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lundi, février 15, 2016

Pétrolia réagira aux propos de Couillard sur Anticosti

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Les installations de Pétrolia sur l'île d'Anticosti
Les installations de Pétrolia sur l'île d'Anticosti  Photo :  Radio-Canada

La compagnie Petrolia fera le point cet après-midi sur le dossier de l'exploration des hydrocarbures sur l'île d'Antiscosti, au sujet duquel le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, ne cache plus son opposition depuis plus de deux mois.
Selon nos informations, la pétrolière n'entend pas annoncer une poursuite contre Québec, une manœuvre qui serait prématurée dans la mesure où le contrat qui la lie au gouvernement n'a pas été formellement annulé.
Le contrat prévoit jusqu'à nouvel ordre que trois tests de fracturation hydraulique auront lieu cet été sur l'île pour déterminer comment le pétrole et le gaz naturel qui s'y trouvent pourraient être extraits du sol.
Ces tests requièrent cependant l'obtention d'un certificat environnemental. Pétrolia a déposé des documents pour obtenir cette autorisation, mais Québec n'a pas encore donné sa réponse.
La semaine dernière, M. Couillard a expliqué que les fonctionnaires impliqués dans le dossier devront tenir compte de ses récentes déclarations dans l'analyse qu'ils feront des impacts environnementaux. « Ils feront ce qu'on leur dira », a-t-il dit dans un point de presse.
Québec est actionnaire du projet d'exploration et d'exploitation gazière et pétrolière sur Anticosti à 35 %, par l'intermédiaire de Ressources Québec. Pétrolia, Corridor Ressources et Saint-Aubin détiennent chacune 21,7 % des parts.
Couillard les multiplie les déclarations contre le projet
Depuis le mois de novembre, Philippe Couillard ne rate pas une occasion de faire savoir que le projet d'exploration lui déplaît.
« Je n'ai jamais pris la décision d'investir à Anticosti », a-t-il plaidé, fin novembre, à l'émission Les Coulisses du pouvoir. « J'ai été pris avec le bébé quand je suis arrivé au gouvernement. Je ne l'aurais pas fait parce que je suis préoccupé par un milieu naturel de cette qualité-là. »
Environ une semaine plus tard, il a répété ces propos depuis la conférence internationale sur le climat de Paris.
« Je n'ai aucun enthousiasme pour les hydrocarbures », avait-il dit. « Je pense qu'ils [les représentants entreprises pétrolières québécoises] doivent décoder que je n'ai pas d'enthousiasme pour développer les hydrocarbures au Québec. L'avenir du Québec ne repose pas sur les hydrocarbures. Absolument pas. »
Le PDG de Pétrolia, Alexandre Gagnon, disait alors avoir compris que le gouvernement Couillard allait « respecter les ententes sur le programme d'exploration des hydrocarbures » ce qui constituait une « bonne nouvelle ». Il déplorait tout de même que le premier ministre fasse « de la politique sur le dos de ce projet à Paris.
Deux jours plus tard, M. Couillard en a néanmoins remis. « Le seuil à partir duquel ce projet [Anticosti] deviendrait acceptable est excessivement élevé », a-t-il dit. « L'avenir du Québec, c'est pas là qu'on va le trouver ».
Pétrolia critique des propos « hautement préjudiciables »
En entrevue à Radio-Canada le 21 décembre, Philippe Couillard a souligné les risques de procéder à des forages avec fracturation hydraulique sur Anticosti.
« Est-ce que vous connaissez un exemple de fracturation hydraulique sur une île dans un golfe comme le golfe du Saint-Laurent? Moi, je n'en connais pas. Le moment de rencontre et de vérité approche », a-t-il affirmé.
Dans un communiqué publié ce même jour, Pétrolia a fait savoir « qu'elle entend respecter et faire respecter intégralement les ententes qui la lient à ses partenaires et qu'elle s'attend à ce que le gouvernement du Québec fasse preuve du même respect à l'égard des contrats conclus et de ses engagements. »
« Contrairement à ce qui a été dit par le premier ministre, il n'y a rien dans les ententes qui donne au gouvernement du Québec le droit de se retirer ou de se soustraire à ses obligations », a souligné la compagnie.
« Les déclarations publiques du gouvernement à l'effet qu'il n'entend pas respecter ses engagements contractuels sont sérieuses et hautement préjudiciables » ajoutait la compagnie. « Ces déclarations sont également irréconciliables avec les résultats très favorables obtenus à ce jour dans le cadre du programme d'exploration. »
Le PQ et la CAQ tombent sur Couillard à bras raccourcis
Il y a dix jours, le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, est allé dans le même sens que son premier ministre, en soulignant que l'exploitation du pétrole devrait se faire sur une période beaucoup trop longue - 75 ans - pour être profitable tant sur les plans économique qu'environnemental.
« L'accroissement de la production se produirait en 2040, alors qu'en 2050, on doit réduire nos gaz à effet de serre de 80 %. Est-ce que vous pensez que ça peut avoir beaucoup de sens? » a-t-il lancé à des journalistes.
Les chefs du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec reprochent pour leur part au gouvernement Couillard de vouloir briser le contrat d'exploration pétrolière sur Anticosti.
« Ce même gouvernement qui prétend être le parti de l'économie veut renier sa signature et pousser les investisseurs vers la sortie », a soutenu le chef péquiste Pierre Karl Péladeau la semaine dernière. Selon lui, les Québécois devront assumer une pénalité de 200 millions de dollars si le contrat est annulé.
Le chef de la CAQ, François Legault, a pour sa part accusé le gouvernement d'être « irresponsable » en refusant d'aller au bout de l'exercice de fracturation hydraulique avant de prendre sa décision sur l'exploitation pétrolière. Il prévient lui aussi que les Québécois devront payer une pénalité en cas d'annulation du contrat.