusionné les deux enquêtes afin de démontrer l’aspect systémique des stratagèmes », a expliqué l’inspecteur André Boulanger, responsable de la Direction des enquêtes sur la corruption de l’UPAC.
Les arrestations ont eu lieu peu après 6 h dans la région de Québec, en Gaspésie et dans Charlevoix au terme d’une enquête « marathon ».
Les ex-libéraux Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté et Bruno Lortie, les anciens dirigeants de Roche Mario W. Martel et France Michaud, de même qu’Ernest Murray et François Roussy, liés au Parti québécois, font face à un total de 13 chefs d’accusations criminelles pour des infractions commises entre les années 2000 et 2012 et liées à des fraudes envers le gouvernement, de la corruption, des complots, de l’abus de confiance et de la fabrication et l’usage de faux documents.
« Ces infractions sont graves, car non seulement elles sont en violation de la loi, elles mettent en péril les principes mêmes de la démocratie et de la bonne gestion des biens communs », a réagi le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, lors d’un point de presse. « Il est injuste et inéquitable d’utiliser les contrats publics comme outil politique et il est également intolérable d’utiliser le pouvoir de son influence pour favoriser des élections. Il en va de la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et leurs institutions. » Un aspect systémique, selon l’UPAC
La rafle de l’UPAC est le fruit de la fusion des enquêtes Joug et Lierre. La première émane du scandale de l’usine d’eau de Boisbriand et concerne le financement politique au Parti libéral du Québec et au Parti québécois, tandis que la seconde concerne le financement au Parti libéral. « Étant donné la finalité des stratagèmes utilisés et la nature des acteurs impliqués à certaines périodes et ce, durant plusieurs années, nous avons fusionné les deux enquêtes afin de démontrer l’aspect systémique des stratagèmes », a expliqué l’inspecteur André Boulanger, responsable de la Direction des enquêtes sur la corruption de l’UPAC.
L’inspecteur Boulanger a qualifié d’« agressif » le concept de développement des affaires appliqué par la firme Roche qui approchait des membres influents du gouvernement pour l’obtention de « contrats. »
Robert Barberis-Gervais, Vieux-Longueuil, 16 avril 2106
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