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Mise à jour le lundi 25 janvier 2016 à 15 h 56 HNE Radio-Canada avec La Presse Canadienne
Mise à jour le lundi 25 janvier 2016 à 15 h 56 HNE Radio-Canada avec La Presse Canadienne
Fustigé par plusieurs politiciens de l'Ouest canadien pour s'être opposé au projet Énergie Est de la société albertaine TransCanada, le maire de Montréal, Denis Coderre, ne bat pas en retraite. Mais les partisans de l'industrie pétrolière non plus.
Ce dossier « nuit à l'unité du pays », a affirmé la chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, lundi, jour de rentrée aux Communes.
L'ouest du pays a besoin de l'appui du reste du Canada alors qu'il traverse une période difficile avec la chute du prix du pétrole, a-t-elle plaidé, trouvant « malheureux » que M. Coderre « insulte les Albertains » et s'oppose à « un pipeline qui n'a même pas encore été construit ».
« Ce n'est pas dans l'esprit de la Confédération. Ce n'est pas dans l'esprit de l'unité nationale. Ce n'est pas dans l'esprit des Canadiens, qui offrent toujours leur aide quand les gens sont en difficulté. »— Rona Ambrose, chef du Parti conservateur par intérim
Assurant ne pas vouloir jeter de l'huile sur le feu, elle l'a pourtant exhorté de considérer le projet de TransCanada en se basant sur la « science » au lieu de faire de la « pure politique locale », en référence à une pointe lancée par l'ancien ministre libéral la semaine dernière.
Elle a invité M. Coderre et les autres maires de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui ont opposé un « non » retentissant à TransCanada jeudi dernier, à visiter l'ouest du pays pour avoir l'heure juste. La pétrolière veut acheminer du brut de l'Alberta vers le Nouveau-Brunswick en passant par le Québec.
Rappelons que le pipeline du projet Énergie Est devrait transporter 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux chaque jour.
La carte de l'oléoduc Énergie-Est. Photo : ICI Radio-Canada
À ses côtés, son collègue Gérard Deltell a lui aussi plaidé en faveur de ce dossier « important pour l'économie canadienne ».
« Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour bien l'expliquer et bien le faire comprendre », a soutenu le député de Louis-Saint-Laurent.
« Si on regarde juste uniquement au Québec, pour la construction, on parle de plus de 3000 emplois qui sont directement créés, en plus de presque un milliard de dollars d'investissements dans une économie qui est fragile. Ce type d'impact là peut être très positif », a-t-il argué.
La chef conservatrice a de plus demandé au premier ministre Justin Trudeau de s'impliquer dans le dossier. « Nous avons besoin de leadership sur cet enjeu qui nuit à l'unité du pays », a-t-elle lancé. Le chef libéral a toujours soutenu qu'il reviendrait aux Canadiens de déterminer de l'acceptabilité sociale des projets.
En campagne électorale, il a promis de revoir les processus d'évaluation environnementale, mais l'évaluation d'Énergie Est suit actuellement son cours selon les anciens paramètres.
Coderre persiste et signe
Opposé au projet d'Énergie Est, le maire Denis Coderre a répondu à ses critiques.
De son côté, le maire de Montréal est demeuré intraitable devant la pluie de critiques, essentiellement dans l'Ouest canadien, qui s'est abattue sur lui ces derniers jours.
« Ma job, ce n'est pas juste politic is local. On vient de signer une entente à Paris à COP-21, où on travaille contre les gaz à effet de serre. Le changement climatique, c'est un dossier qui est essentiel, qui est prioritaire. [Le secrétaire général de l'ONU] Ban Ki-moon a dit qu'il il n'y a pas de plan B à la planète et, là, on va venir me dire : "Ah vous êtes contre l'économie". Non. »
« On n'a pas pris de décision contre les Albertains et les gens de Saskatchewan. On a fait un travail de rigueur », a-t-il soutenu en marge d'une annonce sur les nouveaux arrivants.
Il a accusé TransCanada, « une compagnie très arrogante qui ne veut pas nous parler », de ne pas avoir fait ses devoirs, dénonçant entre autres l'absence de plan de contingence.
« Prenez-vous-en à la compagnie qui n'a pas fait son travail! »— Denis Coderre, maire de Montréal
« C'est l'équivalent de 260 terrains de football » qui doit traverser des cours d'eau, des boisés et des milieux humides le long de « 110 kilomètres sur notre territoire ».
Évoquant « 33 jobs et au plus 2 millions de dollars aux municipalités par année », il a réitéré que le projet comportait trop de risques pour des retombées économiques négligeables.
« On n'est pas les seuls qui s'opposent », a-t-il souligné. Vous avez la même réalité du côté de la Colombie-Britannique [avec le projet Northern Gateway d'Enbridge et celui de Trans Mountain de Kinder Morgan]. Ce n'est pas unanime en Ontario non plus ».
« On n'est pas contre les oléoducs », a-t-il déclaré en entrevue à Ici Radio-Canada Télé, rappelant qu'il avait accordé son soutien à Enbridge lorsque la pétrolière avait voulu inverser la canalisation 9B entre North Westover, en Ontario, et Montréal.
Or, a-t-il dit, il y a d'importantes différentes entre TransCanada et Enbridge, qui « respectait les conditions de base » pour que son projet aille de l'avant, notamment la mise en place d'un plan de contingence en cas d'imprévu.
Le maire de Montréal avait également rencontré le président Endbridge. « On a travaillé ensemble », a-t-il argué.
Depuis sa sortie la semaine dernière, le chef du parti albertain Wildrose, Brian Jean, a accusé le maire Coderre d'hypocrisie. « Vous pouvez déverser des eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, accepter des navires-citernes étrangers et des avantages de la péréquation et rejeter nos pipelines », a-t-il écrit-il sur Twitter.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, est allé jusqu'à dire que le Québec devrait rembourser ses paiements de péréquation.
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